Mise à l’honneur dans la capitale, au Musée de la chasse et de la nature, ainsi qu’à Giverny, l’artiste nous guide dans la ville qu’elle aime tant.
À 10 ans, Eva Jospin commence à explorer son quartier, le VIe arrondissement, avec une amie. Très vite, le terrain se fait trop familier et les petites inventent un nouveau jeu : prendre le premier bus et descendre au hasard pour découvrir un autre Paris. «L’une des griseries les plus intenses de ma vie», nous explique l’artiste alors que nous traversons la capitale en sa compagnie. «Paris est pour moi un millefeuille. J’ai un rapport de sédimentation à cette ville : un lieu, un souvenir. Je n’ai d’ailleurs jamais eu envie de la quitter.»
L’évasion sera alors mentale pour la plasticienne qui, en réaction à sa vie citadine, imagine un exode organique, végétal dans son travail. «À mes débuts, mes ateliers se trouvaient dans le XIIIe arrondissement, aux Frigos, dans un ancien bâtiment industriel. Mes forêts de cartons sont nées d’un besoin de créer une fenêtre sur la nature, d’une envie d’oxygène.»
Jusqu’au 20 mars, le Musée de la chasse et de la nature permet de traverser l’une d’elles, baptisée Galleria. Le paysage abrite des niches qui accueillent, en petit format, tout ce qui compose le travail de l’artiste : du dessin, de la broderie, des nymphées… «Comme une vision macro et micro de mon travail», explique Eva Jospin, également invitée pour une carte blanche au Musée des impressionnismes, à Giverny. «L’idée est de créer un dialogue entre certaines œuvres de leur collection et les miennes.» Parmi ces dernières, un panneau de 10 m de long sur 3,50 m de large, issu de la broderie de 350 m2 réalisée pour le défilé haute couture Dior, automne-hiver 2021-2022, au Musée Rodin. Un rêve en fils de soie à découvrir en Normandie jusqu’au 16 janvier, après vous être immergé dans l’univers de l’artiste, le temps d’une balade parisienne.
Mon vestiaire
«Je suis assez fan de la marque italienne Momonì. J’aime beaucoup les matières, les imprimés et les couleurs. Chic et original.»
27, rue Saint-Sulpice, 75006. momoni.it
Mon escapade
«Tout est beau à Giverny : le Musée des impressionnismes, la Maison de Claude Monet et son jardin, la campagne alentour. Comme ils ont été peints par les plus grands, il y a un fétichisme pour les paysages, totalement préservés. Un magnifique îlot de nature.»
Mon matériel
«Pour mes fournitures d’art, je vais chez Sennelier depuis toujours. Ils connaissent tout, sont d’excellent conseil et ont toujours des petites raretés.»
3, quai Voltaire, 75007. magasinsennelier.art
Mes spots culturels
«Le musée de la chasse et de la nature est un lieu chargé de vie et d’intimité. Ils sont très pointus en art contemporain, invitant Sophie Calle comme Abraham Poincheval. Ils ont aussi été les premiers à montrer certains artistes, dont j’ai eu la chance de faire partie il y a dix ans.»
62, rue des Archives, 75003. chassenature.org
«Le Musée des Plans-Reliefs, pour ses maquettes, une merveille de technique : tout était fait à la main, avec de la soie, du liège, du bois… Une promesse de voyage, une découverte presque enfantine. Et une histoire du statut des objets qui se dessine : après leur usage premier et militaire, les plans-reliefs sont devenus des œuvres à part entière.»
Hôtel national des Invalides, 129, rue de Grenelle, 75007. museedesplansreliefs.culture.fr
«Jeune, j’ai vu le Carmen de Peter Brook aux Bouffes-du-Nord. Un grand souvenir, et ce théâtre reste mon préféré. Je conseille aussi une petite visite à la Comédie des Champs-Élysées, où se trouvent des peintures d’Édouard Vuillard.»
15, avenue Montaigne, 75008. comediedeschampselysees.com/la-comedie
37 bis, bd de la Chapelle, 75010. bouffesdunord.com
«J’adore les passages couverts, qui m’ont inspirée dans mon travail. La galerie du Passage abrite la boutique d’antiquités de Pierre Passebon, qui fait toujours des choix très étonnants.»
20-26, galerie Véro-Dodat, 75001. galeriedupassage.com
À écouter : le podcast de la rédaction
Mes tables
«J’aime beaucoup Severo, une institution bouchère du XIVe arrondissement. Une côte de boeuf-frites, et c’est le paradis.»
8, rue des Plantes, 75014. lesevero.fr
«Lengué est un trésor perdu au milieu des adresses à touristes de la Huchette. Un izakaya, version nippone du bistrot, qui sert des plats japonais en petites portions.»
31, rue de la Parcheminerie, 75005.
«Je vais depuis des années au Mirama, une cantine chinoise. Leurs nouilles maison et leur canard laqué sont délicieux.»
17, rue Saint-Jacques, 75005. mirama.fr
Ma petite pause
«L’hôtel Paris a été la dernière demeure d’Oscar Wilde. J’aime m’y poser pour boire un verre et admirer leur escalier hélicoïdal, la colonne vertébrale du lieu. Les chambres sont aussi très jolies.»
13, rue des Beaux-Arts, 75006. l-hotel.com
Mon garde-manger
«Clara, la propriétaire de la fromagerie La Fontaine, était la première baby-sitter de mon fils Oscar. Après des débuts dans l’événementiel, elle s’est reconvertie et a appris son métier chez des grands fromagers. Dans la boutique qu’elle a fondée avec son compagnon, Lucien, je me laisse guider : tout est dingue. L’été, ils sont aussi sur le marché d’Ars-en-Ré.»
75, rue Jean-de-la-Fontaine, 75016.
«J’ai été élevée avec les macarons et les feuilletés au jambon de la maison Mulot, qui existe depuis 1976. Toujours un incontournable.»
76, rue de Seine, 75006. maison-mulot.com
«Les pâtisseries de Claire Damon chez Des Gâteaux et du Pain sont à tomber. L’art de la sophistication simple dans un dessert.»
63, boulevard Pasteur, 75015. desgateauxetdupain.com
Mon intemporel
«Jeff tient aujourd’hui Chez Georges, le café que ses grands-parents avaient fondé en 1952. C’est une histoire de famille, un lieu de passage intergénérationnel et la dernière adresse authentique du quartier qui me connecte à l’enfance. J’y venais avec mes parents, j’y vais encore, et mes enfants également.»
11, rue des Canettes, 75006.
Mon parc
«Les Buttes-Chaumont sont construites sur une ancienne carrière : ils ont utilisé les cavités créées par l’extraction de la pierre pour en faire ce magnifique dérivé des jardins baroques, mes préférés. C’est un mélange de faux, de beau, de bizarre : la végétation qui évolue au fil des saisons côtoie une nature fabriquée, à l’image de ces fascinantes et inquiétantes grottes artificielles.»
Ma déco
«Astier de Villatte, c’est une histoire d’amitié et d’admiration. Je suis proche des fondateurs, Benoît Astier et Ivan Pericoli, depuis l’adolescence. Ils m’ont ouvert à un univers artistique auquel je n’avais pas encore accès. Au-delà du bel artisanat, leurs créations sont chargées d’histoire picturale. La boutique est magnifique, souvent copiée d’ailleurs. J’ai un faible pour leurs bougies, notamment Mantes-la-Jolie…»
173, rue Saint-Honoré, 75001. astierdevillatte.com
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