Début 2018, Luc Besson avait licencié son assistante alors qu’elle était en arrêt maladie. Elle l’accuse de licenciement discriminatoire, et a déjà remporté contre lui un procès pour harcèlement moral. Jugé ce 27 novembre devant le tribunal correctionnel de Bobigny, il risque dix mois de prison.

« J’étais devenue pour lui comme le Siri d’Apple, son esclave », a déclaré Sophie F., ancienne assistante de Luc Besson, devant le tribunal correctionnel de Bobigny ce mercredi 27 novembre. Alors que le réalisateur ne s’est pas présenté à son procès pour le « licenciement discriminatoire » de son assistante de direction, coincé dans les manifestations d’agriculteurs, il a finalement laissé ses avocats le représenter.

Début novembre, Luc Besson avait déjà été condamné pour harcèlement moral par cette même ex-assistante devant les prud’hommes, bien que les parties peuvent encore faire appel, rapporte France Info.

Des conditions de travail abusives

« Des tâches relevant de la vie privée », explique la présidente du tribunal, Alexandra Vaillant, au sujet de la « relation de travail » entre Luc Besson et son assistante, Sophie F. Cette dernière avait pour mission d’organiser les voyages du couple Besson, prendre des rendez-vous chez le médecin pour les enfants, chez le coiffeur ou encore l’esthéticienne.

La présidente du tribunal mentionne également des « demandes par SMS sur son téléphone personnel le soir, le week-end et pendant ses congés », ou la réservation « d’une table pour douze people au restaurant Le Jules Verne ».

C’est quelqu’un qui ne me parlait pas, qu’il ne m’aimait pas.

Alors que la jeune femme part en vacances à l’été 2015, le scénariste lui demande : « Qui s’occupe de mes messages et par qui je passe pour organiser mes voyages pendant ton absence ? » Selon France Info, Sophie F. raconte devant le tribunal : « Il m’a appelée pour exiger un mail d’excuses si je ne voulais pas être virée ». « C’est quelqu’un qui ne me parlait pas, qui ne m’aimait pas », ajoute-t-elle.

« La goutte d’eau qui fait déborder le vase »

Un jour, c’est « la goutte d’eau qui fait déborder le vase » pour Sophie F, alors que le producteur refuse de lui accorder trois jours de vacances au moment de la Toussaint, en 2017. Un simple « non » répond à sa demande sur sa feuille de congés, et il lui demande de prendre ces jours avant ou après la Toussaint.

Selon France Info, une collègue présente à ce moment dans les bureaux d’Europacorp à Saint-Denis explique que Sophie F. « s’effondre littéralement, choquée par le mépris » de son patron. Puis, la jeune femme envoie ce message au producteur : « Je ne comprends pas votre refus, je n’ai pas d’autre choix que de les prendre en raison d’une urgence familiale. Bien entendu, je resterai joignable. Pouvez-vous me donner votre accord ? »

Alors que Sophie F. se fait arrêter par son médecin pendant trois mois, elle est licenciée pour « faute grave » le 9 janvier 2018, sur la base de cet arrêt de travail. Elle reste encore treize mois en arrêt maladie après son licenciement, et n’a retrouvé un emploi que deux ans après les faits. 

Un licenciement « punitif »

L’avocat de la partie civile, Mathieu Brulé, voit dans le licenciement de Sophie F. « une volonté punitive dans un contexte de harcèlement moral ». Selon lui, « Luc Besson était conscient de la situation », ayant organisé, avec l’aide de son avocat, une visite de contrôle d’un médecin au domicile de son assistante.

Cela a dû l’énerver profondément que son esclave se rebelle.

De son côté, le procureur Rémi Chaise, déclare : « Cela a dû l’énerver profondément que son esclave se rebelle » car « il faut céder aux exigences et aux caprices de Luc Besson », rapporte France Info. Ainsi, le parquet a requis dix mois de prison avec sursis et 30.000 euros d’amende à l’encontre de Luc Besson et 50.000 euros d’amende à Europacorp, le studio de cinéma français fondé par le réalisateur. La décision sera rendue le 8 janvier.

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