Le 12 décembre prochain, Macha Méril sera présente au dévoilement du timbre célébrant Michel Legrand, au Carré d’Encre, à Paris. Avant ce nouvel hommage, l’actrice et écrivaine s’est confiée à Gala.fr sur son rôle de gardienne de la mémoire et de l’image de son défunt mari. Confidences.
Aujourd’hui, elle vit pour deux. Depuis la mort de Michel Legrand, survenue le 26 janvier 2019, Macha Méril a à coeur de perpétuer l’oeuvre de son défunt mari. En parallèle de sa mémoire, elle veille aussi à ce que son image soit respectée. Déjà présidente du Prix Michel Legrand, qui se tient chaque année dans le domaine du couple, situé près de Montargis et dont la comédienne a hérité au décès de son époux, Macha Méril s’attèle également à d’autres projets.
Ces derniers mois, elle a par exemple collaboré avec La Poste, afin de créer un timbre en hommage au célèbre compositeur. Celui-ci sera présenté, face à un petit comité, le 12 décembre prochain, au Carré d’Encre, à Paris, avant d’être dévoilé officiellement au grand public le 24 février 2024, soit le jour de l’anniversaire de Michel Legrand. Pour Gala.fr, Macha Méril est revenue sur ce rôle de « gardienne« , aussi important que symbolique, qu’elle s’est vue confier à la disparition de l’amour de sa vie.
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Gala.fr : Comment est née l’idée de créer un timbre en hommage à Michel Legrand ?
Macha Méril : Ce sont des pourparlers qui datent de presqu’un an… Un jour, La Poste m’a appelée et m’a dit : ‘nous avons une règle, nous pouvons faire des timbres à des personnalités quand elles sont décédées depuis cinq ans.’ J’ai réalisé que ça allait faire cinq ans que Michel nous a quittés. Donc ils peuvent faire un timbre pour sa date d’anniversaire : le 24 février 2024.
Gala.fr : Comment êtes-vous intervenue en coulisses ?
Macha Méril : Ils m’ont montré tout ce qu’ils ont fait par le passé à La Poste. Ils font ça avec les héritiers, les ayant droits, de manière à ce que ce soit en accord avec les personnes qui maintiennent la mémoire du défunt. Comme c’est moi qui ai le droit moral de Michel Legrand, j’ai été consultée principalement. Donc ils m’ont proposé un tas de designers et de dessinateurs différents. Il faut trouver quelque chose qui soit proportionné mais qui soit quand même une vraie image. C’est finalement un très grand designer qui a été choisi, il s’appelle Mathieu Persan, il est un peu spécialiste des affiches d’autrefois, avec une image très parlante, simple mais efficace. Je crois qu’il a très bien réussi ce timbre, qui est lui-même inspiré d’une photo d’un très grand photographe, Jean-Pierre Leloir, et il l’a complètement redessinée.
Gala.fr : Que dirait Michel Legrand en découvrant ce timbre à son effigie ?
Macha Méril : Tout ça est très joyeux parce que je pense que Michel est tellement aimé dans le monde entier qu’un petit timbre qui va voler de pays en pays, ça lui ressemble beaucoup. Ça va tout à fait avec son esprit très voyageur.
Gala.fr : Ce timbre a-t-il une durée illimitée ?
Macha Méril : Une fois que le timbre existe, il est là pour toujours. C’est surtout destiné aux philatélistes et aux collectionneurs. Ils en font pour huit à dix personnalités par an. Par le passé, ils en ont déjà fait pour Raymond Devos ou Alain Resnais.
Gala.fr : Vous êtes la gardienne de la mémoire de Michel Legrand depuis sa mort. Comment ce rôle s’est-il imposé à vous ?
Macha Méril : Il a quatre enfants, nous partageons les droits d’auteur qui tombe, mais c’est vrai qu’il m’a chargée par testament d’être son ayant droit et surtout droit moral. Je ne peux pas empêcher qu’on joue les musiques de Michel Legrand, en revanche, je veille à tout ce qui touche à son image ou ce qu’on va dire de lui. C’est en ce sens-là que j’ai un rôle de gardienne, non seulement de la mémoire de Michel, mais de son image surtout.
Gala.fr : Quels souvenirs gardez-vous de l’homme qu’il était ?
Macha Méril : J’ai eu une chance formidable de partager la vie d’un grand homme. Il n’aimait pas qu’on dise génie, parce qu’il trouvait que ça faisait vieux croûton, par contre il était vraiment un géant. Il a composé toute sa vie avec une telle fantaisie, une telle imagination, une telle richesse. Vous savez, j’ai toutes ces partitions originales avec moi.
Gala.fr : Qu’allez-vous en faire à présent ?
Macha Méril : Je suis en train d’organiser la conservation de ces partitions qui sont toutes manuscrites. Il a tout fait à la main, toute sa vie, y compris quand il faut réorchestrer les morceaux écrits pour X musiciens, qui vont être joués par un orchestre plus petit ou plus grand, et il faut tout réécrire. Je n’avais pas réalisé le travail permanent et immense du compositeur.
