À 61 ans, l’acteur espagnol a toujours une aura et une renommée internationales. Il a accepté de se confier à Public sans langue de bois et avec humour !
Public : Être latin, cela signifie quoi pour vous ?
Antonio Banderas : Être latin, c’est aimer faire l’amour, manger, boire, s’endormir à l’ombre d’un olivier. Mais je me considère plus comme un Andalou, ce qui signifie que je fais tout ce que je viens de vous énoncer, mais de manière beaucoup plus raffinée ! (Rires.)
De toutes les actrices que vous avez embrassées – à part celles que vous avez épousées – quelle est celle qui vous a le plus titillé les sens ?
L’actrice qui embrasse le mieux c’est Victoria Abril. Quoique mon baiser préféré, c’est probablement celui – pas banal – que j’ai échangé avec Brad (Brad Pitt, ndlr) dans Entretien avec un vampire. (Rires.)
« Melanie Griffith m’a embarqué un Picasso après notre divorce »
Vous avez la réputation d’être quelqu’un de très humble…
Je le dois à mes parents et à mes années de dèche. J’ai débuté dans l’anonymat des théâtres de Madrid, je n’avais même pas de quoi mettre du chorizo dans ma salade ! Et j’ai aussi tourné quelques navets qui m’ont appris à garder les pieds sur terre.
Aujourd’hui, vous êtes riche. Comment claquez-vous votre argent ?
Je ne suis pas du genre à dilapider un demi-million de dollars pour obtenir ma carte de membre dans un country club de golf. J’ai des goûts simples et populaires.
Pourtant vous possédez des Picasso !
Figurez-vous que j’en avais deux ! Mais après mon divorce avec Melanie (Melanie Griffith, ndlr), j’ai dû lui en laisser un ! Je le regrette. J’aurai dû négocier autre chose.
« J’ai été jeté en prison sous Franco »
Qu’est-ce qui vous agace le plus dans la vie ?
Les politiciens frustrés qu’il y a sur cette planète ! Des hommes qui ont un certain pouvoir entre les mains et qui – partant du principe qu’ils ne font plus d’étincelles au lit – nous pondent des lois stupides ou nous emmerdent tout simplement la vie parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire !
Vous avez un côté rebelle…
La première cause que j’ai défendue, ce fut la liberté de parole. Sous le régime de Franco, j’ai été jeté en prison puis tabassé par les milices parce que j’avais osé jouer au théâtre Bertolt Brecht – un auteur allemand interdit. À cette époque, la presse de mon pays, ainsi que tous les organismes culturels, étaient muselés par des comités officiels.
Vous vous souvenez de votre premier film en anglais ?
Et comment que je m’en souviens ! Pour l’audition de The Mambo Kings,mon premier film américain, j’ai dû mémoriser mes répliques en langage phonétique et apprendre par cœur un texte sans connaître la moindre signification des mots que je prononçais. Je vous laisse imaginer le côté tragicomique des interviews que je donnais à l’époque aux journalistes anglo-saxons. Aujourd’hui, je pense être en mesure de jouer presque toutes les nationalités sauf les cow-boys texans, les traders new-yorkais, les fermiers écossais en kilt ou les pêcheurs nordiques. Question de crédibilité ! (Rires.) Mais bizarrement quand je joue dans un film américain qui marche bien au box-office, les anglophones me disent que mon anglais est parfait et lorsque le film fait un bide, je lis dans la presse que j’ai un accent d’immigré.
Quels sont les désavantages d’être un people ?
Sur le tournage d’Evita, Melanie, mon épouse à l’époque, était enceinte de notre fille et s’apprêtait à se rendre à l’hôpital pour accoucher. Les photographes étaient à l’affût, prêts à shooter. C’était d’autant plus crucial pour eux qu’une flopée de tabloïds avait annoncé qu’elle ne se rendrait pas à la clinique pour mettre au monde Stella, mais pour avorter dans le plus grand secret ! En sortant de chez nous, nous nous sommes retrouvés devant une armée d’objectifs. Melanie était vraiment en plein travail, l’accouchement n’était plus qu’une question d’heures ! Pour qu’elle puisse accoucher dans la sérénité, je l’ai placée avec une couverture sur la tête, sur le siège arrière d’une voiture de location et j’ai foncé à toute vitesse vers l’hôpital !
Que devient votre fille Stella ?
C’est quelqu’un qui s’intéresse beaucoup à ce qui se passe dans le monde. C’est un esprit universel ! Je suis très fier d’elle. Sa mère, tout comme moi, l’avons je pense bien élevée !
Envisage-t-elle de suivre les traces de ses parents ?
Non ! Elle nous a déjà clairement fait savoir qu’elle souhaitait exercer un métier bien éloigné du nôtre ! C’est une smart girl ! Être sur un plateau de tournage ou sur un tapis rouge, cela n’a jamais été son truc ! Tout comme ma compagne d’ailleurs ! C’est une conseillère financière spécialisée dans l’investissement. À la maison, on ne parle que de choses normales, dans un contexte normal. Ses amis sont architectes, ingénieurs, docteurs etc. Quand je suis avec eux, je n’évoque jamais mon business. C’est rafraîchissant. Surtout que j’ai été marié deux fois à des actrices !
De tous les personnages que vous avez incarnés, quel est celui que vous avez pris le plus plaisir à jouer !
Le Chat botté dans Shrek ! J’étais parti du constat suivant. Puisque ce n’était pas un très gros matou, il fallait que je lui donne une voix fluette. Mais ça ne collait pas. Il ressemblait plus à un chat castré ! Alors, j’ai fait tout le contraire et ça a produit un effet comique irrésistible…
Dates clés
1. 10 août 1960
Naissance de José Antonio Domínguez Banderas à Malaga, en Espagne. Sa maman est enseignante et son papa policier.
2. Septembre 1982
Première apparition au cinéma dansLe Labyrinthe des passionsdu réalisateur Pedro Almodóvar. C’est le début d’une longue et fructueuse collaboration.
3. 14 mai 1996
Il se marie à l’actrice américaine Melanie Griffith pour laquelle il a quitté sa première épouse, l’actrice espagnole Ana Leza. Ils divorceront en décembre 2015.
4. 2021
Antonio tourne dans Indiana Jones 5dont la sortie est prévue en 2023. Son prochain film Uncharted devrait être sur les écrans début 2022.
À voir également : Antonio Banderas : Retour sur ses films cultes !
Propos recueillis par Frank Rousseau, à Los Angeles.
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