Elle est née le 17 janvier 1933, au Caire, en Egypte, et aurait eu 88 ans ce dimanche. Eclatante et sombre. Dalida fut tiraillée toute sa vie entre des désirs contradictoires: des amours malheureuses et une gloire artistique, où elle donnait le change, incarnant avec aplomb une certaine futilité, parée de paillettes. Retrouvez en images celle qui devint à 20 ans une vedette, à 30 ans une star et à 40 ans une icône, avant de se suicider en 1987. Un destin de femme digne d’une tragédie grecque.

Italienne d’origine calabraise, Iolanda Cristina Gigliotti voit le jour au Caire, en Egypte, le 17 janvier 1933, Son père est premier violon à l’Opéra; sa mère, couturière, élève ses 3 enfants.

A l’âge de 3 ans, la gamine est victime d’une inflammation de l’œil. Elle doit garder un bandeau pendant quarante jours. Au sortir du supplice, elle louche. Dans le quartier métissé de Choubra, on la surnomme « Quat’zieux ».

A 21 ans, Dalida arrive à Paris avec une couronne de Miss, un « Itsi bitsi petit bikini » et un strabisme déjà opéré deux fois.

Brune incendiaire à la voix suave et au déhanché sulfureux, elle est vite repérée par les manitous de l’époque : Bruno Coquatrix, le patron de l’Olympia, le producteur Eddie Barclay, et surtout Lucien Morisse, directeur des programmes d’Europe n°1, qui en fait sa muse, l’épouse, et l’élève au rang de madone… blonde. Une beauté aux yeux de braise, à la chevelure de soie et au charme envoûtant. « Bambino », une adaptation réalisée en 24 heures d’un succès italien du moment, est le premier d’une longue série de tubes : « Gondolier », « Come prima », « Les enfants du Pirée », « Darla Dirladada », « J’attendrai », « Ciao Amore, Ciao », Paroles, paroles », « Gigi l’amoroso » (1974), « Il venait d’avoir 18 ans » (1975), « Monday, Tuesday, laissez-moi danser » (1979)…

Dalida enchaîne succès… et drames personnels. Et l’on ne sait pas ce qui la terrifie le plus. Sa vie sentimentale tumultueuse est une succession d’idylles dévorantes qui mettent son coeur à feu et à sang : l’ambitieux jeune premier Alain Delon, le peintre apollon Jean Sobieski, le sombre compositeur Luigi Tenco, le discret Christian de La Mazière, le philosophe zen Arnaud Desjardins, le président François Mitterrand, Lucio, un jeune étudiant italien dont elle avorte ou encore sa plus longue histoire : l’inspiré Richard Chanfray autoproclamé réincarnation du Comte de Saint Germain. « J’aime son air romantique, il a beaucoup souffert et il est incollable en histoire », disait Dalida de ce magicien alchimiste, imposteur génial, fantasque et ultraviolent.

Charme ou sortilège encore, c’est en dépression profonde après un énième rendez-vous annulé par le médecin François Naudy, marié et pas prêt à renoncer à son confort bourgeois, que Dalida aura ce geste désespéré…

Notre héroïne semble maudite. Dans chaque romance, elle se jette à corps perdu. Tous les hommes pour lesquels Dalida se passionne sont indisponibles, tourmentés, ou alors ils ne le sont pas assez, et la lassent, vite. Trois se tuent.

« Je porte malheur à ceux que j’aime », déplore-t-elle. Sauver de leurs crises existentielles ceux qu’elle affectionne, c’est pourtant ce qu’elle ambitionne.

Au fond d’elle profondément mère, Dalida a peur de transmettre ses angoisses à un enfant alors elle idéalise les hommes, amène chacune de ses conquêtes dans l’isolement du magnifique hôtel particulier qu’elle habite rue d’Orchampt, à Montmartre, comme pour les protéger.

Mais celle qui a surmonté un sentiment d’infériorité par sa beauté ne supporte pas le vieillissement physique et garde le sentiment constant d’être déchirée entre Dalida et Iolanda… et met fin à ses jours en avalant des barbituriques, à 54 ans.

Son décès survient alors que l’érudite Dalida, amie des politiques, fine connaisseuse des mécanismes psychiques, de spiritualité mystique, semble toucher son but. Quelques semaines à peine auparavant, elle a été saluée pour sa performance d’actrice dans « Le 6e jour », du réalisateur égyptien Youssef Chahine, une consécration de la part des intellectuels qui avaient toujours regardé de haut « Miss Ondine » 1954.

Figure emblématique et adulée de la Variété à la carrière marquée par plus de 2 000 chansons en dix langues et 150 millions de disques vendus, Dalida continue d’être vénérée par un public qui vient se recueillir sur sa tombe à Paris, non loin d’une place qui porte son nom. Salma Ya Salama…

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