Le 24 septembre 2023, Emmanuelle Béart proposera sur M6 un film-documentaire événement baptisé  »Un silence si bruyant » et consacré aux victimes d’inceste. Dans un entretien exclusif accordé à nos confrères du ELLE, l’actrice revient sur les agressions sexuelles incestueuses qu’elle a subies enfant, et qu’elle a tues pendant plus de quarante ans.

Sans sa grand-mère, elle ne serait peut-être plus de ce monde. Dans un portrait accordé au ELLE, Emmanuelle Béart révèle les agressions sexuelles incestueuses qu’elle a subies pendant plus de quatre ans lorsqu’elle était adolescente. Si elle ne dévoile à aucun moment l’identité de cet agresseur, l’actrice de 60 ans écarte toutefois son père des suspects, en le rangeant subtilement dans la catégorie de ceux qui ne voyaient rien, et ne pouvaient imaginer l’enfer qu’elle subissait. Plus de quarante ans après ce traumatisme d’une vie, la sexagénaire, en promotion pour son film-documetnaire choc proposé sur M6 le 24 septembre 2023 en prime, baptisé Un silence si bruyant, et dans lequel elle donnera la parole à quatre femmes victimes d’inceste, accepte pour la première fois de fendre l’armure.

Comme elle le dévoile dans son documentaire mais aussi au ELLE, le livre La Familia Grande de Camille Kouchner en janvier 2021 a sonné comme un déclic, vingt ans après avoir été touchée par celui de Christine Angot. A la lecture des sévices subis par les deux auteures, qui rappellent inévitablement ceux qu’elle a dû affronter pendant quatre ans, Emmanuelle Béart se décide à parler. Si ses consoeurs l’ont fait par le biais d’un livre, elle, choisit la caméra, et ce film-documentaire choc, dans lequel elle se met à nu, pour la première fois de sa vie, entourée de quatre autres femmes, elles aussi victimes des mêmes sévices, qu’elles réussissent à dénoncer enfin.

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 »Tu recommenceras pendant quatre ans »

 »J’ai onze ans, c’est la nuit, j’en suis sûre. Tu déchires mon sommeil comme tu déchires sans bruit ma chemise de nuit. Comme si cet arrêt dans le temps, ce silence polaire te laissaient tout l’espace. Et comme si déjà il était inscrit que personne jamais ne témoignerait. J’ai très froid. Aucun cri ne sort de ma bouche, les mots ne se forment pas dans ma bouche, ma bouche est cousue. Quand il fait jour à nouveau, tout semble intact, comme si de rien n’était » confesse l’actrice dans les premières minutes de son film choc. Et de poursuivre :  »Et si mon père, ma mère, mon école, mes amis, ne voient rien, c’est que tout peut recommencer. Et tu recommenceras pendant quatre ans. »

Sa grand-mère l’a mise dans un train et l’a sauvée

Sa survie, Emmanuelle Béart la doit à une seule membre de sa famille, qui a su, qui a vu, et qui a agi pour sauver la jeune fille : Nelly, sa grand-mère, morte à 107 ans en 2011. Dans ce documentaire, qu’ont pu voir en exclusivité nos consoeurs du ELLE, l’actrice confie devoir la vie à son aïeule :  »Si ma grand-mère n’était pas intervenue, si on ne m’avait mise dans ce train à l’âge de quinze ans pour rejoindre mon père, je ne suis pas certaine que j’aurais réussi à vivre. C’est aussi violent que ça, c’est aussi réel que ça ». Une confidence bouleversante, parmi tant d’autres, à retrouver aux côtés de témoignages d’autres victimes d’incestes, sur M6, le 24 septembre 2023, dans l’espoir de lever le voile sur ce fléau sociétal et faire bouger les lignes. En France, l’inceste consenti entre deux personnes parentes à un degré où le mariage est interdit, ne constitue pas une infraction spécifique. Comme le souligne Emmanuelle Béart, 10% des Français ont déjà subi une agression incestueuse, et pire encore, 20% des femmes en sont la cible au moins une fois dans leur vie… 

I.V.

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