Mat Bastard et son groupe Skip The Use se sont alliés à Lou Sirkis pour un duo pop-rock engagé. Avec leur titre Tout contre nature, les artistes offrent un hymne à la tolérance et à la liberté d’aimer. Alors que leur single résonne sur toutes les ondes, ils se sont confiés à Gala.fr.
Un hymne à l’amour et à la tolérance. Après la sortie de leur album Human Disorder et plus de cent concerts dans toute la France, Skip the Use a décidé d’unir sa voix à celle de Lou Sirkis. Un nom qui est plus que familier. Cette membre du groupe Toybloïd n’est autre que la fille du regretté Stéphane Sirkis et nièce de Nicola Sirkis, chanteur d’Indochine. De cette rencontre est né un tube aux sonorités pop-rock devenu viral : Tout contre nature. Un titre, composé simplement de trois mots, mais dont la portée est plus grande que n’importe quelle tirade. Ce single, sorti le 18 avril dernier, est une joyeuse célébration des différences. Et pour cause, derrière chaque couplet se cache une volonté pacifiste de dénoncer les haines et la volonté de vivre sans peur ni tabou. Pour Gala.fr, Mat Bastard et Lou Sirkis ont accepté de revenir sur leur duo mais aussi sur leurs valeurs et leurs idéaux. Une rencontre placée sous le signe de la tolérance, du partage et surtout, de l’amour.
Gala.fr : Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Lou Sirkis : Dans une salle de concert, un peu par hasard. Avec mon groupe Toybloïd, on faisait la première d’un concert de Skip The Use. C’était il y a une dizaine d’années. Après, ils nous ont appelés pour une autre première partie et on a fait une émission de télé ensemble.
Gala.fr : Qu’est-ce qui vous a plu dans l’univers artistique de l’autre ?
Mat Bastard : L’énergie du rock, la volonté de susciter la prise de position sans être relou et la volonté de rendre les gens heureux à travers la danse et la chanson.
Lou Sirkis : La fête, les tatouages, la bogossitude. Et puis, c’est rare d’avoir un tel groupe de rock en France qui rassemble autant de monde. Skip the use, c’est de la joie, de la bonne humeur et de la fête lors de leur concert.
Gala.fr : Comment est venue l’idée de cette collaboration musicale sur le titre Tout contre nature ?
Mat Bastard : J’ai toujours voulu faire quelque chose avec Lou et son groupe Toybloïd. Pour moi, c’est l’un des derniers Mohicans des groupes français de rock avec une belle impulsion féminine. Ce qui m’a frappé chez Lou, et surtout dans son dernier album, c’est son engagement. C’est clairement quelqu’un qui ne se cache pas derrière son petit doigt. Je trouve ça vraiment super cool. Alors, j’avais l’envie mais je n’avais pas la chanson. Puis quand ça a été le cas, je l’ai tout de suite appelé.
https://youtube.com/watch?v=8QhzXSgGxq4%3Frel%3D0%26showinfo%3D1
« Cette chanson est vraiment actuelle »
Gala.fr : D’ailleurs, cette collaboration est une grande première pour Lou puisque vous chantez en français sur ce titre.
Lou Sirkis : L’enjeu était gros. C’était la première fois que je chantais en français. Quand Mat m’a envoyé le titre, je pensais que ça allait être en anglais. Je lui ai dit : ‘Ah ! C’est du français ? Attends, j’écoute… ça me plaît, j’aime beaucoup, let’s go !’ J’étais surprise mais j’ai tout de suite aimé le morceau. J’ai trouvé ça vachement bien dans les paroles et dans ce que cela revendique. Ça correspondait beaucoup avec ce que je vivais
Gala.fr : Tout contre nature est un titre engagé pour les droits LGBTQI+. Pourquoi avoir choisi ce thème pour ce duo ?
Lou Sirkis : Parce que c’est important de le rappeler (elle rit).
