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Soixante-quinze ans après la libération des camps de la mort, comment transmettre cette triste page de notre histoire aux jeune générations ? Une question essentielle pour perpétuer la mémoire.

« A Auschwitz, ma sœur, qui n’est pas revenue, m’a fait promettre de raconter ce qui nous arrivait pour qu’on ne devienne pas les oubliés de l’Histoire ». A 92 ans, Esther Senot continuer d’honorer cette promesse et, inlassablement, de livrer son expérience des camps de la mort aux élèves de la France entière. Malheureusement, le temps passe et les déportés disparaissent progressivement (il ne reste que 130 survivants environ et tous ne sont plus en état de témoigner). Pour contrer cette fatalité, le Mémorial de la Shoah, principal lieu de mémoire du génocide des Juifs d’Europe, a mis en place différents projets. Depuis plusieurs années, avec l’aide de l’Union des déportés d’Auschwitz, les témoignages des rescapés ont été numérisés ainsi que divers documents (lettres, photos). « C’est un legs précieux pour les jeunes générations, insiste Olivier Lalieu, historien et responsable des lieux de mémoire au Mémorial. Ces histoires participent à construire l’Histoire, elles l’incarnent ».

L’étude de la Shoah étant aux programmes de 3e et de Terminale, le Mémorial a établi de longue date un partenariat avec l’Education Nationale. Chaque année, il ouvre ses portes aux enseignants et à leurs élèves (66000 visiteurs en 2018) et encadre des voyages scolaires à Auschwitz. Toutes les académies sont sensibilisées. Pour les enseignants, un stage académique et une visite à Auschwitz sont organisés. « Un moment saisissant qui dépoussière nos connaissances et aiguise notre volonté de transmettre la mémoire », résume Christophe Lucas, professeur d’histoire-géographie.

Pour l’écrivain Marek Halter*, il ne suffit pas de transmettre la mémoire, il faut l’adapter au monde d’aujourd’hui. « Combien de temps encore les jeunes vont-ils se déplacer dans le froid pour entendre cette « vieille » histoire ? C’est une vraie question ». Afin qu’ils se sentent concernés, il plaide pour un changement de discours : « Dans les classes, il faut faire des parallèles, parler du génocide au Rwanda par exemple, pour montrer que l’homme n’a pas changé. Si on ne peut pas comparer, on ne peut pas s’identifier. La Shoah n’est pas seulement une affaire juive. Pour que l’humanité en tire une leçon, nous devons la rendre universelle ». *auteur de « Pourquoi les Juifs ? » chez Michel Lafon

« C’est un devoir de témoigner »: Esther Senot, 92 ans, survivante d’Auschwitz

« Je me sens un devoir de témoigner. L’an passé, je suis intervenue dans 47 collèges et lycées, soit 7000 élèves. Je leur fais passer un message de tolérance et les mets en garde contre le racisme actuel et les formes d’exclusion qui me rappellent le climat des années 30. Ils écoutent toujours attentivement mon histoire. Depuis plus de trente ans, j’ai régulièrement des nouvelles d’élèves que j’ai croisés et plusieurs sont devenus professeurs d’histoire. C’est une fierté pour moi ».

« Mes élèves sont très investis »: Christophe Lucas, professeur d’histoire-géographie à Châlons-en-Champagne

« Depuis quatre ans, je mène un projet pédagogique avec mes élèves de 3e à partir de l’histoire de Solange Ast, une jeune fille juive morte en déportation en 1943 qui a étudié dans notre collège. On est parti sur ses traces à la prison de Montluc à Lyon, à Paris et à Drancy. Les jeunes sont très investis, ils ont exprimé le souhait de baptiser une salle du collège à son nom. Ce symbole leur permet de s’approprier la mémoire de cette période ».

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