Élu à la présidence de la Commission des Finances ce jeudi 30 avril, Éric Coquerel fait désormais partie des personnalités qui pèseront sur la politique nationale des cinq prochaines années. Pour Gala.fr, l’Insoumis de 63 ans s’est livré sur son parcours professionnel, ses passions et sa relation avec Jean-Luc Mélenchon.

A propos de


  1. Eric Coquerel


  2. Jean-Luc Mélenchon

La politique, il l’a pratiquée de toutes les manières. De son adolescence bercée par des thèses anarchistes, trotskistes et marxistes à son premier mandat de député, en 2017, Éric Coquerel est resté le même militant. Animé l’inébranlable désir de faire bouger les choses et l’espoir de réparer les injustices sociales auxquelles il a été confronté dès ses jeunes années. Mais s’il y a bien un poste auquel ce sexagénaire Insoumis ne s’était jusqu’ici pas permis de rêver, c’est le poste de président de la très stratégique Commission des Finances de l’Assemblée nationale, jusqu’ici occupé par Éric Woerth (Les Républicains).

Ce jeudi 30 juin, la carrière de ce député de Seine-Saint-Denis, réélu sans difficulté aux dernières législatives, a pris un nouveau tournant. Pour toute la durée du second quinquennat d’Emmanuel Macron, l’acolyte de Jean-Luc Mélenchon sera chargé du contrôle et du suivi de l’exécution du budget de l’État français. Une mission d’opposition que compte remplir avec intelligence et l’appui de ses camarades de la Nupes. Seule ombre au tableau pour sa prise de fonction : des rumeurs de “comportements déplacés” que La France insoumise vient de farouchement démentir.

Avant cette polémique, Éric Coquerel est revenu sur son parcours en politique, ses passions et ses ambitions pour les cinq prochaines années pour Gala.fr. Entretien.

  • Sa réaction à l’annonce de son élection

“Je n’en reviens pas encore. Je ne suis pas tellement un homme de pouvoir, je n’ai pas un plan de carrière. Alors bien sûr, je voyais bien ce que cette fonction signifiait parce que politiquement, cela veut dire qu’on est la plus grande opposition à l’Assemblée face à Emmanuel Macron. Maintenant, je ne mesurais pas ce que ça pouvait provoquer. Je le vois depuis quelques heures avec les centaines de messages que je reçois et la satisfaction des gens de ma circonscription. Ça ne me fait pas peur mais je me dis que je ne vais pas avoir un deuxième mandat aussi tranquille que le premier !”

  • Jean-Luc Mélenchon et ses modèles en politique

“Il y en a eu plusieurs qui correspondaient à la gauche de rupture qui me tenait à cœur. Mais après j’ai un peu fluctué au niveau des formes d’organisations. Quand j’étais tout jeune, j’étais très inspiré par les théoriciens anarchistes et des penseurs comme Karl Marx et Léon Trotski, un mélange de références intellectuellement et de lutte. Mais à part ça, il n’y avait pas vraiment de personne que je considérais comme mon leader intellectuel.

Je pense que j’ai attendu Jean-Luc [Mélenchon] pour ça. Lorsque je l’ai rencontré en 2004, j’ai reconnu en lui mon leader en terme intellectuel, stratégique et politique. Ça restait des rapports de réflexion commune, il n’a jamais été mon gourou !”

  • Son cheminement vers la politique

“J’ai toujours été engagé en politique, depuis très jeune. J’ai fait mes premières manifestations à l’âge de 14 ans, parce que j’étais un enfant des années post-1968. L’engagement politique était assez courant à cette période-là. J’ai très rapidement eu des convictions qui étaient en lien avec mes origines familiales. Ayant deux grands-pères ouvriers et une mère employée de bureau, l’injustice sociale m’a toujours et rapidement insupporté.

