« Je n’ai pas fui la justice, j’ai échappé à l’injustice et à la persécution ». Cette phrase, déjà insérée dans son communiqué transmis aux médias mardi 31 décembre, Carlos Ghosn l’aura martelée tout au long de sa conférence de presse qu’il a entamée en savourant pleinement sa liberté retrouvée. « J’ai attendu ce jour avec impatience depuis quatre cents jours, depuis que j’ai été brutalement enlevé de mon monde ».
Anticipant un déferlement de questions au sujet de son évasion vers la capitale llibanaise, il s’est montré ferme en préambule de son intervention. « Je ne suis pas là pour parler de la façon dont j’ai quitté le Japon, je suis ici pour dire pourquoi, je suis ici pour faire la lumière sur un système qui viole les [droits humains] les plus fondamentaux, je suis ici pour laver mon nom. »
Durant plus d’une heure, l’ancien président de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a ainsi répété, inlassablement, que son départ rocambolesque du Japon, où il était assigné à résidence, vers le Liban, en transitant par la Turquie, ne témoignait en aucun cas d’une quelconque culpabilité : « j’ai senti que j’étais l’otage d’un pays. Je n’avais pas d’autre choix que la fuite pour me protéger et protéger ma famille », se justifie l’homme d’affaires, affirmant être « innocent de toutes les charges » et pouvoir « le prouver ». M.Ghosn s’est même montré disposé à se « présenter devant un tribunal », à condition « d’être sûr d’avoir un procès équitable, ce qui n’est pas le cas au Japon ».
Il fournira en revanche force détails pour dénoncer ses conditions d’incarcération au pays du Soleil-Levant. Il décrit « une petite cellule » avec « la lumière jour et nuit », « 30 minutes par jour pour la promenade, deux douches par semaine et l’impossibilité de parler à quelqu’un qui parle français ou anglais ».
Carlos Ghosn a également réitéré ses accusations de collusion « à tous les niveaux » entre Nissan et les procureurs du parquet de Tokyo. Une ligne de défense déjà avancée par son équipe d’avocats nippons, qui avait réclamé l’annulation des poursuites en octobre dernier. Le magnat déchu affirmait, la semaine dernière, être en mesure de dénoncer les fomenteurs de ce qu’il dit être « un coup monté ». Il en aura livré certains, à l’image de Masakazu Toyoda, dirigeant du comité de nomination de Nissan, qu’il désigne comme le « lien » entre le constructeur et les autorités japonaises. Il a également laissé entendre que « plusieurs membres du gouvernement japonais » étaient également impliqués dans sa chute, taisant cependant leurs noms, et surtout, écartant celui du Premier ministre japonais, Shinzo Abe, pour éviter qu’il n’y ait « plus de crises » entre le Japon et le Liban, qu’il dit avoir rejoint uniquement « pour des raisons logistiques ».
Enfin l’ancien dirigeant franco-libanais est également revenu sur les célébrations fastueuses qu’il avait organisé au château de Versailles à l’occasion des 15 ans de l’alliance Renault-Nissan le 9 mars 2014. Une date qui s’avérait être également celle du soixantième anniversaire de Carlos Ghosn. « Ce n’était pas pour faire comme Louis XIV et Marie-Antoinette », se défend-il, arguant, document à l’appui que le château était mis gratuitement à disposition de l’ex-PDG en raison de son accord de mécénat avec Renault.
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