En marge des 20 ans de Nouvelle Star, elle évoque sans tabou sa prise de poids, ses choix de vie, de femme. De sa sexualité aussi. Une femme bien dans ses baskets, solaire. Par ici ses prescriptions du bonheur !

Rencontrer Marianne James, c’est forcément s’attendre à des punchlines, des phrases qui claquent. A une extrême générosité aussi. Y compris dans ses petites attentions alors que nous nous retrouvons, presque vingt ans après notre premier entretien. Epoque Nouvelle star sur M6 (l’émission souffle ses vingt bougies sur la chaîne les 15 et 22 février à 21 heures). Depuis, Marianne a pris des chemins moins exposés mais sa popularité, elle, n’a jamais faibli. Elle rayonne sur scène avec son nouveau spectacle, Tout est dans la voix. Le public lui maintient son blanc-seing, toutes générations confondues. A la fin de ses shows, on vient même l’embrasser comme une bonne copine, toujours bienveillante, sereine mais lucide et franche. Et définitivement ancrée dans une normalité qui lui tient à cœur.

GALA : Vous avez fêté vos 60 ans. Ce cap, l’avez-vous vécu comme un tournant ?
MARIANNE JAMES :
On va se tutoyer Gaëlle, comme on l’a toujours fait, non ? Alors, pour répondre à ta question, le jour de mes 60 ans, je me suis ruée à la gare de Montélimar pour aller chercher ma carte senior. (Rires.) La date est symbolique mais honnêtement, je suis heureuse d’avoir 60 ans. Plus heureuse même qu’à 20, 40 ou 50 ans : c’est comme si j’avais enfin gardé mon énergie pour les choses importantes et abandonné toute envie de lutte, de revendication et même de séduction. Et pourtant, je suis sûre que je séduis encore.

GALA : Carrément !
M.J.:
Oui. Mais pas dans le sens « c’est en jachère ». Pas du tout ! (Rires.) C’est juste que la séduction n’est plus dans mes priorités. Et je crois vraiment que le fait d’abandonner la séduction à tout prix permet d’arriver à un apaisement qui justement les attire comme des mouches. Et puis, il était temps qu’une certaine sagesse m’habite. Tu ne fonctionnes plus de la même manière à 60 ans. C’est l’heure d’abandonner des positions intenables et à force de ne plus être sur ton 31, 41, 51, tu peux changer ton pied d’appui, le monde s’ouvre à autre chose. Le sommeil que tu gagnes, l’énergie que tu gagnes, l’écoute que tu gagnes sont incroyables.

GALA: Mais ne crains-tu pas de devenir invisible en ayant abandonné cette arme que représente la séduction ? Cette fameuse invisibilité des seniors…
M.J.: (Grand éclat de rire). Je te rappelle que je suis une femme peinte à l’encre noire et au fluo. Moi, invisible? Il y a de la marge !

GALA: Mais, au fond, crois-tu en cette seconde chance en amour ?
M.J.:
Je m’en fous ! Si ça vient, je prends. S’il n’y a pas, ce n’est pas un problème. Je dirais même « ras le bol »!

GALA: C’est vrai que tu avais confié à Nikos Aliagas dans Gala que tu prenais plus de plaisir avec «un gratin dauphinois que de faire l’amour !.»
M.J.:
Je te jure que ce n’est pas un bonheur au rabais ! Ce n’est pas parce que tu ne fais pas trois heures de galipettes par nuit, ni la totale du Kama Sutra, trois fois par semaine que ta vie est malheureuse. Peut-être parce que je l’ai fait. Tu peux l’écrire ! J’en ai fait le tour de ça aussi. Parce que j’étais joueuse et séduisante et je sais que je le suis encore mais mes perspectives changent, tu comprends? Evidemment, à 30 ans et 40 ans, on ne l’entend pas, on ne le voit pas, on est aveugle à tout ça, parce qu’on veut du rendement, que ça claque. Aujourd’hui, l’amour des garçons, je m’en tape ! Je vois les hommes passer, ils me voient très bien passer aussi. Mais pour le moment, je mène une vie de célibataire. J’ai ma tournée, je voyage, je prends 81 fois le TGV d’ici le 28 mai, donc ce n’est pas une priorité. Après, je mate, j’ai même parfois les hormones en folie, comme sur Incroyable Talent. Des internautes me le reprochent d’ailleurs quand je m’extasie devant des acrobates. J’ai lu: « c’est moche, une dame de son âge ! » Alors je voudrais qu’on m’explique où et dans quel livre, il est écrit que nous, les seniors, nous n’avons pas le droit d’apprécier la plastique des hommes, surtout quand cela est fait ouvertement et qu’il n’y a rien d’ambigu.

