Pendant 70 ans, la reine Elizabeth II a été la monarque contemporaine la plus scrutée au monde. C’est aussi celle qui possède le plus long règne de l’Histoire du Royaume-Uni. 

Épouse du prince Philip, mère de quatre enfants dont le futur héritier, le prince Charles, grand-mère de huit petits-enfants tels que le prince Harry ou le prince William, et même arrière grand-mère de plus de dix petits-enfants, on a tendance à l’oublier mais la monarque a aussi été une sœur. L’ainée de sa famille. 

Son père, le roi George VI et sa mère, la reine consort Elizabeth Bowes-Lyon, ont en effet eu deux filles : la première n’est autre qu’Elizabeth II, héritière du trône du Royaume-Uni née le 21 avril 1926, la seconde est la princesse Margaret, née le 21 août 1930. Élevées dans la simplicité et l’amour d’une famille soudée, les deux sœurs ont créé des liens très forts durant l’enfance. Malgré l’amour mutuel qu’elles se portaient, les incompréhensions et conflits ont pourtant émaillé leur relation tout au long de leur vie, jusqu’au décès de Margaret en 2002.

Retour sur la relation complexe d’Elizabeth II, monarque en pleine lumière, et de la princesse Margaret, suppléante dans l’ombre de la couronne.

Des sœurs complices éduquées différemment

Elizabeth et Margaret, quatre ans de différence, ont été élevées comme si elles avaient le même âge, note le Telegraph en 2002. Ainsi, les deux sœurs ont rapidement été très proches et amenées à partager beaucoup de choses ensemble. Cependant elles n’ont pas reçu la même éducation.

Et pour cause : Elizabeth est devenue, à la suite de l’abdication de son oncle Edward VIII, l’héritière directe de la couronne, après son père le roi George VI.

Pour compenser, Margaret aurait été « terriblement gâtée » par son père, confie une source au Telegraph. « Lilibet [le surnom d’Elizabeth ndlr] est ma fierté, Margaret ma joie », disait le défunt roi à propos de ses filles.

Des sœurs proches, aimées et aimantes, dont la relation est teintée, dès l’enfance, d’une certaine rivalité notamment due à la la conscience forte de leur destinée.

Marion Crawford, qui a travaillé pendant 17 ans comme gouvernante pour la famille, écrit dans une biographie (non autorisée) intitulée The Little Princesses, qu’elles étaient « deux petites filles tout à fait normales et saines ». Qui avaient leurs chamailleries… « Aucune d’entre elles n’hésitait à s’en prendre à son adversaire si elle était réveillée », révèle-t-elle. « Lilibet était rapide avec son crochet du gauche. Margaret était plutôt une combattante au corps à corps, connue pour mordre à l’occasion », cite Historyextra

Une couronne entre les deux soeurs

Faire partie de la famille royale n’est pas anodin. Nombreux sont les protocoles et règles de bienséance à respecter. Mais être la sœur du futur monarque, de la reine en l’occurrence, relève d’un tout autre défi : celui de l’égo.

Quand la reine Elizabeth II est couronnée en 1953, sa sœur, la princesse Margaret devient officiellement l’un de ses sujets. Comme le rappelle VanityFair, en public la princesse se référait à sa sœur comme « la reine », en privé, c’était toujours « Lilibet ».

À la suite de son couronnement, la reine Elizabeth se laisse habiter par son sens du devoir, par sa responsabilité envers la couronne et sa loyauté envers son peuple. Tandis que la princesse Margaret emprunte une voie différente, plus mondaine et rebelle. Elle peine alors à trouver sa place et un sens à sa vie dorée. Elle admire autant qu’elle jalouse son commandant, à savoir la reine.

Selon le journaliste Craig Brown, auteur de Ma’Ame Darling : 99 aperçus de la princesse Margaret, la princesse craignait avant tout et surtout de décevoir sa sœur, et d’être désapprouvée par la reine. Elle en faisait même des cauchemars.

L’affaire Peter Townsend : l’éloignement des deux soeurs

Sur la photo (de gauche à droite, au premier rang) la princesse Margaret, le roi George VI, la reine Elizabeth (plus tard la reine mère), le capitaine de groupe Peter Townsend et la princesse Elizabeth (plus tard la reine Elizabeth II), dans la loge royale du Strand Theatre.

Cette supériorité hiérarchique d’Elizabeth II sur sa sœur Margaret s’est notamment traduite lors de l’interdiction de la reine faite à Margaret d’épouser Peter Townsend, l’écuyer divorcé de leur défunt père le roi George VI, du moins sans subir les conséquences inhérentes à une telle union – un exil de plusieurs années et l’abandon de son titre royal, rappelle Newsweek. Cette histoire les aurait profondément blessées l’une et l’autre et éloignées.

