Le Marky Mark aux abdos huilés et au slip apparent ? Il est loin. Aujourd’hui, l’ex-rappeur est un comédien respecté… Mais il garde tout son franc-parler !

Public : Vous revenez bientôt au cinéma avec Father Stu, le biopic d’un boxeur devenu prêtre. Est-il exact qu’il vous a fallu six ans pour transposer cette histoire au cinéma ?

Mark Wahlberg : Oui ! Face au refus des studios, j’ai fini par l’autofinancer en mettant des millions de ma poche. Stuart Long a eu un parcours hors norme : ce sportif américain a brillé dans les années 1980, avant de sortir défiguré d’un combat. Il a ensuite essayé de devenir comédien mais a eu un nouvel accident, de moto cette fois. C’est sur son lit d’hôpital qu’il a ressenti l’appel de Dieu. J’ai voulu lui rendre justice et amener les gens à se rapprocher du Seigneur et des autres.

Pour entrer dans la peau de ce boxeur, vous avez pris beaucoup de poids…

Oui, ça a été le plus difficile : j’aime le sport, et je vois la nourriture comme un carburant. Là, j’ai dû me mettre à un régime de 11 000 calories par jour ! Au petit déjeuner, je mangeais une douzaine d’œufs, une douzaine de morceaux de bacon, deux bols de riz blanc et je buvais une tasse d’huile d’olive pour faire passer le tout. En moyenne, j’ingérais sept à huit repas par jour !

« Mon premier rendez-vous avec ma femme ? À l’église »

Pas vraiment la diète de votre épouse depuis treize ans, la mannequin Rhea Durham ! Comment l’avez-vous séduite lors de votre rencontre ?

J’ai prié Dieu pour qu’il mette sur mon chemin une gentille femme ! Mais il a estimé que je n’étais pas prêt, jusqu’au jour où il a amené Rhea dans ma vie. Je l’ai connue à New York, par l’intermédiaire d’amis communs et, au premier regard, j’ai su que c’était la bonne ! Le lendemain, je l’ai appelée et lui ai demandé de m’accompagner à l’église. Nous ne nous sommes plus quittés.

Vous semblez loin de vos sorties de route de jeunesse !

J’ai grandi dans un quartier où les gangs étaient partout. Pour faire son trou, il fallait s’imposer. À 15 ans, je connaissais tous les policiers de Dorchester, le coin de Boston où j’ai grandi. Ils venaient régulièrement m’arrêter avec mes frères à la maison ! Nous étions neuf enfants et mes parents étaient dépassés. La castagne, c’était mon truc, notamment à l’école que j’ai quittée à 14 ans. J’ai d’ailleurs passé le bac à 42 ans. J’ai de la chance : beaucoup de mes amis d’enfance ont fini en prison ou avec une balle dans la tête !

Vous vouliez faire quoi de votre vie ?

Musicien ou acteur mais, dans mon quartier, on vous poussait plutôt à détruire, voler, intimider, braquer ! Je suis même passé par la case prison.

Quels sont vos rapports avec la police aujourd’hui ?

J’aime bien les forces de l’ordre !(Rires.) J’ai compris qu’elles étaient là pour nous protéger.

“Mes enfants ont honte de ma carrière de rappeur”

Quel père êtes-vous pour vos quatre enfants ?

J’ai appris sur le tas. Je ne savais pas, par exemple, comment je réagirais le jour où ma fille ramènerait un copain à la maison ! Heureusement, je n’ai pas eu de motif pour le réduire en bouillie…

Que pensent vos enfants de votre carrière de rappeur, en tant que Marky Mark ?

Ils en ont honte, surtout les clips où l’on me voit suer en baggy avec le slip apparent ! L’autre jour, j’étais au match de foot de mon fils et, à la mi-temps, les organisateurs ont diffusé Good Vibrations: il s’est bouché les oreilles et s’est planqué derrière le banc !

Où sont passés vos tatouages ?

Je les ai fait retirer en devenant père : c’était un mauvais exemple. En plus, dès que je tournais torse nu, des maquilleurs devaient les masquer. Nous perdions un temps fou ! En tout cas, les effacer fait plus mal que les tatouer.

Comment expliquez-vous que vous ne fassiez plus la une des magazines people ?

Je mène une vie super chiante ! Il n’y a rien de fascinant à suivre un type qui fait ses courses au supermarché ou qui tape la balle avec son fils.

En plus du cinéma, vous êtes un businessman. Quels sont vos secteurs d’activité ?

L’immobilier commercial, privé, la santé, le bien-être… Je possède également une ligne de produits protéinés pour le sport. Je me suis diversifié car on n’a aucune garantie dans mon job ! Il suffit de quelques échecs au cinéma pour que l’on vous snobe.

Votre réussite vous a donné la grosse tête ?

Non. Lorsque j’étais gamin, mes parents tiraient le diable par la queue et, pour se caler, on mangeait des sandwiches à la mayonnaise ou en trempait de la mie de pain dans de l’huile d’olive ! Je sais trop d’où je viens pour être suffisant… En revanche, je suis fier de ma réussite car j’ai trimé comme un dingue.

La pandémie n’a pas affecté vos business ?

Pendant le Covid, mes salles de sport et mes restaurants ont fermé. Mes entreprises se sont vautrées ! Mais je compte bien rebondir.

Vous avez déjà eu l’impression que votre vie aurait pu basculer ?

Oui ! En septembre 2001, j’étais enregistré sur le vol 93 d’United Airlines, qui s’est crashé dans un champ de Pennsylvanie après que les passagers se sont rebellés contre les terroristes d’Al-Qaïda. Au dernier moment, avec mes amis, nous avons changé nos plans et sommes partis de Toronto au lieu de Boston. Depuis, je me dis que mon temps est compté et qu’il faut profiter de chaque jour comme s’il s’agissait du dernier !

Dates Clés

1. 5 juin 1971

Naissance à Boston. Dernier d’une fratrie de neuf enfants, il enchaîne à l’adolescence les délits. Il est emprisonné pour vol avec violence à 17 ans.

2. 1991

Mark devient Marky Mark et se fait connaître avec des albums hip-hop. Débuts qu’il aura du mal à faire oublier : « Il m’a fallu dix ans pour être accepté en tant qu’acteur ! »

3. 1er août 2009

Il épouse la mannequin Rhea Durham, dont il est toujours fou. Ils ont eu quatre enfants, deux filles et deux garçons.

4. Automne 2022

Sortie de Father Stu, avec Mark et Mel Gibson. L’histoire d’un boxeur devenu prêtre, que l’acteur voulait adapter depuis des années.

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Propos recueillis par Frank Rousseau, à Los Angeles

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