Quelques jours avant la sortie du livre La Familia Grande, dans lequel Camille Kouchner accuse Olivier Duhamel d’avoir agressé sexuellement l’un de ses frères, une pétition rédigée par Gabriel Matzneff en 1977 et signée par son père, Bernard Kouchner, refait surface. En 2020, ce dernier avait déjà partagé ses regrets à ce sujet.

  • Olivier Duhamel

C’est une archive qui risque de peser lourd. Deux jours avant la sortie de La Familia Grande, ouvrage à paraître le 7 janvier 2021 dans lequel Camille Kouchner, la fille de l’ancien ministre des Affaires Étrangères, accuse Olivier Duhamel d’avoir eu des relations sexuelles incestueuses avec l’un de ses frères, une nouvelle pierre vient s’ajouter à l’édifice. En effet, alors que Bernard Kouchner, qui a autrefois tenté de « péter la gueule » au supposé bourreau de son fils, a récemment apporté tout son soutien à sa fille, une pétition défendant la pédophilie signée par ses propres soins refait surface.

En effet, le 26 janvier 1977, Le Monde publiait une tribune signée par plusieurs intellectuels qui tentent de défendre la possibilité d’entretenir une relation amoureuse et sexuelle avec des mineurs. Cette pétition, rédigée par Gabriel Matzneff en personne, sera effectivement approuvée par Bernard Kouchner… mais pas seulement. S’ajoutent à son nom ceux de Simone de Beauvoir, Louis Aragon, Roland Barthes ou encore Jack Lang. Mais comment une telle tribune a-t-elle pu paraître ?

« C’est une énorme erreur. Il y avait derrière une odeur de pédophilie »

Cette tribune rédigée par Gabriel Matzneff a eu lieu alors que s’ouvrait à Versailles, devant la cour d’assises des Yvelines, le procès de trois hommes, jugés pour « attentats à la pudeur sans violence sur mineurs de moins de 15 ans ». Les suspects avaient photographié et filmé des adolescents de douze et treize ans, frère et sœur, lors de différents jeux sexuels, justifiant ces pratique par une curiosité de « voir la sexualité des enfants ». Les trois personnes seront condamnées à cinq ans de prison avec sursis. Pour une partie de la sphère intellectuelle soixante-huitarde, cette peine prononcée est un scandale : « Nous considérons qu’il y a une disproportion manifeste, d’une part, entre la qualification de ‘crime’ qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés. »

Plus de quarante ans après avoir signé cette pétition « pro-pédophilie », Bernard Kouchner est revenu sur son contenu dans les colonnes du Point le 23 janvier 2020. Comme le rapportait alors Libération, ce dernier avait exprimé ses regrets. Et pour cause, quelques mois plus tôt, son signataire, Gabriel Matzneff, était au cœur du roman Le Consentement, écrit par Vanessa Springora, dans lequel elle relate la relation traumatisante vécue avec l’écrivain lorsqu’elle n’avait que quatorze ans et lui cinquante.

Selon Bernard Kouchner, signer cette tribune était bel et bien une « connerie » : « C’était il y a 40 ans. C’est une énorme erreur. Il y avait derrière une odeur de pédophilie, c’est clair. C’était une connerie absolue. Plus qu’une connerie, une sorte de recherche de l’oppression », avait-il confié, avant de révéler qu’il ne l’avait en réalité jamais lue. « La pétition de Matzneff, je ne l’ai même pas lue ! Daniel Cohn-Bendit et moi l’avons signée parce que Jack Lang nous l’avait demandé », a-t-il ajouté. Lorsqu’il est demandé à Bernard Kouchner comment une telle tribune a-t-elle pu avoir lieu, sa réponse est brève : « Autre temps, autres mœurs. La période était bêtement laxiste, permissive. »

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