À l’époque, la couronne ne se remet toujours pas de l’abdication d’Edward VIII qui a choisi de vivre son amour avec Wallis Simpson, Américaine divorcée, plutôt que de se conformer à son devoir de naissance. De plus, la loi sur les mariages royaux de 1772 stipule que tous les mariages de ce rang doivent être approuvés par le monarque régnant. L’Église d’Angleterre s’oppose également au divorce et la reine Elizabeth, bien que chef de l’Église, ne peut pas faire d’exception. Son premier ministre Winston Churchill est lui-même fortement opposé à cette union.

Le mariage impossible de Margaret avec un homme divorcé

Selon la BBC, la reine Elizabeth et Sir Anthony Eden, le Premier ministre qui a succédé à Churchill, auraient finalement tenté en 1955, de mettre au point un plan permettant à la princesse Margaret d’épouser Peter Townsend.

Si le public le permettait – au vue de la popularité de la princesse, cela n’aurait pas posé problème – elle aurait pu vivre en Angleterre et exercer ses fonctions publiques en épousant l’écuyer de son père. À une condition cependant : elle devait renoncer à ses droits de succession, ainsi que les droits de succession de tout enfant né de ce mariage.

Malgré cela, dans une déclaration officielle, le 31 octobre 1955, Margaret annonce renoncer à épouser l’homme dont la presse la dit pourtant très éprise : « J’aimerais que l’on sache que j’ai décidé de ne pas épouser le capitaine de groupe Peter Townsend. J’étais consciente que, sous réserve que je renonce à mes droits successoraux, il aurait pu m’être possible de contracter un mariage civil. Mais, consciente de l’enseignement de l’Église selon lequel le mariage chrétien est indissoluble, et consciente de mon devoir envers le Commonwealth, j’ai décidé de faire passer ces considérations avant toute autre. »

Elle n’aurait pu m’épouser que si elle avait été prête à tout abandonner.

Comme l’indique Peter Townsend lui-même, dans son autobiographie de 1978, Time and Chance : « Elle n’aurait pu m’épouser que si elle avait été prête à tout abandonner – sa position, son prestige, sa bourse. Je ne faisais tout simplement pas le poids, je le savais, pour contrebalancer tout ce qu’elle aurait perdu. » 

En 1960, la princesse Margaret épouse finalement Antony Armstrong-Jones, un roturier, alors fait Lord Snowdon et vicomte Linley, dont elle divorcera 18 ans plus tard. Extravertie, anti-conformiste, elle de de toutes les soirées où elle fume et boit plus que de raison. Régulièrement, elle s’isole à son domicile. On la surnomme alors « la princesse triste ».

Elizabeth et Margaret : un lien indéfectible, malgré tout

Si leur relation est entachée par cette histoire d’amour déçue, le lien n’est pas rompu entre les deux soeurs qui surmontent la crise et font preuve d’attention l’une envers l’autre.

Ainsi, Elizabeth a offert à Margaret un appartement de 20 pièces au palais de Kensington après son mariage en 1960. À VanityFair, Reinaldo Herrera, un proche de la famille, raconte que la princesse Margaret avait un téléphone sur son bureau au palais de Kensington avec une ligne directe vers la reine au palais de Buckingham, sur laquelle les deux bavardaient et riaient tous les jours.

Si relation entre les deux soeurs a été agitée, tout au long de leur vie, comme le rappelle le biographe spécialiste de la famille royale, Andrew Morton, à Vogue US : « Margaret était fatigante et sollicitante, mais elles étaient toutes deux très aimantes ».

À bien des égards, elles restaient indéchiffrables pour tout le monde sauf pour l’une et l’autre.

Et de souligner : « Les deux sœurs étaient universellement connues et presque constamment entourées de gens, et pourtant, à bien des égards, elles restaient indéchiffrables pour tout le monde sauf pour l’une et l’autre », écrit Andrew Morton dans son livre Elizabeth and Margaret: The Intimate World of the Windsor Sisters.« C’est à partir de cette position de grand isolement que les sœurs ont formé leur lien inséparable et intime. »

La mort de Margaret : l’émotion publique d’Elizabeth II

Malgré la couronne, malgré leurs conflits et déceptions réciproques, la reine Elizabeth et la princesse Margaret sont restées très proches et se sont toujours aimées croient savoir les experts de la monarchie britannique. L’émotion de la reine lors de l’enterrement de la princesse Margaret en est la preuve pour plusieurs spécialistes. Le 10 février 2002, à 71 ans, Margaret succombe à une attaque d’apoplexie.

Le jour de ses funérailles, la reine Elizabeth, d’habitude stoïque et de marbre, n’a pas pu retenir ses larmes. À VanityFair, Reinaldo Herrera explique : « Je pense que c’était la seule fois où quelqu’un a vu la reine montrer ses émotions en public. »

L’émotion était telle que « ses yeux l’ont trahi ». D’après le proche de la famille royale : « la reine a perdu son compagnon le plus intime ». 

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