Dans une interview accordée à Mediapart en avril dernier, et publiée ce dimanche 3 novembre après sept mois d’enquête, Adèle Haenel assure avoir été sexuellement abusée par le réalisateur Christophe Ruggia, entre 12 et 15 ans.

Les faits avancés datent de presque vingt ans. Après les avoir longtemps tus et refoulés, Adèle Haenel choisit aujourd’hui de parler. Dans une interview accordée en avril dernier à Mediapart, et publiée ce dimanche 3 novembre après sept mois d’enquête, l’actrice doublement césarisée confie avoir subi les attouchements sexuels de Christophe Ruggia, qui l’a dirigée sur son tout premier film en 2002, Les Diables. Adèle Haenel livre un récit précis et factuel des souffrances qu’elle assure avoir endurées, au domicile du réalisateur. Au moment des faits, qui auraient duré trois ans, l’actrice était mineure, âgée entre 12 et 15 ans.

Dans son témoignage, Adèle Haenel assure avoir été invitée à plusieurs reprises au domicile du réalisateur, le weekend sur Paris, en marge du tournage des Diables : "Je m’asseyais toujours sur le canapé et lui en face dans le fauteuil, puis il venait sur le canapé, me collait, m’embrassait dans le cou, sentait mes cheveux, me caressait la cuisse en descendant vers mon sexe, commençait à passer sa main sous mon teeshirt vers la poitrine. Il était excité, je le repoussais mais ça ne suffisait pas, il fallait toujours que je change de place" explique-t-elle. Contacté par Mediapart, Christophe Ruggia "réfute catégoriquement avoir exercé un harcèlement quelconque ou toute espèce d’attouchement sur cette jeune fille alors mineure".

Dans sa démarche, Adèle Haenel a été applaudie et soutenue par Sand Van Roy, l’actrice qui accuse depuis plus d’un an Luc Besson de viol. Sur Twitter, cette dernière a tweeté : "Bravo Adèle Haenel. ‘Parler est une façon de dire qu’on survit.’ Grâce à toi on est moins seules". Aujourd’hui, Adèle Haenel assure ne plus avoir aucun contact depuis bientôt quinze ans avec celui qui l’aurait abusée. Elle assure avoir passé "dix années à bout de nerfs (où elle ne tenait) presque plus debout" en raison du traumatisme subi qui l’aurait même poussée à arrêter le cinéma.

Elle ne veut pas porter plainte

De nombreuses personnes, proches de l’entourage de Christophe Ruggia ou ayant collaboré avec le réalisateur, apportent des témoignages qui appuient celui d’Adèle Haenel. Néanmoins, l’actrice aujourd’hui âgée de 30 ans ne tient pas à porter plainte, et assure que son seul souhait est de voir "la honte changer de camp" : "Ce n’est pas pour brûler Christophe Ruggia (mais pour) remettre le monde dans le bon sens, pour que les bourreaux cessent de se pavaner et qu’ils regardent les choses en face, que la honte change de camp, que cette exploitation d’enfants, de femmes cesse, qu’il n’y ait plus de possibilité de double discours" a-t-elle expliqué.

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