Restauratrice médiatique et ex-proche de Valérie Pécresse, Babette de Rozières lâche ses vérités dans un livre au vitriol, « La face cachée de la politique en Île-de-France ». Un récit croustillant dont Gala.fr a pu parler avec la cheffe et conseillère régionale.
Des révélations savoureuses et surtout bien épicées. Connue pour avoir régalé les invités de C à vous pendant des années, Babette de Rozières (77 ans) réapparaît avec un livre fidèle à son caractère trempé : dans La face cachée de la politique en Île-de-France (ed. Orphie), celle qui est conseillère régionale depuis 2015 révèle les dessous de son départ fracassant de la campagne présidentielle de Valérie Pécresse, son ex-amie égratignée au fil des 264 pages, et d’une tambouille électorale qu’elle ne digère plus. Fâcherie avec l’ex-candidate à l’Élysée, anecdotes sur la classe politique… « Babette » se met à table pour Gala.fr. Et ça pique.
Gala.fr : Ce livre sert-il à régler vos comptes ?
Babette de Rozières : Non, il ne faut pas y voir une revanche personnelle. J’ai souhaité dévoiler les dessous d’un système politique qui va mal et expliquer pourquoi j’ai claqué la porte de la campagne présidentielle de Valérie Pécresse.
Pensez-vous avoir été naïve en la rejoignant ?
Non, car personne ne m’a forcée à accepter sa proposition de figurer sur sa liste pour les régionales 2015. J’ai dit oui, même si mon mari Claude a tenté de m’en dissuader en me disant que j’allais beaucoup y perdre. Il avait raison ! Mais je n’imaginais pas m’engager dans une atmosphère aussi pourrie. La méthode de Valérie Pécresse m’a dégoûtée.
Quelle est sa méthode ?
Les mensonges, les menaces… Derrière son sourire en coin, c’est un vrai tyran ! Son maître mot, pour assouvir sa boulimie de pouvoir : « On ne fait pas de sentiment en politique, on écrase les têtes ». Elle a un gros caillou à la place du cœur. Tout le monde la craint car elle est présidente de la région Île-de-France. Mais moi je suis libre, je dis ce que je pense et ne supporte plus ces magouilles.
Pourquoi vous a-t-elle contactée ?
J’étais sa caution diversité ! J’étais connue, très populaire et ça apportait des voix. C’est pour cela qu’elle m’a mis 5e sur sa liste. Elle est venue dans mon restaurant, la Case de Babette, à Maule (Yvelines) en 2014. Je n’avais pas envie de me lancer. Mais j’ai vu une femme tenace, comme moi. Et je souhaitais défendre l’outre-mer. Sauf que Valérie Pécresse n’en avait rien à faire ! Dès qu’elle a été élue, elle m’a reléguée à la « préfiguration » d’une cité de la gastronomie bidon. J’avais un bureau sans personnel, sans budget. David Douillet a vécu la même chose. Il s’est senti humilié, donc il est parti.
Vous décrivez une Valérie Pécresse loin de l’image qu’elle souhaite renvoyer.
Oui, par exemple : elle ne travaille pas ! Les autres font tout pour elle. Un jour, je lui ai écrit un discours sur la gastronomie. Lors de la relecture, elle se trompait sur tous les noms. Elle arrive aussi régulièrement en retard pour se donner un style. En réalité, elle arrive en avance, reste dans sa voiture et téléphone pour savoir combien de personnes sont dans la salle. Puis elle arrive en rockstar. Avec son melon surdimensionné, elle fait tout pour les caméras.
« Valérie Pécresse n’aime qu’elle »
Vous vous êtes fâchées puis réconciliées avant les régionales 2021. Quelle a été la goutte d’eau lors de la présidentielle ?
Ce n’était pas un coup de colère, mais trop d’engagements non tenus. J’ai vu des dépenses injustifiées comme ce site Internet a plusieurs millions d’euros, cette histoire folle du chien Douglas qui a pu voter à la primaire, déjà… Je suis aussi partie à cause des faux culs. À la fin de son meeting raté, tout le monde l’entourait pour la féliciter. Ceux qui disaient que c’était nul juste avant ! Cette hypocrisie m’écœure. Quand j’ai claqué la porte, beaucoup de ses proches m’ont félicitée. Les gens ne la supportent plus car c’est quelqu’un d’épouvantable, elle n’aime qu’elle. Ce n’est pas une bonne personne. Ayant pris mes distances avec Valérie, elle a ensuite envoyé des SMS à mon mari pour me récupérer : « Dis à Babette que je l’aime ». Ridicule !
Vous racontez son rapport compliqué à votre amie Anne Hidalgo.
Aux réunions, il n’y avait qu’un sujet : Anne Hidalgo. Elle était jalouse et obsédée par elle. Une fois, elle lui a dit : « Quand je te cogne dessus, je monte dans les sondages. » Ça vole bas ! Anne Hidalgo ne mérite pas ça. Un rien la blesse, elle est tellement humaine. J’espère qu’elle se représentera à la mairie de Paris. Je place l’amitié au-dessus des clivages politiques.
Valérie Pécresse aurait eu cette phrase à votre sujet : « Moi c’est vanille, elle, c’est chocolat ». Vous sous-entendez qu’elle est raciste ?
Non, mais c’était un humour aigre doux que je n’appréciais pas beaucoup.
Avec le mari de Valérie Pécresse, cela se passait mieux ?
Lui, c’est quelqu’un de bien ! Un homme très amoureux et admiratif de sa femme, mais très réservé. C’est Valérie qui porte la culotte pendant qu’il garde les enfants. Lorsqu’elle est venue au restaurant avec lui, j’ai été choquée de voir qu’elle mangeait si peu.