GALA: Bon, l’époque a résolument changé. Mais vois-tu toujours le bon côté des choses ? C’est un peu ton côté « Bonne soeur ». Tu voulais d’ailleurs rentrer dans les ordres enfant.
M.J. : Oui, c’est vrai. Je voulais devenir prêtre chez les protestants à 8-9 ans. Je voulais prêcher, consoler, et je le fais d’une certaine façon sur scène aujourd’hui. Mais, pour revenir à notre sujet: tu voulais une punchline, je vais t’en donner une: je continue désespérément à espérer, je crois encore en la nature humaine, mais je me force un peu quand même en ce moment. Mais je veux avancer dans ma vie et je me dis que que si on propage le bien, on reçoit du bien. C’est vraiment mon côté catho. Je le constate à mes spectacles; les gens ont, au début, les bras croisés, les jambes croisées, ils sont dans le repli, c’est l’époque qui est ainsi. A la fin, ils n’ont plus la même position: l’humanité est passée par là.

GALA : Ça t’arrive d’avoir cette position de repli sur toi, les bras croisés….
M.J.:
D’abord, je vais te dire une chose, j’ai beaucoup grossi, je sais qu’on va en parler et j’y suis prête. Je n’arrive plus vraiment facilement à croiser les mains devant: la poitrine est tellement importante que ce n’est pas confortable.Tout comme les jambes. Mais même quand je pouvais les croiser, je ne le faisais pas même si j’ai mes côtés sombres. Je suis comme tout le monde. Dans ces cas-là, je m’isole chez moi trois jours. Le silence aboslu et ça repart.

GALA: On parle de ton poids alors, de tes 138 kilos. Que s’est-il passé ?
M.J.:
Depuis la fin de Nouvelle Star en 2007, j’ai pris 20 kilos. Je suis dans la grande obésité. Je mange comme deux, donc je fais le poids de deux, mais je bouge comme une. On ne va pas chercher plus loin. Pour autant, ce n’est pas un problème. Je monte toujours mes escaliers, je fais mon ménage, mes courses.

GALA: Quel est ton objectif du coup ?
M.J.: Je fais attention pour ne pas prendre des kilos en plus. Et arrêter de grossir, c’est déjà quelque part un régime pour quelqu’un qui prend du poids comme moi. Je ne veux pas monter à 150 Kilos, parce que je pense que je n’arriverais plus à me laver correctement, je serais trop essoufflée. Ça s’entendrait sur scène, comme si je venais de courir un 100 mètres. J’aimerais redescendre à 120 kilos, je me sentais bien. Mais, j’ai trop fait de yoyo avec mon poids et là, ça pique ! C’est un véritable échec, mais je l’accepte. Je ne peux pas me bagarrer contre mon inconscient qui lui en a marre que je lutte avec mon poids. Tu comprends ce que je veux dire? Même si je ne mange que pour 1700 calories par jour, je ne maigris pas. Et pourtant, je bouge, j’habite au quatrième étage sans ascenseur.

GALA: Les clichés ont la vie dure, n’est-ce pas…
M.J.: Oui, j’aimerais qu’on dise que les gros ne sont pas des feignants, ni qu’ils puent, ni qu’ils transpirent. Au contraire, on est des warriors. Moi, j’ai des analyses de sang parfaites, sans cholestérol. Tu le crois ça ? C’est stigmatisant d’entendre souvent que le gros est un gros feignant qui s’est fait plaisir en bouffant. Non, je n’ai jamais mangé debout avec une fourchette dans une boite de conserve. Simplement, oui, à table, je peux manger ce petit morceau de saint Marcelin pour finir mon pain avec un tout petit peu de rouge et enchaîner avec une part de tarte tatin. Oui, j’en avais pas besoin, je n’avais plus faim, mais je suis gourmande. Voilà, je suis une grosse qui va bien. M…, je peux quand même le dire !J’ai toujours séduit les hommes, j’ai toujours su faire l’amour comme je voulais, Je suis propre, je pense que je suis courageuse. Je porte un poids que personne ne pourrait porter. Je suis une véritable athlète de haut niveau pour arriver à monter les quatre étages et 83 marches en faisant 138 kilos.

GALA: En 2009, à 47 ans, tu posais nue en couverture de Gala avec ce titre ‘ »Vive les rondes ». La referais-tu ?
M.J.:
Non, pas avec mon corps d’aujourd’hui. Je n’oserais pas. Elle était géniale cette couverture ! Mais j’avais 20 kilos de moins. Je me trouvais sexy à l’époque. Les rondeurs se tenaient vraiment bien: mes seins, ma tête….

GALA: Puisqu’on se dit tout, je n’ai jamais osé te demander si le rôle de maman te manquait…
M.J.:
J’assume ce choix. Au départ, je voulais une famille nombreuse, mais j’ai bien compris que si je voulais un bébé, j’allais m’en occuper à fond. Et dès que j’ai débuté ce métier, je n’en ai plus voulu. C’est la vérité. J’ai pensé que j’étais prédestinée à autre chose. Et je n’éprouve aucun regret, ni remords. Je me suis occupée des bébés des autres et à toutes les périodes: crois-moi, je maitrise les couches, les rhums, les premiers chagrins d’amour et aujourd’hui encore, je suis invitée aux baptêmes, au mariages des enfants de mes ex. Rassures-toi, j’ai eu une bonne dose de câlins dans ma vie !

Cet article est à retrouver dans le Gala N°1548, disponible dans les kiosques ce jeudi 9 février 2023.

Crédits photos : Eric Garault / Pasco

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