Se laisser bercer par l’odeur du linge propre, glisser un palet parfumé dans son armoire, se frictionner de vinaigre de toilette… Ces parfums de l’intime sont autant de sésames pour un voyage des sens, entre hédonisme et réconfort.
Plonger le galet dans l’eau chaude, le faire glisser sur sa peau et sentir sa fine mousse… Se savonner est un art oscillant entre hygiène et sensualité, sollicitant vue, toucher et odorat. Cette odyssée sensorielle n’a pas échappé aux grands noms du luxe qui déclinent souvent leur parfum phare en savon délicat. Ceux de Rose Ispahan chez Dior (35 €*), de N°5 chez Chanel, (28€*) ou de l’Eau d’Orange Verte chez Hermès (Coffret de 3 : 75€*) en sont une démonstration qui vaut la peine d’être vécue. Mais par-delà cette image de luxe, le côté rassurant du savon s’appuie autant sur sa promesse d’hygiène que sur son usage ancestral, remontant aux confins de la civilisation chez les Sumériens et les Egyptiens.
L’un des plus anciens savons encore en usage est celui d’Alep, conçu il y trois millénaires en Syrie, avant de s’exporter en Occident par les guerres de religion. Avec son cousin de Marseille, il est entièrement naturel, issu d’huiles d’olive et de laurier pour le premier, d’huiles d’olive et de coprah ou de palme pour le second, mélangés à de la soude et cuits de longues heures au chaudron.
Aujourd’hui, leur retour de hype s’explique sans doute par leur éco-conception et leur simplicité très contemporaines. Le savon de Marseille était d’ailleurs incontournable jusqu’au milieu du XXème siècle : les Françaises l’utilisaient souvent en mono-produit pour tout laver -linge, vaisselle, cuir, mais aussi corps et cheveux. Sur la peau, le carré vert ne laisse qu’une faible odeur, celle de son huile végétale et c’est son absence de parfum additionnel qui en a fait l’ami des peaux sensibles. Même si la démocratisation de la machine à laver va sonner son déclin au profit des premières lessives, d’abord en poudre avant d’être liquides. Toutes sont parfumées, ne serait-ce que pour couvrir la forte odeur des détergents avant celle du linge sale.
Des lessives cocooning qui inspirent jusqu’aux parfums
C’est à la même époque que la chimie met au point des muscs de synthèse, parmi lesquels la Galaxolide en 1962. Une odeur de propre extrêmement tenace et peu chère, qui la propulse reine des lessives et adoucissants -elle composait d’ailleurs 40% du parfum de Cajoline-. Depuis, l’éventail des muscs dits « blancs », puisqu’associés au linge, est presque infini avec toujours ces sensations de réconfort moelleux. Au point que plusieurs parfums à succès vont en faire leur thème principal, comme White Musk de The Body Shop ou Flower by Kenzo de Kenzo, deux boules de muscs teintées de fleurs et de fruits. Une autre famille de molécules typiques des lessives est celle des aldéhydes. Certains ont reconnaissables par leurs odeurs métalliques mimant le fer à repasser chaud, d’autres ont un côté savonneux. Ces matières premières sont devenues une madeleine de Proust collective, depuis le succès du N° 5 de Chanel qui contient cinq aldéhydes différents. «Ces molécules sont à la fois puissantes, peu chères, et plus stables dans un environnement caustique que dans l’alcool » explique le parfumeur Maurice Roucel de chez Symrise. «Ils sont donc rentrés dans la composition de nombre de produits d’entretien, tels que le savon Lux, la laque pour cheveux Elnett ou encore la lessive Ariel».
Une maison ré-enchantée
A l’heure où nombre de citadins fantasment de télétravailler dans une maison à la campagne, l’envie de concilier propreté écologique, gestes authentiques et parfums raffinés se fait croissante. A ce propos, la maison Diptyque s’est amusée à concevoir La Droguerie, une gamme de produits d’entretien naturels qui cochent toutes les cases d’éco-conception tout en sentant divinement bon. Mention spéciale au liquide vaisselle à la fleur d’oranger accompagné de sa brosse ou au nettoyant multi-surfaces dont le parfum de figue et lavande nous donnerait presque des envies de ménage (les deux, 500ml, 35€).
Et si, conscience écologique oblige, certaines s’interdisent désormais les bains, des brumes d’oreiller à vaporiser sur ses draps sont tout aussi calmantes. « De plus en plus d’individus sont en quête de rituels pour se connecter à soi-même et retrouver des repères. La maison est devenue un refuge » analyse-t-on chez Nelly Rodi. « A fortiori après les expériences de confinement où chacun de nous est passé par une phase introspective. Les rituels s’inspirant de gestes ancestraux rassurent». Guerlain préconise de vaporiser son Eau de Lingerie aux notes florales poudrées musquées dans ses tiroirs, son lit ou sur sa peau (100ml, 150 €) ; un plaisir narcissique que propose aussi Dans mon lit de Frédéric Malle, aux effet ouatés (100 ml, 95€, fredericmalle.eu ) ainsi que la Brume d’oreiller Fleur de Coton chez Durance (9,50€, chez Nocibe). Un nuage de bien-être qui participe à décrocher des pensées, au même titre qu’un mantra ou qu’une respiration. Et aussi : Brume d’oreiller Lavande, Nicolaï, 23€, pnicolai.com ; Brume d’oreiller Relaxante Cocon de Sérénité, L’Occitane, 19,50€, fr.loccitane.com ; Brume D’oreiller Lavender & Moonflower, Jo Malone, 38€, jomalone.fr ; Brume d’Oreiller Ylang, Benu Blanc, 29€, benublanc.com.
* en parfumeries et grands magasins.
Texte Laurence Férat
Crédits photos : Photos Emmanuelle Hauguel, Réalisation Dominique Evêque
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