Le musée de la cité phocéenne a rouvert mi-mai avec une exposition de la superstar américaine. Conversation avec Elena Geuna, experte de l’œuvre de l’artiste du post-pop art.
Jeff Koons Mucem. Œuvres de la Collection Pinault est une rencontre au sommet avec vingt œuvres – dont dix-neuf issues de la Collection Pinault- et l’énorme fonds d’objets d’art populaire du Mucem. Orchestrée par les commissaires Émilie Girard et Elena Geuna, elle ressemble à une promenade contemplative.
Madame Figaro. – Qu’avez-vous appris ?
Elena Geuna. – Cette exposition est pleine de surprises. C’est une relecture des objets, des archives du Mucem, et c’est aussi une façon de réexaminer d’où vient l’œuvre de Jeff Koons. N’oublions pas qu’il a grandi à York, en Pennsylvanie, où son père était décorateur d’intérieur. Il a passé beaucoup de temps dans son magasin, d’où son intérêt pour les objets.
«Interminablement, l’enfance», disait Stendhal. Quelle relation Jeff Koons entretient-il avec l’objet ?
Pour lui, l’objet n’a pas de valeur hiérarchique. Il doit être considéré comme tel. Avant d’être une œuvre d’art, un objet de design a été utilitaire. Ce qui l’intéresse, c’est l’essence de l’objet, l’importance de la tradition, sa part d’humanité. Il était fasciné par les réserves du Mucem.
Le Balloon Dog (Magenta), de Jeff Koons. Au Mucem, cette oeuvre est mise en relation avec une série de photos de Mimile le clown qui souffle dans un ballon.
L’exposition associe vingt œuvres de Koons et trois cents objets du Mucem…
Elle se déroule dans treize salles. Les résonances sont formelles, symboliques, poétiques. Jeff Koons, qui a choisi avec un soin méticuleux les objets et les photos, a souhaité un parcours libre et ouvert, où le visiteur est invité à se réjouir spontanément.
À quoi ressemble le parcours ?
Il est chronologique. Chaque salle a un univers particulier. Certaines sont face à la mer, lumineuses. D’autres ont des effets de clair-obscur. Par exemple, on entre dans la salle de la sculpture Lobster («homard») par un couloir ; le plafond y est bas, elle est plus sombre. Le homard est mis en relation avec des photos d’acrobate du fonds Gustave Soury.
Une autre salle emblématique ?
Celle du Balloon Dog (Magenta). Cette fois, l’œuvre est mise en relation avec une série de photos de Mimile le clown qui souffle dans un ballon. Les images sont répétées de façon à arrondir la pièce et à rendre l’expérience immersive.
Il y a des citations inédites de Koons. Votre préférée ?
«On voit ces objets et ces images, et on a envie de les préserver pour qu’ils soient encore là pour les générations futures.»
Jeff Koons Mucem. Œuvres de la Collection Pinault, jusqu’au 18 octobre, au Mucem, à Marseille.
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