Mat Bastard : Je n’ai pas tout de suite abordé ce thème en chanson. Je l’ai fait en me prenant la tête avec des gens, dans des manifestations homophobes et de toutes les manières différentes. Ça m’a fait mal, ça ne m’a pas amené très loin et ça n’a pas changé l’avis des gens. Je me suis dit que le côté frontal, ce n’était pas ouf. Là, plein de gens partagent, soutiennent et s’approprient cette chanson. Ok, on l’a pris dans le sens LGBTQI+ mais le texte est ouvert. Par exemple, je vis aux États-Unis avec ma femme qui est blanche. On nous regarde tout le temps dans la rue. On me regarde en me disant : ‘Qu’est-ce que tu fous avec elle ?’ Et les blancs la regardent en lui disant : ‘Qu’est-ce que tu fous avec lui ?’ Cette chanson nous correspond aussi. Cette chanson est vraiment actuelle. La manière dont on l’aborde, avec le sourire et un côté dansant, est hyper-efficace.
Gala.fr : Selon vous, la liberté d’aimer qui l’on souhaite dans notre société est encore taboue ? C’est essentiel à vos yeux de défendre cette cause en chanson ?
Lou Sirkis : C’est le but d’une chanson comme ça. Petite pierre par petite pierre, on essaye de faire avancer la société et les mentalités. Après, est-ce qu’on peut aimer librement aujourd’hui, est-ce qu’on peut être qui on est aujourd’hui’ ? Pas sûre. Malheureusement, on est dans un monde encore trop peu tolérant et on l’a vu récemment avec Bilal Hassani. Le titre Tout contre Nature rappelle que tu peux être qui tu veux, tu fais absolument ce que tu veux et tant pis si le monde n’écoute pas. Si tu es sûr de toi, fonce !
Mat Bastard : Il y a le truc d’aimer l’autre mais aussi de s’aimer soi. Si on ne correspond pas à une norme ou à une communauté, on s’en fout. Il faut de tout pour faire un monde. Il ne faut pas avoir peur d’être soi-même.
Gala.fr : Lou, vous êtes membre de Toybloïd, un groupe rock engagé. Pouvez-vous nous dire un petit mot à son sujet ?
Lou Sirkis : Toybloïd est un groupe de rock composé de deux filles et un garçon. On joue de la guitare basse et batterie, ce qui se fait de moins en moins (elle rit). Ça fait une dizaine d’années qu’on existe. On a exclusivement tourné en France alors qu’on a sorti deux albums chantés en anglais. Nos grosses références ont toujours été des nanas à voix : les Gossip, Patti Smith. On aime aussi beaucoup le groupe métal de filles L7. On n’a jamais trop revendiqué le fait d’être un groupe de filles en mode ‘Super, on est des nanas !’ Non, on s’est juste posées-là en essayant d’envoyer autant la patate que des groupes de garçons qui font du rock. On est engagées mais on ne l’a jamais fait avec un étendard : ’Proud to be a woman’. On est des filles et c’est comme ça ! (Elle rit).
« J’ai toujours eu le choix de faire le style musical que je voulais »
Gala.fr : Lou, ce n’est un secret pour personne. Vous êtes la fille de Stéphane Sirkis et la nièce de Nicola Sirkis, chanteur d’Indochine. Est-ce que vous vous attendiez à marcher dans les pas de votre père et de votre oncle ?
Lou Sirkis : Est-ce que je marche dans leurs pas ? Non, pas trop (elle rit) ! C’est sûr, j’ai fait de la musique dès mon plus jeune âge et je suis dans ce milieu depuis toute petite. Après, j’ai toujours eu le choix de faire le style musical que je voulais. Il se trouve juste qu’on fait à peu près le même métier.
Gala.fr : Est-ce qu’ils ont influencé votre style musical ?
Lou Sirkis : En toute honnêteté, dès mon plus jeune âge, ils ont voulu me faire écouter Patti Smith, les Rolling Stones et les Beattles. Malheureusement, je les ai beaucoup déçus car mon premier concert de toute ma vie c’était Cher (elle rit).
