Premier témoin cité par l’accusation dans le procès d’Harvey Weinstein, Annabella Sciorra, actrice des Soprano, a raconté aux jurés son viol. Le glaçant récit d’une nuit d’horreur qui ne peut que fragiliser la défense du producteur.
Mercredi 22 janvier 2020 s’ouvrait le procès d’Harvey Weinstein à New-York. Sous les yeux des médias du monde entier, l’ancien roi d’Hollywood accusé de viols et agressions sexuelles a écouté les interventions des plaignantes dont l’actrice des Soprano Annabella Sciorra. Le quotidien Le Parisien revient sur le témoignage de l’actrice de 59 ans, qui, citée à comparaitre comme premier témoin par l’accusation a livré le récit de son viol dont les faits sont prescrits. Son témoignage demeure néanmoins capital en vue de consolider le récit des deux autres plaignantes et mettre en évidence les procédés utilisés par l’accusé pour abuser de ses victimes.
C’est vêtue d’une longue et élégante robe bleue que la comédienne s’est posément et précisément exprimée. Visage crispée et voix vacillante, elle a relaté ce dîner professionnel à New-York en 1993 ou 1994 auquel assiste également Harvey Weinstein. Le connaissant peu mais le trouvant "gentil", elle accepte sa proposition de la déposer à son appartement. Une fois rentrée et prête à aller se coucher, elle entend frapper à la porte. Débute une nuit d’horreur pour l’actrice : "Je n’ai pas eu le temps de comprendre, il a poussé la porte et est entré". Elle est seule ce qu’il constate "Je lui ai dit de partir, qu’il n’allait rien se passer !". Harvey Weinstein ne compte pas en rester là. Il l’attrape par le col, la conduit dans la chambre et la précipite sur le lit "Je me suis débattue. Je lui ai donné des coups de pied, mais je ne faisais pas le poids… Il me tenait les poignets… Il s’est mis sur moi. Et il m’a violée." démontrant de quelle façon le producteur l’avait fermement maintenue pour qu’elle ne puisse lui opposer aucune résistance.
Annabella Sciorra : "Ca, c’est pour toi"
Difficile pour Annabella Sciorra de ne pas se sentir mal à l’aise lorsque la procureure Joan Illuzzi-Orbon la somme de fournir plus de détails. Reprend la narration de sa nuit d’effroi, elle poursuit "Il a pris son pénis et l’a mis dans mon vagin. A la fin, il a éjaculé sur ma chemise de nuit" accompagnant son acte d’une vantardise, claironnant à sa victime savoir "exactement quand (s)e retirer" puis enchainant sur un cunnilingus, un "cadeau" pour sa victime qui continue de protester vainement. "Ça, c’est pour toi" aurait-il ainsi lancé d’un œil gourmand. Dans les semaines qui suivent, l’actrice se repli chez elle, rongée par la honte et la culpabilité. Elle sombre dans l’alcool, se scarifie jusqu’à couvrir un mur de son sang. Son agresseur, la star va le recroiser quelques semaines plus tard dans un restaurant. Elle tente alors d’obtenir des explications : cuisant échec. D’un ton cynique et menaçant, le producteur la rembarre d’un "Ah ! Ces filles catholiques, toutes les mêmes…" Harvey Weinstein encourt la prison à vie pour viols et agressions sexuelles.
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