GALA S’ENGAGE – Des personnalités connues se confient auprès de Gala.fr, sur leur engagement, mobilisation ou simplement sur une cause qui leur tient à cœur. À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer, ce samedi 4 février, Nicolas Gob a accepté de revenir sur son cancer du testicule survenu à seulement 22 ans pour livrer un message de bienveillance, de tolérance et de prévention.

Discret, Nicolas Gob a accepté de se confier à Gala.fr sur le cancer du testicule qu’il a affronté à seulement 22 ans. À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer, ce samedi 4 février, l’acteur de 40 ans rappelle l’importance de se faire dépister et d’oser consulter un médecin, lui qui a attendu avant de se faire soigner. Parmi les premières personnalités françaises à se livrer sur cette maladie qui touche l’intime, il rappelle, que dans une société « avec tous ces codes » sur « la masculinité », le cancer du testicule « ne remet pas en question l’homme que je suis ». En se livrant sur son parcours, il espère aider à « lever un tabou ».

Gala.fr : Vous n’avez que brièvement évoqué le cancer que vous avez affronté lorsque vous étiez plus jeune. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?

Nicolas Gob : J’avais 22 ans et c’était au départ un cancer d’un testicule. Le problème, c’est que malheureusement j’ai attendu. Je tournais en même temps, j’étais jeune acteur, je n’avais pas osé dire que j’avais un problème… J’ai vraiment attendu longtemps. J’ai eu des métastases qui sont montées partout : sur les reins, dans le thorax… Il y a eu un moment où je n’ai plus pu ne pas le dire. Dans un premier temps, j’ai dû me faire opérer avant de faire une chimio pour essayer de diminuer les métastases qui étaient arrivées après la tumeur cancéreuse testiculaire.

Gala.fr : Pourquoi avoir attendu avant d’en parler ?

Nicolas Gob : J’avais très peur. Quand on est plus jeune, on arrive presque à se familiariser avec le mal. Je ne sais plus comment j’ai fait pour attendre aussi longtemps. Je me souviens que je prenais des bains chauds presque tous les soirs parce que j’avais mal et je cachais ce truc-là. J’avais peur qu’on m’annonce une mauvaise nouvelle. Ce qui a été le cas et ce qui rend l’attente complètement dérisoire et bête parce que la résultante aurait pu être moins grave.

C’est parce que j’ai attendu, parce que j’ai eu très peur que ça a été pire que tout.

Gala.fr : Est-ce que vous vous en êtes voulu d’avoir attendu ?

Nicolas Gob : Je m’en suis voulu surtout de ne pas faire confiance aux gens qui m’entouraient. J’avais peur que ça les effraie. Il y a toute une dimension à cet endroit-là… Il y a un truc de remise en question. J’avais peur de ne plus pouvoir jouir, des trucs comme ça. Je m’étais dit tout un tas de choses. Ces inquiétudes ont grossi dans ma tête. C’est complètement con ! Aujourd’hui je ne crois plus du tout à cette remise en question de la masculinité, de tout ce que ça incombe. Chaque action mène à une guérison, et le plus tôt c’est, le mieux c’est.

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Gala.fr : Vous en avez parlé à vos proches ?

Nicolas Gob : Ça a été assez spécial. Je me suis fait diagnostiquer par un médecin de famille, qu’on connaît très bien, dans une bagnole alors qu’on sortait dans la même soirée. C’était n’importe quoi (rires). Malheureusement, ça, c’était après un ou deux mois de douleur, mon testicule avait grossi. Plus ça grossissait, plus je me murais dans une sorte de silence. Mais à un moment, je n’ai plus pu ne pas le dire parce que ça se voyait trop. La femme avec qui j’étais à l’époque l’a vu. J’ai dû être confronté à la réalité de l’instant. J’ai eu peur de la réaction de mon pote médecin qui m’a dit : « Mais tu es fou ! Qu’est-ce que tu fais ? Il faut opérer tout de suite. Tu es à un stade où il n’y a pas à hésiter ». Quand les démarches ont été enclenchées mes proches l’ont su. Mais ça n’a pris l’ampleur triste qu’à partir du moment où le mot cancer a été mis sur ce qui se jouait.

Gala.fr : À 22 ans, on ne s’y attend…

Nicolas Gob : À mon époque, on a été très sensibilisé sur le sida, beaucoup moins aujourd’hui je trouve. J’avais fait des analyses de sang et j’avais plus peur qu’on m’annonce que j’étais malade du sida, alors que j’ai toujours fait très attention, que de l’annonce du cancer. Ça m’inquiétait moins.

Gala.fr : Comment s’est passée la chimiothérapie ?