Mat Bastard : Alors, je ne l’ai jamais dit à Lou, mais j’ai été vachement influencé par son père Stéphane dans sa manière de composer de la musique et de faire de la guitare. C’est marrant car des gens me disent que dans certains de nos morceaux il y a des côtés Indochine. Pour moi, ils ont vraiment été précurseurs d’une certaine musique électronique, new et dark wave. C’est vraiment une influence parmi d’autre. Le côté électro-rock de Skip The Use est vraiment issu de ces mecs-là. Et puis, ils ont des statements. Ils sont engagés dans des trucs hyper sociaux. Ils ont mis en lumière des sujets que personne n’avait abordés. Ce sont des engagements nobles.
https://www.instagram.com/p/Cdv1ObJjokQ/
A post shared by TOYBLOÏD (@toybloid)
Gala.fr : Que pense votre oncle Nicola Sirkis de votre carrière et de vos chansons ? Est-ce qu’il vous donne des conseils ?
Lou Sirkis : Oui et oui (elle rit). Il est très curieux. Il me fait aussi connaître beaucoup de groupes de filles aux États-Unis et en Angleterre. On partage beaucoup de nouvelles découvertes. Est-ce qu’il est de bons conseils ? Je ne sais pas mais il m’en donne (elle rit). Il est très gentil.
Gala.fr : Vous avez un patronyme qui est connu par des milliers de Français. Ce n’est pas difficile au quotidien de porter le nom de famille « Sirkis » ?
Lou Sirkis : Il y a un peu de tout. Il y a plus de coups de poings dans le ventre que de facilité. Malheureusement dans le monde musical, c’est assez connu quand on est « fille de » ou « fils de ». Je n’ai jamais trop joué cette carte pour faire une carrière. J’ai toujours préféré aller jouer avec mon groupe de rock dans des caves par exemple. Je sais que dans le public, il y a un peu des deux. Il y a en qui vont être contents de voir le nom et d’autres qui vont se dire : ’Ok, c’est bon, c’est nul. On s’est d’où elle arrive’. Après, il y a aussi un peu de jalousie et un peu de haine par rapport à ça. Dans le milieu professionnel, ça dépend. Il y a des propositions intéressantes comme des gens qui me ferment tout de suite la porte au nez.
https://www.instagram.com/p/Cfo1xNODXzM/
A post shared by Lou Sirkis (@lousirkis)
Gala.fr : Vous êtes tous les deux membres d’un groupe. Quels sont vos projets ?
Mat Bastard : On a les festivals cet été et les zéniths jusqu’à la fin octobre (le 19 octobre 2023 au Zénith de Lille et le 21 octobre 2023 au Zénith de Paris, ndlr) Après, je travaille aussi pour le cinéma. Je suis en train de faire les musiques pour deux films. Et puis, on va sortir un nouveau EP avec Skip The Use en juin. Il va être très trash, je pense. Enfin, le nouvel album est prévu l’année prochaine. On va disparaître un peu des radars après les zéniths. Ça va me permettre de faire plus de ciné et de documentaires. Ensuite, on reviendra dans un an.
Lou Sirkis : Cet été, c’est petite tournée parce qu’on va bientôt rentrer en studios avec Toybloïd. Je pense qu’on va passer un virage. Le morceau Tout contre nature m’a décoincé sur le français. Il va y avoir de nouvelle tête et une nouvelle langue. On va sortir des titres en français. Je suis aussi sur le projet de réaliser un clip et un mini-documentaire sur l’histoire du groupe. J’ai cherché mais je n’ai pas trouvé de docu sur des groupes de rock de filles en France.
Gala.fr : Est-ce que le public aura la chance de vous voir bientôt sur scène ensemble ?
Mat Bastard : Lou a déjà plein de dates de son côté. Mais dès qu’elle est dispo, j’aimerais bien qu’elle vienne avec tous les membres de Toybloïd. J’ai un peu le fantasme de refaire ce qu’on a fait au Bataclan, il y a dix ans. C’était une super soirée ! Je la harcèle un peu pour ça (il rit). Et ça, bien avant qu’on fasse le single. Je suis sûr qu’on va réussir à faire une soirée, je ne sais pas où et quand. Après, on a plein de festivals cet été. Elle sait qu’on est là et qu’elle a sa place au chaud dans le bus.
Crédits photos : Frédéric Rivet
Il vous reste 85% de l’article à découvrir
Autour de
Source: Lire L’Article Complet