Révélé par Les Douze Coups de midi aux côtés de Jean-Luc Reichmann, le jeune homme vient de sortir un nouvel ouvrage aux éditions Harper Collins, Crimes et Mystères de France…

Ici Paris : Vous aviez déjà écrit Crimes et Mystères de Paris. Comment avez- vous choisi ces faits divers ?

Paul El Kharrat : Je me suis intéressé à des affaires pas très connues, dont on n’avait pas beaucoup de documentation, et j’ai eu envie de les mettre en lumière.

Vous avez 24 ans, et vous vous êtes fait connaître dans Les Douze Coups de midi sur TF1 en 2019, où vous avez été champion à tout juste 20 ans. Les questions posées étaient-elles faciles pour vous ?

J’ai essayé de me concentrer du mieux que j’ai pu, de dompter un environnement qui n’était pas des plus conciliants, avec des stimuli extrêmement forts. C’était loin d’être simple au début mais, petit à petit, j’ai réussi, avec l’aide des autres aussi. Ma particularité fait partie intégrante de moi-même. Elle doit être prise en compte.

En quoi cette émission a-t-elle changé votre vie ?
Outre la transmission de mon trouble autistique, cela a été un tremplin. L’émission a duré cinq mois et demi. J’ai pu me faire connaître de nombreuses personnes, asseoir cette notoriété, écrire mon histoire et d’autres livres promus sur des plateaux télé. Les Anecdotes de l’Histoire du monde est en chantier.

“Ma particularité fait partie intégrante de moi-même”

Vous avez aussi participé au jeu de M6 Les Traîtres.
Oui, l’an dernier. J’aime les jeux de société, j’ai apprécié Les Loups-garous. Et je suis depuis 2020 aux Grosses Têtes.

Vos ouvrages Ma 153e victoire, préfacé par Jean-Luc Reichmann, et Bienvenue dans mon monde : moi, Paul, autiste Asperger font-ils avancer les choses ?

Oui, je contribue à une meilleure considération et compréhension des troubles du spectre de l’autisme, et pas seulement du mien. Je parviens à en parler, à être entendu et écouté, par un certain pouvoir oral à travers la télé et les réseaux. Le syndrome d’Asperger est une autre forme d’intelligence, avec une hypersensibilité, une capacité à comprendre supérieures aux autres. J’ai une capacité de mémorisation, une culture supérieures. D’autres Asperger ont d’autres compétences.

Comment se fait-il qu’on ait découvert votre handicap à 16 ans seulement ?

On s’est posé énormément de questions à mon sujet dès l’âge de 3 ans. Je ne supportais pas d’être touché, j’avais certaines aptitudes et des habitudes auxquelles je ne pouvais pas déroger. Finalement, on a considéré que j’étais quelqu’un de plutôt énergique, assez impulsif. On ne pensait pas que mes connexions neurologiques étaient modifiées. Finalement, on a considéré que j’étais quelqu’un de plutôt énergique, assez impulsif. On ne pensait pas que mes connexions neurologiques étaient modifiées.

Avoir mis des mots sur votre trouble a-t-il changé quelque chose pour vous ?

Oui, parce qu’on repart sur des bases différentes et on a été en mesure de me faciliter la vie, rapport au relationnel, à mon intégration dans un cadre scolaire où l’on a fait en sorte que je n’échoue pas à des moments clés de ma vie, lors des examens. J’ai vécu six ans et demi en Martinique, de la fin de l’école élémentaire à la Première, puis j’ai fait des études d’histoire.

Vos parents, un père champion de course et une mère qui travaille dans l’administration, vous ont-ils aidé ?

Mon père a été assez déboussolé, désabusé par cette nouvelle : il avait peut-être une considération un peu primitive de ce qu’est l’autisme, il a eu du mal à l’accepter. Ma mère s’était renseignée, mais était toujours surprise de mon comportement, de ma manière d’évoluer dans cette société, de supporter l’adversité.

Comment vivez-vous votre handicap aujourd’hui ? Est-ce plus facile depuis que vous êtes plus populaire et sur
le devant de la scène ?

Pas tellement. On ne peut pas être apprécié de tous dans un cadre médiatique. J’ai réussi à me créer des relations amicales. Plutôt des connaissances, des copains, que des amis. Je n’ai pas de petite copine. C’est quelque chose que j’aimerais expérimenter.

Comment voyez-vous votre avenir ?

Je voudrais poursuivre dans les médias. J’espère ne pas être censuré quand je prononce des avis clivants ou divergents sur certains sujets ou des blagues difficiles à comprendre. Je me vois continuer dans le domaine littéraire, à la radio, je l’espère.

Après ce livre, que déduisez-vous de la nature humaine ?
Le monde est cruel et difficile. Il faut savoir se faire une place, lutter contre les uns, se faire aider par d’autres. Tu peux être empêché par l’homme, mais tu réussis aussi grâce à l’homme. Il faut trouver le juste milieu. Les criminels de mon livre sont de tout milieu social et, dans un contexte donné, ont commis l’irréparable. Ils vivaient déjà dans une existence troublée, avortée. Un système dans lequel ils ne se reconnaissent pas. Ce sont des crapules ou des personnes habitées du désir de vengeance, de tuer.

Vous avez dit rester parfois « bloqué sur des choses », avoir « des pulsions morbides, suicidaires parce que tu souffres tellement et tu ne sais pas comment t’en sortir »…

Oui, ce sont des choses qui sont toujours en moi. C’est très dur de s’en défaire, j’essaie de composer avec. Je n’ai plus de psy. Tout est très fluctuant. Ça change de façon brutale, je peux être très calme, très serein, puis disjoncter. Je prends un traitement.

PROPOS RECUEILLIS PAR ELSA CHEMOR

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