Actrice star adulée du tout-Hollywood, Judy Garland est décédée le 22 juin 1969 d’une overdose de barbituriques. Dans JUDY, en salles le 26 février, Rupert Goold ravive sa légende avec justesse, émotion, brillance et talent.

Judy Garland, une jeunesse de casting en casting

Frances Ethel Gumm naît le 10 juin 1922 à Grand Rapids, dans le Minnesota. Son père, Franck Gumm et sa mère Ethel Gumm ont déjà deux fillettes, et ne veulent pas d’un troisième enfant. Ethel tente de faire une fausse couche, en vain. Contraints d’accepter l’arrivée d’un nouveau-né, ils espèrent au moins un garçon… Mais c’est à nouveau une fille. C’est dans ce contexte que grandit la petite Frances, qui monte sur scène pour la première fois à seulement deux ans, avec ses deux sœurs le 26 décembre 1924 interprétant « Jingle Bells ». Ses parents s’occupent du cinéma de la ville : Franck gère les entrées et son épouse joue du piano, accompagnant les films muets de l’époque. Si les premières années de sa vie sont heureuses, la future légende remarque rapidement que sa mère devient plus exigeante. Cette dernière s’est vite aperçue du talent rare de sa benjamine. Ethel Gumm est froide, ne laisse rien transparaître et traîne sa fille, toujours obéissante, dans tous les castings de la région. Frances entretient une bien meilleure relation avec son père, elle recherchera plus tard une figure paternelle dans tous les hommes de sa vie . Alors qu’elle est âgée de cinq ans en 1926, la famille Gumm décide de quitter Grand Rapids pour s’établir sur la cote-ouest, à Lancaster. Selon les dires d’Ethel, le déménagement est lié aux allergies de Frances. En vérité, ils fuient leur région après que Franck a fait des avances sexuelles à de jeunes garçons.

Judy Garland, le début de la gloire

Les « Gumm sisters » continuent leurs représentations. En 1934, leur mère impose de faire une traversée des Etats-Unis, jusqu’à New York. En arrivant à Chicago, elles signent un contrat à l’Oriental Theatre. Le maître des lieux, George Jessel, reste subjugué devant le talent de la fillette de 12 ans. Ils suggèrent aux filles Gumm de changer leur pseudonyme : elles s’appelleront Garland (guirlande, en anglais). Mais le graal sur la côte-ouest, c’est Hollywood. Déjà destination incontournable du cinéma, les jeunes acteurs rêvent de s’intégrer chez les frères Warner, la Fox ou la Metro Goldwyn Mayer. C’est chez cette dernière que Judy – elle a changé son prénom, en référence à une chanson populaire- signera le 27 septembre 1935. Mais sa carrière a du ma à décoller : elle enchaîne les petits rôles secondaires sans importance. Si Judy maîtrise parfaitement sa voix, les studios sont nouveaux pour elle. C’est en 1939 qu’elle se révèle au grand public. L’adolescente incarne Dorothy dans le film musical de Victor Flemming Le Magicien d’Oz, adapté du livre de Lyman Frank Baum. A seulement 17 ans, elle est le nouveau visage de la MGM. 

