C’est un événement sans précédent. À quelques jours de la 45e cérémonie des Césars, l’intégralité du conseil d’administration a posé sa démission. Pour Isabelle Adjani, c’était certes nécessaire, mais pas si simple…

La révolution est en marche. L’Académie des César, qui promettait un changement de l’intérieur, culturel et radical, a vu l’intégralité du conseil d’administration de l’association loi 1901 donner sa démission collective – dont Alain Terzian, le président de l’Association pour la promotion du Cinéma depuis 2003. Un vent de renouveau qu’Isabelle Adjani juge à la fois satisfaisant et courageux. « Il n’y a pas de bouc émissaire, de ‘C’est pas moi, c’est lui’, de ‘Vous vouliez une tête, on vous la donne’, rappelle l’actrice à Télérama. Ce ‘nous’ fait du bien à tout le monde. Cette démission ne me surprend pas, parce que les membres du bureau exécutif sont des personnes responsables, estimables, et qui ont oeuvré pour le cinéma français quoi que l’on puisse penser de l’un(e) ou de l’autre. »

Isabelle Adjani et les César, une histoire d’amour

Difficile pour l’actrice de totalement remettre en cause les décisions de l’Académie des César, elle qui a été honorée d’un trophée doré à de nombreuses reprises. Sa première fois date de l’année 1982, où elle jouait Anna/Helen dans Possession, d’Andrzej Zulawski. Ont ensuite été applaudies ses prestations en tant que Meilleure actrice, dans L’Été meurtrier de Jean Becker (1984), Camille Claudel de Bruno Nuytten (1989), La Reine Margot de Patrice Chéreau (1995) et La Journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld en 2010. Plus récemment, son second rôle dans Le monde est à toi, de Romain Gavras, a également été récompensé. « L’Académie des César, autant dans sa gouvernance que dans ses choix, a vocation de refléter la France d’aujourd’hui, la France telle qu’elle est, conclut Isabelle Adjani. Après, il y a les votes, et on ne peut pas les orienter en fonction de quotas, mais donner aux femmes et aux personnes issues de la diversité la possibilité d’être jugées par leurs pairs, leurs égaux, à égalité de chances, est indispensable. »

À l’origine de cette démission collective

Les César ne sont pas les seuls à être dans la ligne de mire des associations, qui dénonçaient par exemple l’absence de femmes nommées dans la catégorie Meilleur réalisateur aux Oscars le 10 février dernier. Mais le problème de parité n’était pas le seul à menacer le bon déroulement de cette 45e cérémonie, qui sera présentée le 28 février 2020 par Florence Foresti dans la salle Pleyel de Paris. Les douze nominations de Roman Polanski pour son film J’accuse, alors qu’il est lui-même accusé de viol par de nombreuses jeunes femmes et qu’il a fui la justice américaine, ont sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Les César ne sont pas une instance qui doit avoir des positions morales« , affirmait Alain Terzian, le mercredi 29 janvier 2020. Il le fera désormais, depuis son canapé, devant Canal+…

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