La footballeuse de 30 ans a annoncé être enceinte de son premier enfant, le mercredi 23 octobre, via un post sur son compte Twitter. Portrait de l’une des joueuses les plus en vue de la planète, idole comme seule l’Amérique sait en façonner.

Il fut un temps où on la surnommait «Baby Horse». C’était après la Coupe du monde féminine de football de 2011, après ses buts marqués à répétition jusqu’à la finale, alors qu’elle n’était que remplaçante. Elle était si jeune (21 ans), courait si vite. «Ce n’est pas le surnom le plus séduisant…», se plaignait alors la ravissante Alex Morgan au New York Times, en 2012. Depuis, la buteuse attitrée de l’équipe des États-Unis a effectivement prouvé qu’elle n’était plus un bébé. Médaille d’or aux JO de 2012, vainqueure de la Coupe du monde en 2015, de la Ligue des champions en 2017 (avec l’Olympique lyonnais, où elle a passé quelques mois)… La joueuse aux 102 buts inscrits en sélection est devenue le visage de la sélection américaine, l’attaquante la plus médiatisée du monde et, donc, une reine en son royaume.

Diamond Bar et superstar

Alex Morgan à Hollywood, le 14 juillet 2015.

Partout en Amérique, son regard bleu acier captive sur les immenses panneaux d’affichage pour Coca-Cola ou Panasonic ; son sourire bright envahit les écrans pour les campagnes de Nike ou de McDonald’s. Loin des préjugés – archaïques – sur les footballeuses, Alex Morgan foule également quelques tapis rouges, du très prisé gala du Time à la première de la série Entourage. Robe fourreau, talons aiguilles, rouge à lèvres carmin, and so what?

Avec presque 13 millions d’abonnés cumulés sur Facebook, Instagram et Twitter, elle a aujourd’hui une influence dont elle n’aurait jamais osé rêver enfant ; même quand à 8 ans, elle laissait ce mot à sa mère, sur la table de leur maison de Diamond Bar, dans la banlieue de Los Angeles : «Salut maman ! Mon nom est Alex et je vais devenir footballeuse professionnelle !» Elle intègre son premier club d’élite à 14 ans, puis l’équipe nationale des moins de 20 ans à 17 ans. Très vite, la carrière de cette fan d’Elvis Presley est tracée.

Berkeley, Servando et Orlando

Alex Morgan et son mari Servando Carrasco, le 30 août 2018.

Rien ne l’empêche pourtant de rafler une licence en économie politique à la prestigieuse université de Berkeley, où elle brille dans l’équipe de football, les California Golden Bears, et où elle rencontre son futur mari, l’étudiant mexicain Servando Carrasco, devenu footballeur professionnel lui aussi. Quatre ans après leur mariage, un soir de Nouvel An en 2014, Servando Carrasco jour comme milieu de terrain au Galaxy de Los Angeles (l’ancien club de David Beckham) et Alex Morgan officie à Orlando, à quelque… 4000 kilomètres.

Comme de nombreux couples d’athlètes de haut niveau, ils se voient quand leurs emplois du temps le permettent. Ce serait peu dire que celui de la championne de 29 ans laisse peu de place aux roucoulements. Malgré ce quotidien tumultueux, le couple a annoncé sur le compte Twitter d’Alex Morgan qu’il attendait un enfant, le mercredi 23 octobre.

«Nous sommes déjà amoureux et nous ne l’avons même pas encore rencontrée, écrit la joueuse en légende d’une série ce clichés immortalisés sur la plage. Le nouveau membre de la famille Carrasco arrive bientôt.» Sur les photographies du duo, Alex Morgan tient un panneau, sur lequel on peut lire : «Baby girl, April 2020». Un post liké plus de 236.000 fois.

La trentenaire devra donc, un temps, mettre de côté les entraînements, les victoires et les shootings photos (le dernier pour la une du célèbre numéro maillots de bain du magazine Sports Illustrated). La championne de 30 ans avait, par ailleurs, décidé de faire entendre sa voix ailleurs sur le terrain agité du féminisme.

Icône et révolution

Alex Morgan lors du match des États-Unis contre le Canada, le 17 octobre 2019 aux Texas.

Dans un entretien accordé à la dernière édition de Time Magazine, dont elle faisait fièrement la couverture, elle avait annoncé qu’elle boycotterait la rencontre avec Donald Trump en cas de victoire des États-Unis à la Coupe du monde. Le 8 mars, elle déclarait également porter plainte contre la Fédération américaine de football (USSF) pour discrimination liée au genre, avec l’aide de ses coéquipières Megan Rapinoe et Carli Lloyd. En cause, notamment, les écarts de salaires avec leurs homologues masculins. Et un argument de choc : «Aux États-Unis, les femmes ont de meilleurs résultats que les hommes au soccer», argumente-t-elle dans leur recours. Les chiffres sont là. L’équipe nationale masculine a perdu en huitièmes de finale lors de la Coupe du monde 2014, et n’a même pas réussi à se qualifier pour l’édition 2018.

En vidéo, l’histoire tumultueuse du football féminin

La route est encore longue pour convaincre. Reste que le fait qu’Alex Morgan soit devenue au fil du temps une sorte d’icône de la culture américaine aide. Celle qui ne sait plus où ranger ses trophées a d’ailleurs écrit une série de livres à l’attention des jeunes filles, intitulée The Kicks, l’histoire de Devin, 12 ans, qui intègre une équipe de football. En filigrane, bien sûr, l’empowerment des femmes, l’affirmation de soi, l’écoute de sa petite voix intérieure. Preuve ultime qu’elle est bien une star made in USA, elle fait son apparition dans les Simpsons, en 2015. Le seul à avoir réussi l’exploit avant elle n’était autre que Cristiano Ronaldo.

*Cet article initialement publié le 11 juin a été mis à jour.

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