Dans un ouvrage poignant, l’ex-présentateur du “Juste Prix” et du “Millionnaire” se livre pour la première fois et comme jamais…

Avec son timbre de voix reconnaissable entre mille, son lancer de micro incomparable et son incroyable pêche, le présentateur aujourd’hui âgé de 70 ans a contribué aux belles heures de la télé. Animateur, chanteur, comédien, cet artiste aux multiples talents se mue en écrivain.

Dans son ouvrage intitulé Dites bien à mon fils que je l’aime (éd. de l’Archipel), c’est avec les derniers mots de son père qu’il remonte le fil de sa vie, avec émotion et non sans humour, nous embarquant dans un joli voyage. Et ça fait un bien fou ! Confidences intimes depuis sa maison du sud de la France, sous l’œil complice d’Anne qui partage sa vie depuis plus de quarante ans.

©SACHA SALINAS

France Dimanche : Comment est née l’idée de cet ouvrage ?

Philippe Risoli : En bavardant avec mon père à la fin de sa vie. Lui, jusqu’alors si taiseux et discret, s’est mis à me parler de ce petit Italien de 10 ans, fils d’immigrés, qui débarquait à Paris en pleine guerre, de sa jeunesse, des choses terribles qu’il a vécues, comme ce jour où mon grand-père manquera d’être pendu sous ses yeux.

Jusqu’à sa rencontre avec ma mère, sa passion pour la danse, ma naissance, etc. Bref, j’ai découvert mon père, son histoire, qui sera le point de départ de mon bouquin. Me raconter à travers ma famille et le récit de ce dernier témoin. Et alors qu’ils sont tous partis, je les réunis une ultime fois.

Diriez-vous que cela vous a fait du bien ?

Oui, car c’était très sympa de tous les retrouver et de prolonger leur existence. Après, que ce soit l’immigration, la fin de vie, l’arrêt du tabac, la peur en avion, l’inflation… tous ces sujets que j’aborde sont toujours d’actualité. En mieux ou moins bien, mais c’est la même chose. Surtout, je pense que les gens se reconnaîtront et seront heureux de se dire que les mecs de télé vivent exactement comme eux. C’est le naturel et la proximité qui ont fait mon succès, et que j’ai souhaités dans cet ouvrage. Je n’ai jamais joué un rôle !

Comment avez-vous vécu cette replongée dans vos souvenirs ?

C’était très émouvant ! Plus encore car j’ai tenu à être le plus fidèle possible, et j’ai finalement raconté ce que des millions de familles françaises modestes ont connu. Et si je remonte à l’enfance, c’est parce que j’y suis très attaché et qu’elle détermine tout le reste. D’ailleurs, toutes les personnes que j’ai pu accompagner dans leur fin de vie évoquaient quoi ? Leurs souvenirs d’enfance.

“Les lecteurs seront heureux de se dire que les mecs de télé vivent comme eux.”

On se rend compte que vous ne connaissiez pas votre père ?

Autant j’étais très proche de ma mère avec qui il suffisait d’un regard pour se comprendre, autant j’échangeais très peu avec mon père qui, comme mon grand-père, était un homme à poigne, plutôt sévère et secret. À la mort de ma mère en 2004, il s’est retrouvé seul, et c’est là que je l’ai vraiment découvert. Je me suis mis à aller le voir plus souvent, je l’emmenais au cinéma, l’invitais aux fêtes de famille… Et c’est durant ces nombreux trajets en voiture qu’il a éprouvé le besoin de se livrer, enfin ! Cela nous a énormément rapprochés, et m’a surtout fait réaliser que si maman n’était pas partie avant lui, je ne l’aurais jamais vraiment connu.

Vous évoquez aussi cet épisode dingue avec Mesrine…

Oui, ce 2 novembre 1979, j’allais chercher mon nouvel appareil photo boulevard Ney, accompagné d’Anne, ma future femme. Lorsqu’en sortant Porte de Clignancourt, nous avons été surpris par des détonations. Allongés dans les escaliers du métro, nous avons eu l’impression d’assister à une scène de film. Pourtant c’était une fusillade, une vraie ! Les secondes nous ont semblé une éternité. Figés devant cette voiture criblée de balles, nous nous sommes demandés qui était l’homme qui gisait à l’intérieur… Avant de comprendre qu’il s’agissait de Jacques Mesrine, « l’ennemi public n° 1 ». Ces images ne m’ont jamais quitté.

Êtes-vous nostalgique de vos années télé ?

