En 2006, Ségolène Royal, qui était alors candidate victorieuse aux régionales en Poitou-Charentes, a affronté Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn lors des primaires. Mais alors que ce dernier se sentait « infiniment supérieur » à l’ex de François Hollande, il a vite déchanté en découvrant les résultats de cette élection…

C’est une élection que n’a sans doute pas oublié Ségolène Royal. En 2006, celle qui a été fraîchement élue présidente du conseil régional de Poitou-Charentes s’est lancée dans la course à la primaire socialiste, face à Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. « François Hollande, alors premier secrétaire, ne pouvait pas imposer sa compagne. Il fallait passer par une primaire interne, comme on l’avait fait en 1995 lorsque Jospin et Emmanuelli s’étaient affrontés. Strauss-Kahn et Fabius ont accepté, tout en sachant que ce serait très difficile« , s’est souvenu Jean-Christophe Cambadélis, proche soutien de l’ex d’Anne Sinclair à l’époque, dans les colonnes du nouveau numéro de Society. Avant même l’élection, dont elle est sortie victorieuse, Ségolène Royal est annoncée comme la grande favorite de ce scrutin. Et pour cause, celle-ci « incarne alors une forme de modernité entre un Fabius représentant ‘le vieux parti’ et un DSK ‘libéral’, selon les mots de Mennucci. »

Une popularité très mal vécue par ses deux adversaires, si l’on en croit les propos de Pierre Moscovici, proche de Dominique Strauss-Kahn, à nos confrères : « DSK et Fabius avaient le sentiment d’être infiniment supérieurs, plus expérimentés. Mais régnait une sorte de fatalisme, rien n’accrochait. Avec la primaire, on en revenait à la démocratie d’opinion. Et quand la machine est lancée…« , s’est souvenu l’ancien ministre de l’Économie et des Finances dans les pages de Society. Nombreux ont constaté que ces primaires avaient créé des tensions dans les rangs du PS. Certaines n’ont d’ailleurs jamais disparu : « Les perdants ont été mauvais joueurs, c’est vrai, mais Royal n’a jamais souhaité nous associer« , a déploré Pierre Moscovici. Et de rappeler : « J’étais député européen, vice-président du Parlement européen, et on ne m’a rien demandé sur les questions européennes. Ils préféraient faire campagne avec leur petit groupe, un truc un peu sectaire.« 

Dominique Strauss-Kahn « halluciné » par le phénomène Royal

Perdant de cette primaire socialiste, Dominique Strauss-Kahn a été très surpris en constatant la percée de Ségolène Royal. Au cours d’une visite à l’ambassade américaine à Paris, rapportée par WikiLeaks et révélée par Le Monde en 2010, l’ancien patron du FMI se s’est pas montré très tendre avec sa rivale, qualifiant sa popularité dans les sondages d' »hallucination collective. » Selon le télégramme diplomatique, Dominique Strauss-Kahn a également prédit que Ségolène Royal, qui serait trop « fragile » à ses yeux, « s’effondrerait au bout du compte et que, si elle était désignée par le PS, elle ne survivrait pas contre Sarkozy. » Et Jean-Marie Le Guen, ancien Secrétaire d’État, de résumer auprès du JDD : « L’ambiance était très tendue. Les propos étaient plus durs (…) On entendait des choses très violentes à l’encontre de Ségolène Royal. »

Crédits photos : DOMINIQUE JACOVIDES / BESTIMAGE

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