Les amours de Judy Garland

Bien qu’Ethel Gumm régisse la vie de sa fille, elle ne pourra pas empêcher les différentes unions de Judy. La petite fiancée de l’Amérique a grandi et fréquente des garçons. Les jeunes hommes de son âge ne l’intéressent pas, elle préfère ceux proches de la trentaine. Elle annonce ses premières fiançailles avec David Rose, de 12 ans son aîné, en 1940. Mal vu par sa mère et Louis B Mayer, patron de la MGM, Judy l’épouse contre l’avis de tous le 27 juillet 1941. Ils divorceront en 1944. Après une liaison avec Joe Mankiewicz, un homme marié, Judy jette son dévolu sur Vincente Minelli, réalisateur à succès de 42 ans. Ils tombent amoureux sur le tournage du film Le Chant du Missouri. A 23 ans et avec l’aval de son studio, Judy convole en secondes noces le 15 juin 1945.
De leur union naît Liza Minelli (légende de la chanson) le 12 mars 1946. Après plusieurs disputes et réconciliations, elle surprend un jour son mari avec leur chauffeur dans le lit conjugal. Ils divorcent officiellement le 29 mars 1951. Elle rencontre Sidney Luft à New York en 1950. Il est l’opposé de Vincente, c’est peut-être pour ça que Judy tombe sous le charme. Ils se marient le 29 juin 1952 et accueillent les naissances de Lorna le 21 novembre de cette même année puis celle de Joey le 29 mars 1955. Le mariage ne résiste pas au cap des 10 ans :Judy accusera Sid de violences et d’alcoolisme. Ils se séparent en mauvais termes dès 1963 mais le divorce n’est prononcé que deux ans plus tard. Alors qu’elle est encore liée à Luft, la star se rapproche de l’acteur Mark Herron, avec qui elle échange à nouveaux ses vœux le  12 juin 1964 lors d’une cérémonie non officielle. Elle épouse son quatrième mari en novembre 1965 avant de le quitter six mois après, quand elle apprend qu’il est homosexuel. Continuellement, Judy Garland cherche un point d’encrage pour ne pas sombrer. Elle termine sa vie aux côtés de Mickey Deans. Sa cinquième union est prononcée à Londres en mars 1969, quelques mois avant le décès tragique de Judy.

Judy Garland : sa descente aux enfers

Judy est une habituée des médicaments. Elle prend des cachets très tôt sur ordre de sa mère qui veut lui faire perdre du poids. Avec son entrée à la MGM, elle a du mal à suivre le rythme très soutenus des nombreux tournages. Pour la booster on lui prescrit des amphétamines, puis des somnifères quand elle ne dors plus. Ce traitement va lentement la tuer à petit feu. Sujettes à de nombreuses sautes d’humeurs de plus en plus incontrôlables combinées à plusieurs dépressions,Elle opère plusieurs cures de désintox qui la revigorent, loin des artifices d’Hollywood. Mais le cercle vicieux est déjà entamé : en retournant à chaque fois en studio, elle se met à la diète, ne dors plus et recommence à prendre des cachets. Elle tombera même à 35 kilos… Judy s’épuise. Après sa séparation de Vincente Minelli en 1950, elle tente de mettre fin à ses jours.
La MGM est contrainte de rompre son contrat, elle n’honore plus ses heures de travail. A 28 ans, celle qui était la petite préférée du showbiz US ne fait plus vraiment illusion. Elle quitte un temps le cinéma pour revenir à ses premières amour : la chanson et la scène.

Jusy Garland, la chute fatale

Judy Garland est une véritable star depuis son adolescence. Elle n’a jamais eu de rapport à l’argent. Lorsqu’elle doit quitter son studio, elle se retrouve rapidement sans le sou. Elle connait quelques grands succès : elle est nommée une première fois pour l’Oscar de la meilleure actrice en 1954 pour sa prestation dans Une Etoile est Née en 1954 et une seconde fois pour celui du meilleur second rôle dans Le Procès de Nuremberg, en 1961. Entre de mauvaises rencontres et des mariages qui se terminent tous en divorce, elle s’éteint lentement. Elle décède le 22 juin 1969 des suites d’une ingestion — volontaire ou accidentelle- de barbituriques. C’est son cinquième et dernier mari Mickey Deans qui la retrouve inanimée à son domicile. Judy Garland tire sa révérence à 47 ans, laissant Liza, Lorna et Joey derrière elle. Avec une vie dédiée au spectacle, Judy a fini par s’oublier elle même. Elle reste une légende de la comédie musicale et une icône du grand cinéma hollywoodien. 

« Judy Garland : Splendeurs et chute d’une légende » de Bertrand Tessier, aux Éditions l’Archipel.

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