Pas du tout. Même si quand je retourne dans certains lieux, des images ou des odeurs parfois m’envahissent, mais c’est plutôt agréable. Je suis tellement heureux d’avoir vécu tout ça. Après, je ne peux pas dire que je n’y reviendrai jamais, car j’ai ça dans le sang ! À la télé, j’ai à peu près tout fait, du sérieux, du déconnant, de la variété, des jeux, des grands divertissements… mais je n’ai jamais réellement fait l’acteur ; du coup, un rôle dans une série ou un téléfilm m’amuserait beaucoup. J’ai juste joué dans deux pubs il y a longtemps, dont une pour Martini, un comble pour moi qui ne boit pas une goutte d’alcool !

“Une voyante a prédit à ma mère qu’elle aurait un fils qui ferait carrière dans l’image !”

Claude Chabrol vous avait pourtant fait de l’œil ?

C’est vrai. Passionné de jeux, particulièrement du Juste Prix, il pouvait stopper un tournage pour le regarder. J’ai eu l’honneur de le rencontrer plusieurs fois, et lors d’une fête pour son 50e film, j’ai même débarqué en surprise avec les hôtesses du jeu et tout le tralala. Il était ému aux larmes. Et comme il trouvait que j’avais une « gueule », il m’avait en effet proposé un rôle de notaire véreux, un peu machiavélique. J’en étais tellement heureux ! Malheureusement, il est parti trop tôt.

Vous avez arrêté de fumer de façon pour le moins radicale ?

En effet ! J’ai beaucoup de volonté et quand je me fixe un objectif, je m’y tiens. Pour la cigarette, ce n’est même pas l’emphysème, cette maladie pulmonaire contre laquelle ma mère se battait qui m’a poussé à arrêter, mais du fait que ce soit interdit dans les lieux publics. Fumer mes deux paquets journaliers allait devenir un tel enfer que j’ai préféré stopper. Alors j’ai tiré comme un fou sur vingt clopes en même temps, jusqu’à vomir et être écœuré pour toujours. Depuis janvier 2004, je n’ai jamais refumé, Pourtant Dieu sait que j’aimais ça ! Et comble du truc, voilà qu’on m’invite en mars prochain à animer un congrès sur… la cigarette électronique !

“J’ai été assistant de Sim !”

Parlez-nous de cette voyante qui avait tout prédit…

Oui, cette dernière avait dit à ma mère qu’elle allait se marier et avoir un fils qui ferait carrière dans l’image. Et que je m’appellerai Charles ! Bon, mes parents n’étant pas spécialement fans m’ont appelé Philippe, Jean, Louis, et… Charles au cas où… !

Vous avez commencé votre carrière sous un drôle de pseudo !

En fait, comme il y avait déjà un Philippe à la radio dans laquelle je débutais, on m’a conseillé de me trouver un autre nom. Et comme était alors diffusée une chanson de Jean-Patrick Capdevielle, j’ai dit : « Ben, appelez-moi Jean-Patrick ! » Bon, mais j’ai quand même vite repris Philippe en changeant de station.

Vous avez aussi débuté comme assistant de Sim ?

Oui, qui animait à l’été 84 une émission de variétés. On formait un super duo, car lui était très calé sur l’ancienne génération, Dalida, Enrico Macias, Dassin, etc. Et moi qui arrivais de la radio, je faisais venir tous les petits nouveaux de l’époque : Goldman, Daho, Cabrel, Bruel, Dion, Farmer… qu’il ne connaissait absolument pas, donc il m’interrogeait avec de grands yeux tout ronds. C’était un type d’une gentillesse inouïe, et on s’est bien marrés !

“Je devais jouer un notaire véreux pour Chabrol.”

Avez-vous un jour craint d’être « has been » ?

Non, car j’ai toujours su rebondir ! J’ai plein de cordes à mon arc, j’aime écrire, chanter, jouer la comédie, et c’est ce qui me sauve ! Quand je me retrouve sur Gulli à présenter L’École des fans, je m’éclate tout autant qu’aux commandes du Juste Prix sur TF1. Et au théâtre, c’est pareil. Et puis j’ai ma famille, ma femme, mon fils et ma fille, mon petit-fils Léo (2 ans ½), mes amis… Et j’adore les voyages. Je serais d’ailleurs très triste si un quelconque ennui de santé m’en privait. J’ai ça dans la peau !

Votre livre nous laisse quand même un peu sur notre faim…

C’est fait exprès ! J’ai prévu une suite, mais avant de m’y atteler, j’attends de voir comment est accueilli ce premier opus. Alors je croise les doigts, mais au vu des premiers retours, je suis assez confiant. Je n’escomptais pas un accueil aussi enthousiaste. Ensuite, j’espère revenir sur scène en 2024, n’importe laquelle, quelle qu’elle soit… C’est ma vie !

Propos recueillis par Caroline BERGER


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