Le 2 mars 1990, Bernard Pivot interroge Gabriel Matzneff, alors âgé de 54 ans, dans l’émission « Apostophes » : « Pourquoi vous-êtes vous spécialisé dans les lycéennes et les minettes ? Au-dessus de 20 ans, on voit que ça ne vous intéresse plus ». Le principal intéressé répond, avec un grand naturel : « Je préfère avoir dans ma vie des gens qui ne sont pas encore durcis, qui sont plus gentils. Une fille très, très jeune est plutôt plus gentille ». La femme de lettres canadienne Denise Bombardier est la seule à s’insurger et le compare à ses « vieux messieurs qui attirent les petits enfants avec des bonbons ». Bientôt 30 ans après ce scandale, l’écrivaine, âgée de 78 ans, est revenue, ce jeudi 26 décembre pour Franceinfo, sur sa prise de position.

Denise Bombardier n’a pas changé d’avis sur Gabriel Matzneff, elle ne pouvait pas rester muette : « J’ai fait ce que j’avais à faire. Autrement je n’aurais pas pu me regarder dans le miroir. J’avais été prévenue par mon éditeur de l’époque : tu ne sais pas à quoi tu t’attaques ». Pour Franceinfo, elle a raconté le passage télévisé de son point de vue et s’agace encore de l’inaction des autres convives : « Quand je suis arrivée sur le plateau je savais que j’allais faire cette intervention. (…) J’ai pris la parole, parce que les gens ne disaient rien sur son livre. Il y avait un couple de catholiques qui était là pour défendre la fidélité dans le mariage et qui n’a pas dit deux mots. D’ailleurs la dame ne fait que rire ». « Il y avait ce silence et cette fascination. Et ça dit quelque chose du milieu littéraire français et parisien. Ces gens-là se renvoient l’ascenseur, se coéditent et justifient en ne se mettant jamais en cause dans leurs actions » a -t-elle relaté, tout en ne manquant pas de saluer la parution du livre de Vanessa Springora, une des amantes de 14 ans de Gabriel Matzneff : « Ça lui a pris trente ans pour être capable de raconter son histoire. »

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