« Je gagnais plus de 8 000 euros par mois »
Votre carrière télé a été mise de côté pour Valérie Pécresse. Vous gagniez bien votre vie ?
Très bien ! Je gagnais plus de 8 000 euros par mois grâce à deux émissions que j’ai quittées malgré moi.
Valérie Pécresse a-t-elle lu le livre ?
Je ne lui ai pas envoyé, mais j’en suis sûre. Son visage a dû changer de couleur (rires) ! Qu’elle apprécie ou pas, ça m’est égal.
Pensez-vous pouvoir vous réconcilier avec elle ?
Jamais. Pour moi, Valérie Pécresse n’existe plus depuis le 8 mars 2022. J’attends juste de ses nouvelles pour le remboursement du repas organisé pour elle, Gérard Larcher et ses équipes lors des régionales. 54 couverts à 70 euros. Elle me doit une jolie somme (3780 euros) ! J’espère que ça a été déclaré dans ses comptes de campagne.
Connaissiez-vous la politique avant de la rejoindre ?
Oui, j’ai vécu avec un homme politique de premier plan pendant des années. Il était maire, président du conseil général, sénateur et médecin. Un homme de gauche donc on était en bisbille sur la politique (rires). J’ai rencontré beaucoup d’autres élus à l’époque.
Lesquels ?
J’aimais vraiment Charles Pasqua ou bien sûr Jacques Chirac. Je suis une femme de droite et c’est lui qui m’a remis ma carte du RPR. Il adorait venir dans mon restaurant à Paris, lorsqu’il était maire.
Était-il le bon vivant que l’on imagine ?
Bien sûr. Quand « Chichi » venait avec des journalistes, il me faisait un signe en me montrant ses trois doigts. C’était un code entre nous. Cela voulait dire : un punch, un planteur et une bière. De grands moments !
Qu’aimait-il manger ?
Tout ! Des acras, des petits boudins, du crabe farci, des langoustes… Il adorait les plats créoles et les Antilles. Je l’ai connu jeune, lorsqu’il venait en vacances en Guadeloupe. J’ai gardé en mémoire sa phrase : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs« . Elle prend tout son sens aujourd’hui et dans tous les domaines.
Comment les politiques se comportent-ils à table ?
Pas forcément bien ! J’en ai mis plein dehors. Notamment Henri Emmanuelli, torse nu en présence de jeunes filles. Je n’avais jamais vu quelqu’un enlever sa chemise à ma table ! Jean-Michel Baylet aussi. Mon restaurant était complet mais il ne voulait pas attendre.
Avez-vous pu rencontrer Bernadette Chirac ?
Je l’adore ! On a eu des vrais fous rires. Je me souviens d’un trajet en train avec elle et Mireille Darc, à l’occasion des Pièces jaunes. Elle m’a raconté qu’un soir, alors qu’il pleuvait, Jacques et elle n’ont pas pu aller au restaurant comme d’habitude. Jacques lui a demandé de faire une omelette. Sauf qu’elle a mis les oeufs avec les coquilles ! « Bernadette, vous ne savez même pas faire une omelette. Habillez-vous, on sort ! », avait-il dit. Elle a un humour fou, contrairement à ce que l’on dit. C’est une femme merveilleuse et sa fille Claude aussi.
Vous êtes aussi proche de Nicolas Sarkozy, qui vous a reçue et félicitée d’avoir quitté Valérie Pécresse.
Il m’a dit que j’avais eu le nez creux ! C’est mon pote. En entrant dans son bureau, son majordome m’a dit « bravo » ! Je n’aime pas ce que l’on essaie de lui faire actuellement sur le plan judiciaire.
« J’ai quitté C à vous au bon moment »
Dans votre livre, on découvre aussi votre brouille avec Christine Kelly.
Je l’aimais beaucoup. Quand elle déprimait, j’étais là. Si elle avait besoin de moi pour organiser un repas, je venais sans rien réclamer. C’était ma meilleure amie, mais la seule fois où je lui ai demandé d’animer un débat sur la cuisine, elle m’a dit : « Et la question financière ? » Elle a essayé de rattraper son erreur, mais c’était trop tard. Je ne pourrai jamais me réconcilier avec elle.
La regardez-vous quand même sur CNews ?
Oui ! Comme les autres émissions. Elle avait beaucoup d’ambition.
« C à vous » vous manque ?
Non, ça ne me manque pas car la cuisine n’est plus au cœur de l’émission. C’est dommage. Je suis partie au bon moment. Mais c’est un bon programme que je regarde encore. Si cela redevient comme avant, je serai la première à vouloir revenir. J’aime beaucoup Pierre-Antoine Capton, mon producteur.
Que pensez-vous d’Anne-Élisabeth Lemoine ?
Elle fait le job. Je l’aime bien même si elle répète trop souvent ce qu’on lui dit dans l’oreillette et qu’elle peut en faire un peu trop.
Avez-vous compris le choix d’Alessandra Sublet de quitter la télé ?
Mon « bonbon piment » ! Elle me manque beaucoup. Je regrette ce choix, je ne l’ai pas compris. Comme lorsqu’elle a quitté C à vous, ça m’a déstabilisée. Quand on est jeune, le succès peut monter à la tête. Elle était très bien où elle était.
Dans votre livre, vous égratignez aussi Guillaume Gomez, l’ex-chef de l’Élysée.
J’ai simplement rappelé qu’une ministre avait jugé sa cuisine « dégueulasse » !
Il vaut mieux venir manger chez vous qu’à Élysée ?
Je ne sais pas (rires) mais chez moi, c’est authentique ! Je connais la chaleur du feu car c’est moi qui tiens le manche.
Crédits photos : Vim/ABACA
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