Après deux années passées à défendre R. Kelly, Joycelyn Savage, l’une des compagnes du chanteur incarcéré pour violences sexuelles sur mineures, témoigne aujourd’hui contre lui. Elle reconnaît notamment être l’une de ses «victimes».
C’est un soulagement pour la famille de Joycelyn Savage. Depuis plus de deux ans, les parents de cette jeune femme de 24 ans faisaient des pieds et des mains pour tenter de défaire leur fille de l’emprise de R. Kelly. Après la publication en juillet 2017 de la longue enquête de Buzzfeed, qui révélait que le chanteur de 52 ans était à la tête d’une «secte sexuelle» dans laquelle il séquestrait de nombreuses jeunes femmes -pour la plupart mineures- sous sa domination totale, Joycelyn Savage s’était exprimée à plusieurs reprises dans la presse pour le défendre. «Je ne suis pas retenue contre mon gré, je suis exactement là où j’ai envie d’être, ma famille ne sait pas de quoi elle parle, je n’ai pas été victime d’un lavage de cerveau», avait-elle notamment confié à l’époque à TMZ.
Fervent soutien
Cette année encore, alors que R. Kelly était arrêté et incarcéré à Chicago pour violences sexuelles sur mineures, Joycelyn Savage l’avait de nouveau défendu. Au côté d’Azriel Clary, une autre compagne supposée «officielle» du chanteur, la jeune femme s’était même rendue au tribunal en juillet dernier pour assister à une audience qui avait déterminé que le chanteur resterait en prison jusqu’à son procès en 2020. Dans une interview donnée quelque mois auparavant à la télévision américaine, en mars, Joycelyn Savage s’était aussi exprimée avec Azriel Clary pour défendre R. Kelly, assurant qu’elles étaient bien traitées, que l’artiste était victime d’un complot et que leurs familles, qui ont été les premières à donner l’alerte dans les médias, disaient «n’importe quoi pour tenter d’extorquer de l’argent».
A lire aussi : R. Kelly, larmes de crocodile et propos incohérents à la télévision
Après des mois d’un soutien sans faille, Joycelyn Savage a aujourd’hui décidé de se retourner contre R. Kelly, admettant finalement être l’une de ses «victimes». Samedi 23 novembre 2019, elle a ainsi révélé s’être associée à la plateforme payante Patreon pour raconter son histoire au travers de différents «chapitres». Chaque jour, Joycelyn Savage postera une nouvelle publication dans laquelle elle racontera en détails sa relation avec R. Kelly et ses quatre années passées à ses côtés. Elle promet des «révélations» et des «confidences» pénibles à lire, affirmant qu’elle «risquait sa vie» en choisissant de briser le silence. Elle a en effet signé un accord de confidentialité qui l’empêcherait normalement d’évoquer sa vie avec R. Kelly.
«
Il me donnait des ordres et veillait à ce que je l’appelle par certains noms
«
Joycelyn Savage avait 19 ans lorsqu’elle a rencontré la star américaine à l’un de ses concerts en 2015. Dans son premier témoignage publié samedi sur Patreon, elle explique que R. Kelly lui avait promis de lancer sa carrière musicale. «Bébé, je vais faire de toi la prochaine Aaliyah», lui aurait-il dit. Charmée, Joycelyn Savage décide alors de lâcher ses études à l’université et d’emménager dans l’une des propriétés du chanteur. C’est à ce moment-là que les choses ont commencé à déraper, affirme-t-elle. «Après quelques mois, Robert a commencé à me donner des ordres et à veiller à ce que je l’appelle par certains noms. Comme « maître » ou « papa », ce qui m’importait peu à l’époque. Si je n’avais pas été payée ou si je n’avais pas poursuivi mon rêve, je serais rentrée chez moi, mais tout cela ne s’était pas encore arrêté. Cela commençait à s’aggraver de jour en jour, il élevait la voix si je ne l’appelais pas par ces deux noms. Si Robert m’appelait, je devrais répondre par « oui, papa » ou « s’il te plaît papa », il voulait tout contrôler», a-t-elle écrit selon «The Daily Beast», qui a consulté sa tribune.
Elle explique également que R. Kelly la menaçait de ne pas mener à bien sa carrière dans la musique si elle exprimait ses inquiétudes auprès de sa famille ou de ses amis. Enfin, selon Joycelyn Savage, les assistants de R. Kelly étaient nombreux à l’épier et la «surveiller» au quotidien, comme lorsqu’elle se «douchait». «Je n’avais aucune intimité», ajoute-t-elle. Ses prochains «chapitres» de révélations seront beaucoup plus «sombres» et violents, assure-t-elle.
« Si elle disait la vérité, personne ne paierait »
A la suite de cet énième rebondissement, l’avocat de R. Kelly, Steve Greenberg, a contre-attaqué dans un communiqué transmis aux médias, dénigrant la démarche de Joycelyn Savage pour tenter de décrédibiliser sa parole. «Il est regrettable que Jocelyn cherche maintenant à gagner de l’argent en exploitant sa relation amoureuse de longue date avec Robert. De toute évidence, si elle disait la vérité, personne ne paierait [pour l’entendre]. Elle a donc malheureusement choisi de régurgiter les histoires et les mensonges racontés par d’autres pour son propre bénéfice. Nous connaissons les faits réels et ce n’est que lorsque l’argent s’est épuisé qu’elle a décidé que tout allait mal», a-t-il déclaré.
En prison depuis quatre mois, R. Kelly s’est effectivement déclaré au bord de la faillite. Accusé d’agressions sexuelles, de viols et de pédopornographie, l’ancienne vedette du RnB pourrait passer le reste de sa vie en prison s’il est reconnu coupable de tous les chefs d’accusation (une dizaine au total). Vingt enregistrements le montrant en train d’avoir des rapports sexuels avec des mineures, dont certaines étaient à peine âgées de 12 ans, avaient été recueillies par les autorités, facilitant son incarcération.
A lire aussi : R. Kelly s’enfonce avec une nouvelle inculpation dans le Minnesota
Source: Lire L’Article Complet