Gala.fr : Que vous a-t-il apporté en tant que partenaire de vie ?
Macha Méril : Je suis une femme qui a été aimée et je dois vous dire que toutes les femmes n’ont pas cette chance. J’ai eu des amours, des flambées, des choses formidables mais l’amour comme je l’ai connu avec Michel, c’est que lui voulait que je sois plus heureuse que jamais, ça c’est quelque chose de grand. Ce qui l’intéressait, c’est que je me développe, que j’écrive, que je fasse des choses… Réciproquement, moi aussi je m’occupais de son bien-être pour qu’il puisse travailler le mieux possible. Vouloir le bien de l’autre plus que le tien, même si cela demande des sacrifices, c’est ça l’amour !
Gala.fr : Pensez-vous que le véritable amour, comme celui que vous avez connu avec Michel Legrand, ne se présente qu’une fois ?
Macha Méril : Je crois. Je suis en train d’écrire une pièce de théâtre, que je vais jouer j’espère l’année prochaine, sur Elsa Triolet et Louis Aragon. Ce qui m’intéresse, c’est qu’ils ont eu des hauts et des bas comme tous les couples, mais c’était elle et pas une autre. Et lui, même s’il y a eu toutes sortes de débordements de sa part, il n’empêche qu’il la considérait comme unique et je crois effectivement que le grand amour est unique.
Gala.fr : Vous avez attendu 50 ans avant de vous retrouver. Qu’est-ce qui vous a fait tenir ?
Macha Méril : Quand on s’est connus, on savait qu’on était faits l’un pour l’autre, mais ce n’était pas possible car il était marié. Quand je l’ai accompagné à l’aéroport de Rio de Janeiro, on pleurait tous les deux et il m’a dit : ‘Non ce n’est pas possible… Dans une autre vie !’ Ce que nous ne savions pas, c’est que c’est autre vie arriverait. Après, on s’est dit qu’on aurait pu gagner dix ans ! (Rires) Claude Lelouch, qui nous a très bien connus tous les deux, qui m’a dit : ‘Tu as eu de la chance, parce que quand il était jeune, tu ne l’aurais pas supporté.’ C’est possible… Pour ma part, j’avais la sensation d’être un homme dont je ne me posais aucune question. Ses défauts ne m’apparaissaient pas. Tout me paraissait être un détail par rapport à ce que nous vivions ensemble. Ça fait de moi une femme complètement différente aujourd’hui.
Gala.fr : Qu’entendez-vous par là ?
Macha Méril : Je suis forte pour deux. J’essaye d’être à la hauteur de ce qu’il attendait de moi. L’amour, c’est de l’énergie, de la force, de la chaleur, c’est quelque chose qui fait pousser les projets, et Dieu sait qu’on en avait des projets… Je m’attèle donc à tous les projets qu’il m’a laissés et qu’on n’a pas eu le temps de faire. J’ai 83 ans, je suis un peu acrobate, mais il faut que je me bouge quand même ! (Rires)
Gala.fr : Avez-vous d’autres projets en cours liés à Michel Legrand ?
Macha Méril : Il y a un opéra que nous avons écrit ensemble, que j’espère faire au Châtelet après les Jeux Olympiques, ça s’appelle ‘Les Dévoyés’ et c’est tiré d’un formidable essai du philosophe Clément Rosset, que Michel Legrand aimait beaucoup. Il m’a écrit cet opéra pour deux personnages, que je jouerai évidemment, et derrière il y a les chœurs, les musiques, etc. En parallèle, je m’active sur un autre projet formidable, qu’on avait déjà commencé ensemble. Il a écrit des chansons il y a très longtemps, toutes des tubes, mais qui n’avaient pas de paroles. Je lui ai dit : ‘Michel, pourquoi on ne demanderait pas à des écrivains français d’écrire des paroles sur tes musiques ?’ Comme il était assez modeste, Michel m’a dit : ‘oh non, ils ne me connaissent pas.’ Dès que j’ai pris mon téléphone, tout le monde m’a dit oui ! Chaque chanson sera chantée par un chanteur différent, choisi par Universal, et puis il y aura la question des arrangements. Ce que je peux vous assurer, c’est que j’ai avec moi 12 chansons, qui sont toutes formidables. Avec Stéphane Lerouge, biographe de Michel Legrand et spécialiste de musiques de films, nous allons aussi faire un livre de photos inédites afin de retracer la vie de Michel à travers ses photos personnelles.
Gala.fr : À 83 ans, êtes-vous encore ouverte à l’amour ?
Macha Méril : Je suis dans l’amour ! Je suis mariée avec un mort, mais je suis une femme mariée et une femme heureuse. Franchement, je ne vois pas comment ça peut arriver…
Crédits photos : JLPPA / Bestimage
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