• Le questionnaire de de Karine Tuil
  • Drake, son amant rêvé
  • Sivan au lieu de Karine
  • Le combat plutôt que la fuite
  • Fuir, s’adapter ou combattre ?

La romancière française a présenté en janvier 2023 de nouveaux mots et une nouvelle voix dans Kaddish pour un amour (Éd. Gallimard)un recueil de textes rempli de vers poétiques et délicats. Marraine du Prix du roman Marie Claire 2023, Karine Tuil retranscrit ici son addiction pour l’écriture et sa passion inavouée pour les motifs tigre.

Le questionnaire de de Karine Tuil

Marie claire : Aimez-vous votre visage ?

Karine Tuil : Oui, parce que j’y retrouve celui de mon père disparu.

Êtes-vous fille ou femme ?

Je me suis toujours perçue comme une femme-enfant. Je n’ai jamais réussi à être totalement une femme, donc je dirais ni l’une ni l’autre.

Dormez-vous la nuit ?

Je suis une très grande rêveuse qui dort bien. Je me réveille toujours avec beaucoup de rêves d’images. C’est un peu le bordel dans ma tête, la nuit. J’ai une très grande activité onirique.

Votre mère était-elle dominante ou soumise ?

Soumise.

Combien de drogues vous faut-il pour vivre ?

Une, essentielle : l’écriture. Je suis droguée à l’écriture. J’entretiens avec elle une relation passionnelle et obsessionnelle, au point de créer du trouble chez moi.

Je me vois comme une intellectuelle un peu austère.

Le plus beau regard que l’on ait posé sur vous ?

Celui de l’homme qui m’aime.

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  • Virginie Despentes et Léonora Miano : fusion de deux voix qui portent

Drake, son amant rêvé

Citez trois amants et amantes rêvé·es au cours de votre vie.

Leonard Cohen, Philip Roth et Drake.

Votre plus grand plaisir simple ?

Il y en a deux : nager dans la mer et marcher dans le désert.

Votre dernière recherche Google ?

Sur l’éditeur italien ayant acquis les droits de Kaddish pour un amour.

Le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?

« Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît, tu risquerais de ne pas pouvoir t’égarer. » Cette phrase aurait été énoncée par le légendaire rabbi Nahman de Bratslav [Rabbin ukrainien (1772-1810), fondateur de la dynastie hassidique de Bratslav, ndlr]. Elle exprime très bien le métier artistique, quel qu’il soit.

La dernière chose que vous ayez bue et mangée ?

Des pâtes aux aubergines arrosées d’un bon vin, puis un fondant au chocolat. Dans un resto italien du 15e arrondissement de Paris que j’aime beaucoup.

Le goût dont vous avez honte ?

Deux choses : les motifs tigre sur les objets ou les vêtements, et les paillettes. Je ne me l’explique pas parce que je me vois comme une intellectuelle un peu austère.

Je suis un loup sauvage dans l’écriture et un agneau dans la vie.

  • Marie Gillain : "Il ne faut pas trop me chercher"
  • Claudia Cardinale : "Je suis une aventurière, toujours prête à me lancer dans de nouvelles aventures"

Sivan au lieu de Karine

Pouvez-vous être violente ?

Je peux l’être dans mes romans, au point d’en être parfois étonnée lorsque je me relis. Je suis un loup sauvage dans l’écriture et un agneau dans la vie.

Qu’est-ce que vous ne supportez pas que l’on dise de vous ?

Que je suis raisonnable alors qu’il y a une part de folie dans mon travail. Je n’aime pas non plus qu’on dise que je suis anxieuse, parce que… c’est la réalité ! (Elle rit.)

Pouvez-vous prendre une photo de vous ?

Karine Tuil

Pouvez-vous sortir sans maquillage dans la rue ?

Tout le temps. Je suis quelqu’un de très naturel.

Aimez-vous votre prénom ?

Non, j’aurais aimé m’appeler Sivan [neuvième mois du calendrier hébraïque, entre mars et juin selon les années, ndlr]. J’aime beaucoup la douce consonance de ce mot. Ou Jeanne, mon second prénom. On devrait avoir le droit, adulte, de se choisir un autre prénom à l’état civil.

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Le combat plutôt que la fuite

Fuir, s’adapter ou combattre ?

J’ai du mal à m’adapter et je n’aime pas fuir. Je dirais donc combattre.

La première fois où vous vous êtes sentie libre ?

Lorsque mon premier livre a été publié (Pour le pire, éd. Plon, épuisé). J’ai senti qu’un immense espace de liberté s’ouvrait devant moi.

La place du sexe dans votre vie ?

Secrète.

Si vous étiez une fée et que vous pouviez offrir trois dons à un enfant naissant, lesquels serait-ce ?

La beauté, l’humour et l’empathie.

Cette interview a été initialement publiée dans le magazine Marie Claire numéro 848, daté mai 2023.

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