Lorsque le confinement a débuté, les Français.e.s (du moins celles et ceux qui n’ont pas eu à se demander comment s’occuper de leurs enfants) s’étaient imaginé·e·s un bouquin entre les mains, rattrapant leur retard de lecture avec le temps gagné à ne pas prendre les transports. Plutôt que de sortir dîner ou boire un verre, ils et elles se voyaient déjà en train de monter un projet qui dormait depuis longtemps dans un carnet. Se cultiver, se réaliser, regarder des séries. Bref, rentabiliser au maximum les heures à être enfermé·e. Un comportement nourri par le culte de l’ultra-productivité propre aux réseaux sociaux, certes, mais aussi par la joie d’avoir enfin un peu de temps pour soi.
Seulement, après quelques semaines, le constat s’impose : on a du mal à se concentrer. On lit trois lignes avant de penser à autre chose, on fixe trois minutes la télé avant de poser ses yeux sur un autre écran, par réflexe. Toutes nos belles résolutions se sont envolées avec notre volonté. Même niveau boulot, on a tendance à traîner. Les matins de télétravail (si on a cette chance) sont plus difficiles, les après-midis aussi. Et le phénomène n’est pas isolé : sur Twitter, on recense des dizaines de témoignages d’internautes qui se demandent où est passée leur faculté de concentration. Et la raison a forcément à voir avec la situation actuelle.
Moi qui suis dj en tltravail 4j/semaine en temps normal, je confirme que a n’a rien voir avec la normalit du tltravail.
Mes capacits de concentration sont bien moindre depuis le dbut du confinement (anxit lie au contexte, moins de possibilit d’tre seul..) https://t.co/DRe5gSpI4d
Un trop-plein d’informations nocif
« Alors que nous essayons de nous habituer à la ‘nouvelle normalité’ pendant cette période sans précédent, en travaillant à la maison, en nous isolant et, pour beaucoup, en consommant plus de médias que d’habitude, il peut être difficile de comprendre les nouveaux sentiments auxquels nous pourrions être confrontés. Et avec cela, comprendre où concentrer notre attention – ou simplement comment », explique Sarah Romotsky, directrice des partenariats de santé chez Headspace, société qui prône la méditation comme soin efficace, à Stylist.
Notre esprit est encombré par un flot de données, communiquées de part et d’autre des réseaux sociaux, chaînes d’infos, ou par nos proches et moins proches. La charge mentale numérique est à son comble, et notre cerveau sature. S’ajoute à ça l’inquiétude pour notre entourage et les doutes en ce qui concerne notre avenir. Difficile de se focaliser sur une tâche en particulier quand notre vie courante chavire.
Être indulgent·e et faire le vide
Parfois, la pression de devoir à tout prix s’atteler à un nombre de tâches interminable nous empêche justement de faire les choses correctement. Plutôt que de se fixer des objectifs impossibles à atteindre, mieux vaut se rappeler qu’il n’y a rien de mal à ne pas être productif·ve, bien au contraire. On ne parle pas d’abandonner toute activité pro ou perso, mais plutôt de faire preuve d’un peu de bienveillance envers soi-même, et les émotions que le confinement nous inspire. Accepter aussi que ces changements soient bouleversants, et que notre quotidien, comme nos réactions habituelles, puissent en être perturbés.
« En cette période d’incertitude, il est normal de se sentir anxieux·se, confus·e et même parfois un peu dépassé·e », poursuit l’experte auprès du média britannique. « Nous pouvons nous trouver confronté·es à une foule de nouvelles émotions ou pensées, et certain·es d’entre nous peuvent avoir du mal à rester concentré·es ou à se concentrer sur une seule chose pendant très longtemps, d’autant plus que le monde qui nous entoure continue de changer aussi rapidement. »
L’un des moyens de recentrer son attention, c’est de faire le vide pour se débarrasser de ce qui la distrait. Prendre quelques minutes pour se lancer dans un exercice de méditation, par exemple. Ou s’accorder une pause en se préparant une tasse de thé, que l’on déguste au calme, pour prendre un peu de recul, et être plus apte à se replonger dans le travail ou toute autre activité après.
S’en tenir à une routine saine
Lorsque la situation nous échappe, il est aussi important de se rattacher à ce que l’on peut contrôler soi-même. Et se fixer des rituels journaliers contribue à cette notion de contrôle essentielle. Une idée facilement réalisable pour celles et ceux qui souhaiteraient encadrer leurs semaines de confinement : se réveiller à la même heure ou prendre un petit-déjeuner sain chaque matin. Rien de bien compliqué, ni de très révolutionnaire, on vous l’accorde, mais se fixer un rythme aide à retrouver quelques repères dans un monde qui ne ressemble plus à ce qu’on a toujours connu. Donc à se rassurer et, par la force des choses, à raréfier les vagabondages de notre esprit.
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