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Le 29 mars 1961, au Théâtre de Paris, juste avant que le rideau ne tombe devant un parterre où se côtoyaient les plus grandes stars internationales – Ingrid Bergman, Anna Magnani, Jean Cocteau, Curd Jürgens, Michèle Morgan, Shirley MacLaine –, deux jeunes comédiens échangèrent des répliques dont on pouvait croire qu’elles avaient été écrites à leur intention exclusive. La jeune actrice s’exclamait: «Pour chaque soupir que tu me dédiais, je t’en dédiais dix; pour chacune de tes larmes, vingt des miennes.» Et son partenaire de lui répondre, avec la même exaltation: «Viens. Après tant de pleurs versés, allons apprendre à nous sourire, à nous aimer.»

La pièce avait été écrite trois siècles et demi plus tôt, par un auteur anglais de l’époque élisabéthaine, John Ford, presque inconnu en France. En revanche, les deux ardents protagonistes, qui faisaient ce soir-là leurs premiers pas sur les planches, étaient loin d’être obscurs: c’étaient Alain Delon et Romy Schneider. Ils étaient fiancés depuis deux ans. Sitôt passé l’euphorie de cette soirée triomphale, la même question revint sur toutes les lèvres, qui ne cessa plus d’agiter, tout au long de cette année 1961, les conversations de salon comme les veillées des chaumières: à présent qu’ils avaient gagné leur pari insensé – faire leurs preuves au théâtre –, les deux amants terribles allaient-ils enfin trouver quelques heures pour se marier?

On les avait surnommés «les éternels fiancés». Leur rencontre, trois ans plus tôt, avait ressemblé à une comédie américaine. Romy avait accepté de tourner à Paris un remake d’un film de Max Ophuls, face à deux jeunes premiers qu’on promettait à un brillant avenir, Jean-Claude Brialy et Alain Delon. La mère de Romy, la possessive et dirigiste Magda Schneider, s’y était violemment opposée. A 20 ans, la série des «Sissi» avait fait de sa fille une vedette internationale. Mais, au grand dépit de sa mère, Romy n’avait qu’une idée en tête: faire oublier les crinolines dont on l’avait affublée dès l’âge de 15 ans.

C’était la raison qui l’avait poussée à tourner en France le scénario de «Christine», un film auquel elle était bien décidée à donner un tour infiniment moins mièvre que toutes les romances historico-sentimentales dont elle n’arrivait pas à se dépêtrer. Le jour de son arrivée, le producteur du film, en mal de retombées publicitaires, crut bon d’organiser une petite réception en l’honneur de Romy à l’aéroport d’Orly. Le jeune Alain Delon, partenaire masculin de Romy, et dont la beauté faisait déjà tourner bien des têtes, fut commis à la tâche de venir saluer la jeune vedette, les bras chargés de roses, sous les flashs des photographes.

Romy ressentit aussitôt pour Delon une antipathie si immédiate qu’elle fut la première à en être troublée: «Au pied de l’escalier roulant, je découvris un jeune type beaucoup trop beau, beaucoup trop bien coiffé, en cravate, dans un costume trop à la mode…» Dès le début du tournage, cette méfiance se transforma en franche animosité. Elevée dans la rigidité de la bourgeoisie allemande, Romy ne parvenait pas à comprendre le côté fantasque et rebelle d’Alain Delon: «Il arrivait toujours en retard au studio, après avoir sillonné Paris à une allure démente, au volant d’une voiture de sport. Je ne le supportais toujours pas. L’état de guerre était permanent entre nous.»

Jean-Claude Brialy s’emploie à désamorcer, sans succès, leur aversion mutuelle. Jusqu’au jour où il constate que, dès que Delon est sorti de son champ visuel, Romy demande, d’une voix subitement attendrie et inquiète: «Où est Alain?»

Elle a compris, c’est l’évidence même, qu’il a du talent. Elle a vu – ou, plutôt, elle a enfin accepté de voir – qu’il était vraiment beau. Le romancier Pascal Jardin a donné une description éblouissante du Delon de ces années-là: «Des yeux d’inquisiteur ou bien de Christ en croix, les épaules larges, les cheveux fins, bruns et denses, un visage dessiné comme sur les livres d’heures, moitié prélat austère et moitié ange fou, pommettes hautes, front large, bouche mince mais lèvres tendres, un menton à mener une bataille, mais justement proportionné au reste de la physionomie…»

La suite des événements relève de la plus pure tradition romanesque. Une partie du tournage se déroulait à Vienne, la ville natale de Romy. Pour Delon, elle s’improvise guide touristique. A la fin du tournage, il repart pour Paris. Elle l’accompagne à l’aéroport. L’avion n’a pas décollé qu’elle se rend compte qu’elle ne veut plus de la vie soigneusement planifiée que lui a imposée sa mère. Elle prend aussitôt un billet pour rejoindre Delon…

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« Romy, un destin brisé »

Notre hors-série « Romy, un destin brisé », 100 pages de photos et de reportages exclusifs consacrées à la vie de Romy Schneider, est en vente à partir du jeudi 25 juin chez votre marchand de journaux…


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