A partir du 1er janvier 2022, l’Assurance Maladie prendra intégralement en charge la pilule pour les 18/25 ans. Un progrès certes, mais qu’en est-il des autres femmes et de la contraception masculine ?

Restez informée

Une avancée. C’est ainsi que le Planning Familial, organisations féministes et professionnels de santé ont qualifié l’annonce du ministre de la Santé début septembre. A partir du 1er janvier 2022, toutes les femmes jusqu’à l’âge de 25 ans bénéficieront d’un accès gratuit à la contraception. Jusqu’à présent, seules les mineures y avaient accès. En outre, une consultation annuelle avec un médecin ou une sage-femme et les examens biologiques éventuels liés à la prescription d’un moyen de contraception, seront également pris en charge à 100% par l’Assurance Maladie. Cette nouvelle mesure répond à la précarité économique des jeunes. 40% des étudiants* qui ont renoncé à consulter un médecin l’ont fait pour des raisons financières et seulement 52% des étudiantes déclarent avoir consulté un gynécologue dans l’année.

Pour Sarah Durocher, co-présidente nationale du Planning Familial, le gouvernement aurait pu aller plus loin, en prenant en charge tous les moyens de contraceptions et en repoussant la limite d’âge. Car les préservatifs masculins et féminins, les crèmes spermicides, les patchs, les anneaux vaginaux et les pilules de 3e et 4e générations restent payants. « En France, nous avons une espèce de parcours type de la contraception, où on commence avec la pilule, puis on poursuit par le stérilet. Or, quand nous proposons différents moyens de contraception, les femmes essayent et choisissent », observe-t-elle.

Des critiques partagées par l’Ordre des sages-femmes qui souligne que la charge de la contraception pèse encore exclusivement sur les femmes. « Cette mesure semble dire que c’est une affaire de femmes alors qu’il faudrait envisager la contraception masculine, y compris la vasectomie. Il y a encore trop peu d’informations sur le sujet », déplore Isabelle Derrendinger, secrétaire générale du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes qui plaide également pour une campagne de sensibilisation auprès des jeunes. « L’éducation en milieu scolaire est assez pauvre. Depuis des années, nous demandons pour les jeunes, une consultation à la vie affective et sexuelle avec un professionnel, – médecin généraliste, spécialiste ou sage-femme -, qui soit totalement prise en charge. » De quoi les aider à guider leur choix, en toute connaissance. *Enquête nationale CSA sur la santé des étudiants LMDE, 2019

« J’ai proposé de l’étendre à 30 ans »: Albane Gaillot, Députée du Val de Marne (non-inscrite, ex-LREM)

Je salue cette mesure, mais j’ai quelques réserves. Beaucoup de femmes ne sont pas encore entrées dans la vie active à 26 ans. J’ai proposé un amendement pour étendre la gratuité jusqu’à 30 ans qui n’a pas abouti, sans que je ne sache pourquoi. Mais le frein n’est pas seulement le coût, il y a aussi l’accès à un médecin. Lutter contre les déserts médicaux est essentiel. Il faut aussi des centres de planification partout sur le territoire.

« Dommage que l’ordonnance reste nécessaire »: Daniela Levy, porte-parole d’Osez le féminisme

Considérer le niveau de revenu pour accéder à la contraception gratuite tout au long de sa vie serait plus pertinent. Nous regrettons également qu’une ordonnance reste nécessaire pour obtenir la pilule contraceptive, alors qu’elle ne l’est pas pour la pilule du lendemain. Surtout, nous aurions souhaité que des contraceptifs masculins comme le préservatif ou le slip chauffant soient pris en charge. Si les femmes ne sont pas fécondes toute l’année, les hommes sont fertiles en permanence. Logiquement, ce n’est pas à elles de prendre en charge la contraception !

A lire aussi: Contraception : 5 infos à connaître sur le stérilet

Source: Lire L’Article Complet