En 1977, Jack Lang signait une pétition jugée « pro-pédophilie » où figurait également, parmi la soixantaine de signataires, l’ancien ministre de la Santé Bernard Kouchner, dont le fils aurait été victime de viols par le politologue Olivier Duhamel.

A propos de

  1. Olivier Duhamel

  2. Jack Lang

Le livre La Familia Grande de Camille Kouchner, meilleure vente de ce début d’année, continue de susciter des réactions dans la classe politique. L’ouvrage, qui dévoile au grand jour les faits d’inceste qu’aurait commis le politologue Olivier Duhamel sur son beau-fils, relance le débat sur le rapport qu’ont entretenu les médias avec la pédocriminalité. Dernier rebondissement en date : une pétition visant à décriminaliser les rapports sexuels avec les mineurs, signée par une soixantaine de personnalités en 1977, a été exhumée alors qu’Olivier Duhamel devrait être entendu par le parquet de Paris dans quelques semaines. Plusieurs intellectuels ont, à l’époque, joint leur nom au texte : Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Daniel Cohn-Bendit, Roland Barthes, Bernard Kouchner, dont le fils aurait été la victime d’Olivier Duhamel, ou encore l’auteur du texte Gabriel Matzneff, mis en cause par l’éditrice Vanessa Springora, qui raconte dans son ouvrage Le Consentement l’emprise que l’écrivain a eu sur elle dans les années 80, quand elle n’était âgée que de quatorze ans.

Parmi les signataires du texte controversé, intitulé L’enfant, l’amour et l’adulte, on retrouve notamment l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, alors membre du Parti socialiste. Il a pris la parole sur ce sujet au micro d’Europe 1 ce lundi 18 janvier. Face aux questions incisives de Sonia Mabrouk, l’ancien ministre a condamné de tels agissements  » Il n’y a pas de mots pour définir l’inceste, a réagi le président de l’Institut du monde arabe. Il a également expliqué ne pas avoir eu vent des accusations contre Olivier Duhamel. A propos de cette pétition, il explique des années après : « c’était une connerie ». D’après l’ancien ministre, cette tribune « inacceptable » est intervenue dans un contexte post-Mai 68. « Nous étions portés par un vent libertaire, a-t-il avancé, tout en rappelant qu’il « faut en finir avec l’omerta qui pèse sur l’inceste et qui concerne énormément de familles ».

Une récente enquête de l’Institut Ipsos, en novembre dernier, révélait qu’un Français sur dix affirmait avoir été victime d’inceste, soit 6,7 millions de personnes. Il se trouve qu’un jour, on a été une cinquantaine à avoir écrit une connerie. Qu’est-ce que je dois faire ? M’immoler devant vous ? », s’est-il justifié, en précisant qu’à l’époque, « on était très nombreux à signer cette tribune ». Et de poursuivre : « Il y avait Daniel Cohn-Bendit, Michel Foucault, une série d’intellectuels… »

En toile de fond, le procès de trois hommes

Il y a quarante ans, cette pétition jugée « pro-pédophilie » se faisait l’écho d’une précédente tribune, portée par Gabriel Matzneff en novembre 1976, relate Le Point. Rappel du contexte : ces deux textes ont été écrits alors que se tenait, devant la cour d’assises des Yvelines, le procès de trois hommes jugés pour « attentats à la pudeur sans violence sur mineurs de moins de quinze ans ». Ils avaient filmé et photographié des victimes de douze ou treize ans lors de jeux sexuels. « Trois ans de prison pour des caresses et des baisers, cela suffit », pouvait-on lire dans la seconde tribune, alors que le substitut réclamait à l’époque six ans de réclusion criminelle. Dans un article publié le 2 janvier, Libération est d’ailleurs revenu sur la publication dans ses colonnes du texte, en relayant les réactions récentes des anciens signataires. « Il est dé­li­cat de res­sor­tir cette pé­ti­tion au­jour­d’hui sans par­ler du contexte de cette époque, s’est entre autres défendu l’écrivain Philippe Sollers, qui a n’a « jamais défendu la pédophilie .. La pédophilie est un pro­blème ré­cent, on n’en parle que de­puis quelques an­nées. »

Article écrit avec la collaboration de 6Medias.

Crédits photos : AGENCE / BESTIMAGE

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