À côté de cela, j’ai raté mon BAC à 19 ans. J’ai d’abord eu une vie professionnelle d’abord faite de plein de petits boulots. En 1983, je me suis quand même dit que j’avais envie de faire des études alors j’ai décidé passé mon BAC en candidat libre, en étant salarié. J’ai suivi des études d’histoire La Sorbonne, avec les cours du soir et c’est comme ça que j’ai obtenu mon diplôme.

Il n’y a donc pas eu de moment précis à mon arrivée en politique entrée en politique. Je n’ai jamais vécu et je continue à ne pas vivre la politique comme une carrière ou un métier. Pour moi, c’est un engagement et j’ai toujours refusé de changer mes idées pour essayer d’en vivre. Ça n’a jamais été l’objectif.”

  • Ses premières responsabilités en politique

“Toutes ces raisons m’ont toutefois amené à rejoindre la LCR [Ligue communiste révolutionnaire, ndlr.] au début des années 1980. J’y suis resté jusqu’en 1998, pour ensuite m’engager auprès de Jean-Pierre Chevènement, et participer à sa campagne en 2002. Je considérais à l’époque que la question de la République était encore porteuse d’émancipation et que le peuple était souverain.

Puis, en 2003, j’ai créé avec Éric Halphen [juge anti-corruption, ndlr.], un petit parti qui s’appelait le Mars [Mouvement pour une alternative républicaine et sociale]. C’est à cette période que j’ai rencontré Jean-Luc Mélenchon et cela nous a amené a co-fondé ensemble le Parti de gauche, en 2009. Mais vie a pris un véritable tournant politique en 2010, lorsque j’ai été élu au conseil régional d’Île-de-France et, bien sûr, député en 2017.”

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  • Ses passions

“J’ai une passion forte dans ma vie qui est la voile. Mon père était marin de la marine marchande et toute ma famille était de Fécamp, en Normandie, donc la mer a toujours eu beaucoup d’importance pour moi. J’ai d’ailleurs commencé à faire de la voile assez vite et en 1989, je me suis dit qu’il était temps de trouver un secteur professionnel dans lequel je pouvais m’épanouir. Alors de fil en aiguille, j’en suis venu à travailler sur des courses de voile et c’est devenu mon activité principale. Je me suis longtemps occupé de la communication et de l’organisation de courses de marins tels que Michel Desjoyaux ou Isabelle Autissier mais aussi de la fédération française de voile et de l’équipe de France. J’étais à la tête d’une toute petite entreprise de communication qui s’appelait Effets Mer.

Ces dernières années, mon activité de député me prenait entre 70 à 80 heures par semaine, divisées entre l’Assemblée et la circonscription. Mais une fois par an, je me réserve un mois pour partir en bateau car ce sont des choses qui restent importantes dans ma vie.”

  • Sa vision du poste de président de la Commission des Finances

“À partir du moment où je me suis retrouvé en position de responsabilité dans mon parti, c’est vrai que député était un rôle que je voulais endosser. Par contre président de la Commission des Finances, non. J’ai commencé à y réfléchir il y a seulement quelques mois. On discutait avec Jean-Luc Mélenchon du gouvernement si on avait été majoritaires à l’Assemblée. Mais Jean-Luc m’a dit : “Si on n’est pas majoritaires, il faut que tu te prépares à la présidence de la Commission”. C’est là où, tout d’un coup, je me suis dit que c’était naturel de postuler.

? "Je compte faire en sorte que cette commission continue à être un lieu où l'on débat plus du fond que de la forme et du buzz" affirme Eric Coquerel à propos de ses nouvelles fonctions. pic.twitter.com/OR8lclPoN3

La Commission des Finances, c’est un contre-pouvoir de taille par rapport à l’exécutif. Cela n’a pas été le cas au cours des cinq dernières années et là, cela va se voir ! Cela ne veut pas dire que je vais bloquer l’Assemblée et être en confrontation perpétuelle avec le gouvernement. Je vais par contre donner la tonalité de ce qui me porte, à savoir l’alliance de la Nupes et son programme. Et tout cela peut se faire de manière intelligente.”

Crédits photos : Panoramic / Bestimage

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