Quand ils arrivent au Fouquet’s, les invités sont encore sonnés. La 45ème cérémonie des César s’annonçait sous tension, celle-ci aura duré toute la soirée. Dans la salle Pleyel, pendant trois (longues) heures, tout aura été presque calme. Trop calme. Malgré la pénurie de remettants, Florence Foresti, maîtresse de cérémonie, a relevé le défi. Jusqu’au César du meilleur réalisateur décerné à Roman Polanski pour J’accuse. « La honte » : Adèle Haenel a immédiatement quitté la salle Pleyel, furieuse, en compagnie de Céline Sciamma, Noémie Merlant, et de l’équipe du film Portrait de la jeune fille en feu (uniquement récompensé par le César de la meilleure photo pour Claire Mathon). Certains ont applaudi. D’autres sont également partis. Un immense malaise, que le César du meilleur film pour Les Misérables, de Ladj Ly, a à peine atténué. Florence Foresti, elle, n’est pas remontée sur scène. Quelques instants plus tard, elle postait un unique mot dans une story Instagram : « Écoeurée. »
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La joie des « Misérables »
La maîtresse de cérémonie ne s’est pas montrée au Fouquet’s, où se déroule traditionnellement le dîner post-cérémonie. Pas plus que de nombreuses actrices. Et peu à peu, les invités ont commencé à arriver, agrippant avec soulagement la coupe de champagne qu’on leur tendait. Chiara Mastroianni, réquisitionnée à l’improviste (ou en tout cas, au tout dernier moment) pour remettre un prix pendant la cérémonie, cherchait un peu de calme et son ami Melvil Poupaud. JR, accompagné de Rosalie Varda, n’a pas quitté ses lunettes pour dénicher l’escalier conduisant à l’étage. Peu à peu, des éclats de métal se sont mis à briller : les lauréats des César sont arrivés, récompense sous le bras. Laissant, malgré tout, paraître leur joie. Pierre Gagnaire, chef étoilé des lieux, a fait mine, hilare et bras ouverts, de vouloir subtiliser un trophée. Lyna Khoudri, meilleur espoir féminin, et Anaïs Demoustier, meilleure actrice, souriaient. Rassemblée sur deux grandes tables ovales, toute l’équipe des Misérables savourait sa victoire (meilleur espoir masculin, meilleur film et meilleur montage). L’ovation saluant l’arrivée de Ladj Ly, son réalisateur, a enfin fait l’effet d’une bouffée d’air frais. Un peu plus loin, à la table de La Belle Époque, Fanny Ardant n’a mangé que la moitié de son filet de poisson pendant qu’elle était en grande conversation avec sa voisine Doria Tillier.
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Une soirée en demi-teinte
Des trophées, toujours des trophées : Roshdy Zem, meilleur acteur, a doucement posé son menton sur le sien, qu’il a laissé trôner sur la table. Flora Volpelière, la monteuse des Misérables, s’est servie du sien comme support pour son portable. Damien Bonnard est sorti fumer, une costumière a parcouru la salle pour inonder les invités de baisers. Une fois le café et le dessert servis, à 3 heures du matin, c’est sous les huées des manifestantes encore présentes à l’extérieur du Fouquet’s que les invités sont partis. Le collectif 50/50, qui milite pour la parité au cinéma, organisait une contre-soirée, ailleurs dans Paris. La nuit s’est poursuivie, étrange et douce-amère. Mélange inédit de champagne, de joies et de colère.
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