Si elle a l’habitude de s’en prendre à ses belles-mères dans ses livres, Justine Lévy laisse la part belle à ses enfants dans son nouvel ouvrage « Histoire de familles », où son histoire se mêle à celles des autres.

De Justine Lévy, on se souvient de cette Mauvaise Fille et de Rien de grave. Au moins. Dans le second, best-seller acclamé (110 000 exemplaires vendus le premier mois) par la critique, elle racontait avoir été la victime de sa « rivale » Carla Bruni.

Dans son nouveau roman, la fille de Bernard-Henri Lévy passe de l’autofiction à la fiction. Histoire de familles se construit autour de photographies d’amateurs de la seconde moitié du XXe siècle, choisies parmi la collection de diapositives anonymes de The Anonymous Project. Autour, elle invente des vies aux personnages figés. « Une histoire se mettait à flotter autour de la photo et je tâchais de l’attraper du mieux possible, décrypte-t-elle dans un long entretien accordé au Journal du dimanche du 3 novembre 2019. J’étais heureuse de m’en remettre à l’imagination. Les romans autobiographiques m’ont rendue malade. Je n’en pouvais plus de me retrouver à poil devant tout le monde.« 

Et puis il y en a une où elle n’a pas dû inventer. On y voit son mari l’acteur Patrick Mille et leurs deux enfants, Suzanne et Lucien, alors âgés de 8 et 4 ans, qui jouent ensemble sur une plage au Brésil. L’écrivain portait alors la casquette de photographe. C’est sa photo personnelle préférée : « Ma fille a son éternel air d’oiseau boudeur et mon fils rit aux éclats, car son père fait semblant de le manger. Ils sont pleins de sable et d’embruns, décrit-elle. Je ne suis pas dans le jeu mordu-mangé et, au moment même où je prends la photo, l’instant est déjà passé. Mais malgré la mélancolie, nous sommes dans une joie familiale que j’aime regarder. »

« Je prends énormément de photos et j’en arrose tout le monde. Sans doute est-ce une manière de garder, de retenir. Je constitue une réserve au cas où…« , avoue-t-elle au cours de la conversation, laissant sa phrase en suspens. On pense en saisir quand même le sens, d’autant mieux quand elle évoque, ailleurs, le fait que chaque image d’avant « sur laquelle on tombe (…) nous rapproche un peu plus de la tombe« . « On vit avec nos absents. On est lourd de nos absents. Peut-être ai-je voulu imaginer combien je manquerais à ma famille, si je venais à disparaître« , explicite-t-elle justement.

Une angoisse, qu’elle combat notamment en portant comme une armure « les chemises de [son] père ou les écharpes de [son] mari« , sans doute accentuée par la maternité. Loquace sur le sujet, Justine Lévy a déjà affirmé que cette expérience l’avait totalement transformée : « Moi, j’étais à mille lieues d’imaginer le tsunami, le tremblement de terre que c’est« , confiait-elle au magazine Marie-Claire en 2015. Depuis, il semble que les peurs se soient apaisées, elle profite de sa précieuse famille sans oublier de s’éclater avec son époux… même si, en amour, elle « aime qu’il ne se passe rien« , ainsi que le rapporte le JDD.

Une interview à découvrir en intégralité dans le Journal du dimanche du 3 novembre 2019. Justine Lévy était le même jour l’invitée de l’interview culture de Bernard Poirette sur Europe 1.

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