Mêlant enquête policière et improvisation théâtrale, ces jeux de rôle cartonnent un peu partout en France. Décryptage d’un succès.
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Presque centenaire, le concept a repris un coup de jeune. Nées dans les années 1930 dans des hôtels de luxe de la côte sud de l’Angleterre, les « murder parties » font de plus en plus d’émules. Le principe: au cours de la soirée, un meurtre est commis, et les participants doivent enquêter et s’interroger pour débusquer le coupable, qui bien sûr est l’un d’entre eux… « Comme dans un Cluedo, il faut trouver le meurtrier mais il y a aussi une large part d’improvisation théâtrale: chacun doit se glisser dans la peau de son personnage, remplir des objectifs personnalisés (cacher son passé, faire signer un contrat de mariage, dérober des objets…), explique Justine, chef de projet chez 10storsions. « Une semaine avant l’événement, chaque participant reçoit sa « fiche personnage » qui récapitule son histoire, ses liens avec les autres, ses objectifs et bien sûr son rôle dans le meurtre ». Souvent organisées dans des châteaux ou des manoirs, les « murder parties » réunissent 10 à 40 participants costumés, pour quelques heures placées sous le signe du suspense et de la convivialité. A la différence des espace games qui enchaînent les énigmes à résoudre dans un temps imparti, ces séances de jeu laissent une large place à la créativité de chacun, à l’alchimie du groupe. « Même si le scénario reste le même, la « murder party » est différente à chaque fois: l’ambiance dépend énormément des participants, poursuit Justine. Nous sommes là aussi pour relancer la soirée si besoin, en distillant de nouveaux indices, en remettant un personnage au centre de l’intrigue. » Anniversaires, enterrements de vie de jeune fille, fiançailles… Organisées parfois pour célébrer des moments importants de la vie, ces soirées- enquête séduisent aussi de plus en plus d’entreprises, à la recherche de « team buildings » basées sur l’originalité et la coopération. « Lorsque nous avons débuté, en 2000, seules les start-up faisaient appel à nous. Aujourd’hui, nous avons énormément de grandes entreprises parmi nos clients », assure Alain Parrot, directeur d’ABCrime qui organise, chaque année, une centaine de « murder parties corporate » réunissant de 10 à 300 salariés dans des lieux parfois prestigieux (le train historique de l’Orient-Express, le Château de Dracula, à Bran, en Roumanie) « Ce qui plait, c’est le côté très immersif, qui permet de s’évader ensemble dans un univers différent, poursuit-il. C’est l’occasion de vivre un temps fort en équipe, de se découvrir différemment. » Un moment d’exception qui, assurent les participants, reste longtemps gravé dans les mémoires… Et ces jeux de rôle grandeur nature peuvent aussi s’organiser entre amis, grâce à des scénarios à télécharger en ligne (crimesetsecrets.com, murder2000.com…).
« Dans la peau d’une princesse russe » Laura, 20 ans
J’ai aimé sortir de ma zone de confort pour jouer à être quelqu’un d’autre: une princesse russe ruinée, lors d’une murder party inspirée de la série « Les Chroniques de Bridgerton » . Le cadre était merveilleux: un magnifique château rose, un parc illuminé, un beau buffet, et même un valet pour annoncer les plats. C’est amusant de créer des alliances pour piéger ceux que l’on soupçonne, de distiller des ragots: on a vraiment l’impression de vivre la série par procuration.
« Le plaisir de l’enquête, sans pression » Octavie, 22 ans
Dans la murder party à laquelle j’ai participé, je jouais une experte en art lors de fouilles archéologiques au Pérou. J’ai aimé mener l’enquête, élaborer des stratégies… et me faire berner par le meurtrier et son complice qui avaient bien caché leur jeu! Contrairement aux escape game, il n’y a pas de stress: c’est détendu, bon enfant.
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