Juré au 1er championnat de France de plancha, l’acteur nous a confié, entre saucisses et brochettes revisitées, combien la vie l’avait gâté…
Depuis plus de cinquante-cinq ans, le sympathique acteur participe aux belles heures de nos petits et grands écrans – moins au théâtre, car « J’ai toujours peur du trou de mémoire ! », dit-il. Surtout, l’artiste demeure pour beaucoup d’entre nous l’inoubliable Jacques Beaumont, mari de Catherine (interprétée par Anny Duperey) et papa d’Une famille formidable, le célèbre feuilleton diffusé de 1992 à 2018 sur TF1. Mais comme ce Blancois (Indre) d’origine a plus d’une corde à son arc, en sus de ses nombreux projets ciné et télé à venir, nous le retrouvons… à un concours de plancha, à Nogaro, dans le Gers ! Et que ce soit devant une caméra ou en dégustant une paire de saucisses, le comédien de 72 ans sait prendre autant de plaisir.
France Dimanche : Vous venez d’être juré au 1er championnat de France de plancha… Vous vous êtes régalé ?
Bernard Le Coq : C’était drôlement bien et drôlement bon ! On était face à 14 binômes qui, avec des produits imposés et dans un temps imparti devaient réaliser un plat et un dessert. Et avec les autres membres du jury, dont certains très compétents en la matière, ce qui n’était pas forcément mon cas, nous avons goûté à tout un tas de créations incroyables ! Que d’inventions en effet, à la fois dans l’originalité, la cuisson, les associations de mets, la présentation des choses parfois très étonnante. Avec les autres jurés, on tombait souvent assez d’accord. Et même s’il m’est toujours difficile de juger des gens, c’est le jeu. Mais bon, on a super bien mangé et on s’est sacrément marré !
FD : Êtes-vous féru de barbecue ?
BLC : Oh féru, je ne sais pas, mais l’été, oui, j’aime bien. Ma plancha était d’ailleurs tombée en rade et je viens d’en recevoir une nouvelle merveilleuse sur laquelle j’ai fait quelques trucs pas mal, mais pas aussi élaborés que mes camarades du championnat ! Je suis plus dans le basique, genre tomates provençales, pommes de terre sautées ou steaks. Bref, il faudrait que je redouble d’inventivité pour candidater à la seconde édition !
FD : En travaillant autant, parvenez-vous à profiter de quelques jours de vacances ?
BLC : Oh oui, surtout à mon âge, il faut profiter ! Et j’y arrive très bien. Après, je vais passer faire un petit coucou à Niels Tavernier, que j’aime beaucoup et qui tourne son nouveau film pas très loin. Sinon, plusieurs choses devraient arriver à la rentrée, dont Tout va bien, une mini-série de Camille de Castelnau, qui avait coécrit Le Bureau des légendes. Il s’agit d’une histoire de famille, avec, entre autres, trois magnifiques actrices : Nicole Garcia, Virginie Efira et Sara Giraudeau ! Et au cinéma, devrait arriver en 2024, Fêlés, un très joli film de Christophe Duthuron, tourné à Marmande avec mon copain Pierre Richard. Que de belles choses à venir !
“Oui, cette grande et belle famille formidable me manque !”
La Leçon particulière, avec Richard Verney et Nathalie Delon (1968).
FD : Ce métier vous plaît toujours autant ?
BLC : Oh que oui ! J’ai quand même tourné beaucoup et fait des choses plutôt sympas. De plus, ça m’a offert une vie agréable, de belles rencontres et beaucoup de plaisir ! C’est un très beau métier, que je ne regrette pas, et qui, je l’espère, va encore durer un peu.
FD : Comment êtes-vous devenu acteur ?
BLC : Par hasard. À la base, je souhaitais être architecte, mais comme je ne foutais rien à l’école, j’ai dû me diriger vers d’autres voies. À l’époque, j’avais mon ami Gérard Palaprat qui prenait des cours de comédie et que j’accompagnais parfois. Et comme ça avait l’air sympa, j’ai demandé à mes parents de m’y inscrire. Ensuite, tout est allé assez vite. Quelques petites apparitions, jusqu’au rôle de Jean-Pierre dans le film de Michel Boisrond, La Leçon particulière, aux côtés de Nathalie Delon… Je n’avais que 17 ans.
FD : Vous aviez donc arrêté l’école ?
BLC : Oui, à 15 ans. À l’époque, elle n’était obligatoire que jusqu’à 14. Cependant, je regrette de ne pas avoir un peu plus bossé en cours, afin d’acquérir des bases en maths, physique, chimie, des domaines qui m’intéressent vraiment, mais envers lesquels je souffre de grosses lacunes. Bon, après, on peut être cancre mais curieux, ce qui sauve ! Et puis j’ai quand même essayé de me cultiver par la suite, de rattraper un peu mon retard…
FD : Vous qui allez fêter vos 73 printemps ce 25 septembre, comment vivez-vous ce temps qui passe ?
BLC : Pour l’instant, je suis plutôt en bonne forme… Mais si j’avais jusqu’ici le sentiment de ne pas vraiment le réaliser, depuis quelque temps, j’ai pris conscience que les années étaient comptées. On peut peut-être encore espérer dix ou quinze ans corrects, mais ça passe vite ! Donc j’accepte l’idée et je savoure d’autant plus l’instant présent. J’essaie surtout de ne pas trop y penser !
FD :Est-ce que le personnage de Jacques Beaumont vous manque ?
BLC : Ce qui me manque surtout, c’est la belle aventure ! Et bien évidemment le maître d’œuvre de l’affaire, notre ami Joël Santoni [le réalisateur d’Une famille formidable est décédé le 18 avril 2018, ndlr]. Quand il nous a quittés, il nous a été à tous impossible de continuer. Ça lui appartenait tellement qu’on ne pouvait pas poursuivre sans lui. Alors oui, cette grande et belle famille me manque !
FD :Vous avez confié avoir souvent eu le rôle du « copain du beau mec » plutôt que l’inverse. Cela vous allait bien ou vous auriez aimé être ce « beau mec » ?
BLC : Non, ça m’allait bien. Puis, je ne vais pas me plaindre, j’ai joué beaucoup de choses tellement variées. J’ai surtout eu l’immense chance de ne pas être enfermé dans un rôle, mais d’interpréter mille et un personnages.
©Bedeau Gérard
Avec Anny Duperey, sa partenaire d’Une famille formidable.
FD :Vous êtes amoureux de Martine, votre épouse, depuis un demi-siècle, quel est donc votre secret ?
BLC : De ne pas être mort en cinquante ans… Non, le secret, c’est de bien s’entendre, de se connaître, se comprendre, s’aimer. On dit : « Un ami, c’est quelqu’un qui vous connaît bien, mais qui vous aime quand même… » C’est probablement pareil pour une femme, et à l’inverse aussi, d’ailleurs. En même temps, c’est quand même quelque chose de pouvoir être « vrai » avec quelqu’un, de ne pas tricher. Et j’espère être reparti pour cinquante ans… !
FD :Vous estimez avoir été gâté ?
BLC : Oh que oui ! Par ce métier qui m’a rendu très heureux et continue de le faire, et, bien sûr, auprès de ma femme. Donc, un grand merci à la vie !
Propos recueillis par Caroline BERGER
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