Nicolas Gob : J’ai fait ma chimiothérapie à l’hôpital Saint Cloud à Paris. Une assez longue chimio. L’oncologue m’a dit : « Tu es jeune. Tu ressembles à un rugbyman. Tu vas avoir la plus forte et la plus longue pour que ça marche ». Sans mesurer le choc que ça allait être, je me suis lancé là-dedans. J’avais plus peur de ne pas travailler, de ne plus être dans la vie, que de la chimio elle-même. Les productions s’étaient arrangées pour me faire des perruques. Quand je revois les images, je me dis que j’ai une tête… Ça me ramène malgré moi à un moment de courage. On me parlait beaucoup de vagues successives dues à la chimio en me disant que j’allais être mal. Moi, je me disais que j’étais sportif, que ça allait aller. Les deux premières semaines je n’avais pas grand-chose et après j’ai ressenti ces vagues venir fracasser le rocher que je croyais être. Ça a été de plus en plus dur. À la fin, je n’arrivais même plus à monter un escalier, mais je l’ai fait. Ça serait presque à refaire que je le referais.

Gala.fr : Vraiment ?

Nicolas Gob : Ça a transcendé ma nature, le jeune homme que j’étais, l’homme que je suis devenu.

Gala.fr : Cette épreuve vous a appris des choses sur vous ?

Nicolas Gob : Bien sûr. Déjà que j’étais capable d’aller au bout de quelque chose. J’ai appris que j’étais assez fort quand même. Même si je m’en fous de l’être, c’est ce qui définit ma nature. Dans la vie, on essaie tout le temps de penser qu’il n’y a pas cette fin, qu’il n’y a pas ce bout du tunnel. Et là, on y est confronté concrètement, on nous dit : « Je ne peux pas vous garantir que vous n’allez pas mourir ».

Il y a quelque chose de l’ordre de l’introspection quand on est malade.

Gala.fr : Vous avez eu peur de mourir ?

Nicolas Gob : Oui, je n’en avais pas du tout envie en plus ! Les premières semaines ça ne marchait pas, donc oui j’ai eu peur. Rien que d’être dans le « on verra », tout est remis en question. Ça n’est plus que sur un fil qu’on danse.

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Gala.fr : Vous êtes certainement parmi les premières personnalités publiques en France à parler du cancer des testicules.

Nicolas Gob : Je me sens presque chanceux de pouvoir en parler parce que j’ai un message qui va avec, c’est cette notion importante de ne pas avoir peur et de ne pas attendre. On est dans une société tellement stigmatisée. Ça remet en question : c’est quoi être un homme ? Comment ? Est-ce que ça passe par les burnes ? Par ce que ça représente de force ? Je n’ai jamais trop été comme ça, mais ça remet en question beaucoup de choses. Ça m’a – presque – encore plus développé ma sensibilité féminine, j’en suis très fier. Tous ces codes, on n’en a pas besoin. J’ai une burne en moins aujourd’hui. Je vis très bien. J’ai deux enfants, je peux faire l’amour avec ma femme sans problème. Ça ne remet pas en question l’homme que je suis, ni la potentielle virilité que je pourrais avoir. L’important, c’est d’arriver à surmonter ça, à grandir et devenir quelqu’un. En parler peut enlever un tabou, aider des garçons à en parler, libérer la parole, les appréhensions.

Gala.fr : Vous semblez ému quand vous en parlez…

Nicolas Gob : Oui, un peu. C’est la première fois qu’on en parle de cette manière-là, même si j’avais un peu effleuré le sujet. Je compte sur la discrétion, mais en même temps il n’y a pas besoin d’être discret là-dessus, c’est quelque chose à partager je pense.

Gala.fr : Le cancer a-t-il pu impacter votre carrière ?

Nicolas Gob : J’ai eu tellement la chance d’être chez mon agent qui a pris à bras-le-corps ce problème. Elle l’a considéré avec beaucoup d’importance et a réussi à amener les productions à mettre de côté les problèmes d’assurance qui sont assez compliqués dans ce métier. J’ai pu travailler en même temps que ma chimio et ça m’a presque sauvé. J’ai été porté par des regards positifs, bienveillants.

Gala.fr : Si vous aviez un message à faire passer, lequel serait-il ?

Nicolas Gob : Pour les jeunes hommes et les hommes, leur dire que l’humanité ne se trouve pas à cet endroit-là. L’homme qu’ils sont n’est pas remis en cause avec ce problème. Tous ces codes de masculinité de virilité de force… Tout ça, ce sont des codes poussiéreux dont on n’a plus rien à foutre. C’est difficile, c’est une maladie, ça fait peur, mais on peut le prendre d’une manière positive puisque ça amène à se poser les bonnes questions sur le regard des autres, ce que ça implique… Aujourd’hui, j’ai opéré des défenses. Quand je veux miser sur quelque chose dont je suis sûr, je dis : « Je m’arrache la couille qu’il me reste si j’ai tort ». (Rires) Ça nous amène à être fort pour soi et pour les autres.

Gala.fr : C’est un sujet que vous souhaitez aborder dans un film. Où en êtes-vous dans votre projet ?

Nicolas Gob : Je l’écris. Il traitera aussi de la résilience, du sport, puisque c’est ce que j’aurais fait si je n’avais pas été acteur. Vu que c’est une introspection, ça fait des années que je l’écris et je pense que je ne le sortirai pas demain, mais je m’arrache une couille si je ne le fais pas (rires).

Crédits photos : PATRICK BERNARD / BESTIMAGE

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