Romain Vidal, le fils qu’il n’a jamais voulu reconnaître, sort un livre explosif dans lequel il ne cache rien des derniers instants de son père…
En prenant la plume, Romain Vidal, le fils non reconnu de Christophe né de son idylle avec Michèle Torr en 1967, a voulu juste lui dire son amour, malgré les années d’indifférence, d’hésitation et sans doute aussi de regrets partagés. Dans son livre Christophe, mon père inconnu, qui vient de paraître aux éditions Robert Laffont, Romain Vidal revient également sur les derniers jours de celui qu’il a toujours considéré comme son père.
“Dans un état de santé catastrophique”
Parmi les premières victimes du Covid, au pire de la tragédie planétaire et alors que le vaccin n’existait pas, le dandy de la chanson française, celui d’Aline et des Mots bleus, s’est éteint il y a déjà plus de trois ans, le 16 avril 2020, à l’hôpital de La Cavale Blanche de Brest, à près de 600 km de chez lui. Quelques jours plus tôt, le chanteur qui présentait une insuffisance respiratoire massive avait été transféré en TGV médicalisé de Paris vers la Bretagne, avec d’autres malades en état désespéré, alors que les hôpitaux parisiens étaient totalement débordés.
“Quelle indignité !”
Le fils illégitime de Christophe et la nièce du chanteur, Cécile Vitra, sont formels : l’interprète de Petite fille du soleil et des Paradis perdus a été retrouvé chez lui, isolé et gravement malade. Plusieurs fois, le chanteur, ne mesurant pas la puissance de ce nouveau virus, avait refusé qu’on appelle le Samu alors que son état de santé ne cessait de se dégrader. « À partir de là, Véronique, qui restait son épouse malgré leur séparation remontant à une bonne vingtaine d’années, a pris les choses en main. […] Lorsqu’on a enfin pu pénétrer chez lui, il était flagrant qu’il était resté seul et malade pendant plusieurs jours. C’était incroyable, il était dans un état de santé catastrophique. Quelle indignité ! » raconte sa nièce dans le livre.
Selon Romain Vidal, le chanteur est mort seul, à 74 ans, dans cet hôpital de Brest, sans que personne de sa famille ne lui ait dit au revoir, les visites de proches étant souvent interdites même pour les derniers instants alors que les scientifiques se posaient encore mille questions sur cette pandémie. « Dans les derniers jours, je me répétais, sans y croire vraiment, que mon oncle, une grande vedette adulée par des millions d’admirateurs, abordait une fin de vie terrible, loin de tout, loin des siens, loin des gens qu’il aimait. Il allait mourir comme un malheureux« , raconte la nièce de l’artiste.
“Cela restera toujours un mystère douloureux”
« Christophe avait d’abord été pris en charge dans l’un des meilleurs établissements de France, l’hôpital Cochin à Paris. Pourquoi l’avoir envoyé dans un autre établissement, en région ? Cela restera toujours un mystère douloureux », ajoute Cécile Vitra. Au fil des pages, Romain revient longuement sur sa relation compliquée avec le chanteur qui ne l’aura donc jamais reconnu malgré les évidences. Leurs derniers échanges, par textos, remontent à quelques semaines avant la tragédie.
« Il avait l’air un peu plus déprimé que d’habitude. Un jour, il m’a écrit un SMS qui m’a bouleversé. Je ne savais pas que ce serait son dernier message : “J’aimerais qu’on reste amis”, raconte le fils de Michèle Torr. Il n’y avait rien d’autre, pas d’autres mots. Même pas une petite formule pour adoucir la peine qu’il me procurait. Je me suis dit qu’au moins les choses étaient claires… Presque immédiatement, j’ai répondu : “Comme tu veux”. J’étais un peu groggy. Est-ce que j’avais de la peine ? Je ne sais pas trop… C’était donc décidé, puisque c’est ce qu’il souhaitait, nous n’irions pas plus loin. Dans ma tête, j’ai éliminé tout espoir de construire un jour quelque chose de plus solide et de plus souriant avec lui. Il pourrait bien vivre jusqu’à 100 ans, ça ne changerait rien », ajoute Romain.
Et puis, sans imaginer que son père biologique pourrait succomber face au Covid, le fils non reconnu lui a adressé ce qui aura été un ultime texto, tout en supposant qu’alors en réanimation, il n’était plus en possession de son portable : « Je t’aime. » « Il n’a jamais vu ce message sans doute. Depuis, je caresse malgré tout l’espoir qu’il l’ait lu, sans pouvoir me répondre. Comme j’aimerais qu’il l’ait lu ! Pour la première fois, en m’adressant à lui, j’avais enfin laissé parler mon cœur. »
À lire…
FRANÇOIS PERRET
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