Dans un one-woman-show aussi délirant qu’émouvant, la cadette du célèbre acteur nous raconte ce que ça fait d’être la “Sœur de…”
Bien sûr, vous adorez son frère Kad, cet acteur génial qu’on ne présente plus. Alors courez vite à La Comédie Saint-Michel, à Paris, du 30 novembre au 9 décembre, découvrir sa cadette, Mina, que vous aimerez tout autant, car elle est tout aussi épatante ! Dans un “seule-en-scène” intitulé Sœur de…, la pétulante jeune femme de 54 ans évoque avec humour et bienveillance, et surtout beaucoup d’amour, comment la notoriété de son aîné et particulièrement le tsunami Bienvenue chez les Ch’tis ! a bouleversé leur vie. Avec tendresse, drôlerie et une énergie ébouriffante, elle nous embarque dans sa joyeuse folie…
France Dimanche : Comment est né ce spectacle ?
Mina Merad : De moi ! Depuis une vingtaine d’années, je rassemblais des petites anecdotes, dans le secret espoir d’en faire quelque chose un jour. Car, le fait d’être « sœur de… » donne des situations inattendues et tellement cocasses, que je voulais les raconter.
Quel a été le déclic ?
J’avais déjà écrit pas mal de pages, lorsque j’en ai parlé à mon amie Coralie Baroux – femme d’Olivier, complice de toujours de Kad. Elle m’a dit que c’était dingue, car elle-même réfléchissait à un film sur le thème de « Femme de… ». Elle m’a alors aidée à trouver un fil rouge et à mettre de l’ordre dans tout ça, car avec moi ça partait dans tous les sens. Et nous voilà !
En aviez-vous parlé à votre frère ?
Bien sûr, il l’a même validé, ce qui était très important pour moi. Il est aussi venu me voir jouer en avril dernier et m’a dit que c’était super. C’est vrai qu’il a bien ri, je le sais, je l’ai entendu ! Donc, tout va bien. Car le savoir dans la salle m’a quand même mis un petit stress supplémentaire. Non pas parce que c’est Kad Merad, ça reste mon frère, mais parce que c’est un professionnel et que je parle de lui, de nous, nos parents, notre enfance. Ce qui est intime, et tellement drôle compte tenu des réactions des gens quand ils réalisent que je suis la « sœur de… » Beaucoup se reconnaîtront, j’en suis sûre.
Kad vous a-t-il conseillée ?
Il m’a surtout rassurée, et c’est c m’importait le plus. Il m’a aussi dit que je n’avais pas besoin de tous ces accessoires, tant j’étais une bonne comédienne. Imaginez… venant de lui ! Mais c’est vraiment un spectacle d’amour et de bienveillance et, en sortant, les gens me disent souvent : « On voit que vous l’aimez, votre frère ! » Donc le pari est gagné !
Vous dites que votre vie a radicalement changé quand votre frère est devenu une super star. Dans quel sens ?
Au départ, je ne disais pas trop que j’étais sa sœur. Et quand les gens s’interrogeaient : « Mais Merad, Merad… comme l’acteur ?« , je répondais : « Oui, oui, ça s’écrit pareil ! » Ensuite, lorsqu’ils comprenaient, je leur lançais : « Mais je ne suis que sa sœur. Ce n’est pas moi qui chante, joue de la batterie, crève l’écran au cinéma, etc. Ce n’est pas moi la star ! » Malgré tout, les réactions sont tellement incroyables, improbables ! À la sortie, beaucoup me disent : « Ah ouais, quand même ! » et n’osent même plus me demander de faire une photo. Désormais, je suis bien obligée de dire que je suis la sœur de Kad, mais pas que, je suis avant tout Mina !
Et vous vouliez le rappeler !
Oui, mais ce n’est pas pour ça que j’ai fait ce spectacle. Ce n’est pas une thérapie. Cela me faisait juste rire de partager les réactions des gens lorsqu’ils découvraient qui était mon frère. Et du coup, j’en profite pour raconter un petit peu de notre vie, jusqu’à la déferlante des Ch’tis ! qui a tout chamboulé. Un sacré truc auquel on ne s’attend pas. Il est encore plus aimé, adulé, et vous le partagez avec des millions de Français. J’en suis ravie, même si ça reste un truc de fou !
“Longtemps, je n’ai pas dit que c’était mon frère.”
Benjamine d’une fratrie de quatre, avec trois grands frères, comment avez-vous grandi ?
Beaucoup pensent qu’étant la seule fille, petite dernière, j’ai été la plus gâtée, mais pas du tout ! C’est à mon frère Kad, justement, qu’on passait tout. Comme il faisait déjà marrer tout le monde, notre père n’arrivait jamais à garder son sérieux et à l’engueuler. Nous, on s’en prenait plein la tronche, mais pas lui. Moi, il m’a toujours fait mourir de rire, et lorsqu’on était à table, il adorait faire le con pour me faire marrer et pour que je me fasse gronder. Comme il faisait rire notre père, il avait le beau rôle. Après oui, moi, j’aimais jouer à la poupée, mais j’adorais surtout suivre mes frères dans leurs jeux ; et eux ont toujours veillé sur moi.
Donc une enfance heureuse ?
Oh oui ! Pleine de souvenirs merveilleux, et en particulier avec Kad. Étant les derniers, nous sommes restés tous les deux chez les parents assez longtemps. Jusqu’à ce qu’ils prennent leur retraite et quittent Paris pour le sud de la France. S’ils ne nous avaient pas mis dehors, nous serions encore là-bas, c’est sûr ! Je plaisante, mais pas tant, on s’y plaisait vraiment bien !
“Kad faisait tellement rire notre père qu’il ne se faisait jamais engueuler…”
Malgré des voies différentes – l’aîné est assureur, le second, restaurateur, Kad, acteur, et vous qui travaillez dans l’événementiel et le tourisme –, vous êtes restés très proches ?
Oui, même si on ne se voit pas aussi souvent qu’on le souhaiterait, car Kad est souvent par monts et par vaux. Mais dès qu’une opportunité se présente, on la saisit. Comme cet été, où je jouais au festival d’Avignon, et lui tournait dans la région dans le dernier film de Claude Lelouch. C’était tellement chouette de se voir.
Après ces quelques dates, pensez-vous poursuivre votre spectacle en 2024 ?
Si ça marche, avec joie ! Mais je préfère vivre au jour le jour. Et puis, je ne démarre pas une carrière, je fais juste ce que j’ai toujours rêvé de faire. La vie a fait que je n’ai pas pu le réaliser avant. Sûrement parce que ce n’était pas le moment. Néanmoins, j’adore jouer. Alors, si je peux le faire encore, tout en continuant mon métier que j’adore aussi, et être reconnue pour ce que je fais, ce serait merveilleux ! Car, je tiens à le dire, je me débrouille toute seule, ce qui est très important pour moi. Mon frère m’a toujours dit : « Toi, tu as tous les inconvénients, et moi, les avantages. » C’est ce que je raconte, avec des anecdotes savoureuses et plein d’amour… Venez !
Propos recueillis par Caroline BERGER
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