Rester seul·e est une chose. Rester seul·e sans possibilité de sortir s’aérer l’esprit quelques heures en est une autre. Et pendant le confinement, beaucoup sont forcé·e·s de faire face à ces instants de solitude tant redoutés. De se retrouver enfermé·e·s avec leurs pensées et peu d’échappatoires autres que digitales – nocives, à la longue. L’isolement, quand il n’est pas désiré, peut faire des dégâts psychologiques difficiles à surmonter. Et particulièrement quand on n’en voit pas le bout. « Le fait qu’on ne sache pas quand va se terminer cette crise est une source d’angoisse terrible pour bon nombre », déplore Pascal Anger, psychanalyste.
Il explique que la situation n’a que faire de l’égalité. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, et cela joue sur la façon dont on supportera ce tête-à-tête solitaire : « Il y a des gens qui sont bien avec eux-mêmes, bien avec leur solitude. Ce sera moins compliqué pour eux que pour ceux qui ont besoin d’un entourage proche et d’un contact constant pour être heureux. » L’un des facteurs de ce vague à l’âme, c’est aussi « le fait de perdre ses repères, de faire face à l’incertitude de l’avenir », assure l’expert, qui liste également la surinformation, et le peu de possibilité d’extériorisation.
Alors, pour vivre au mieux cette période inédite, pourquoi ne pas suivre quelques règles simples, qui sauront nous rassurer et nous faire du bien ? Les voici.
S’imposer un rythme
Que les choses soient claires : il est bon de se laisser aller à ne rien faire. Le confinement est une épreuve assez difficile à vivre pour qu’on nous dicte, en plus, comment l’expérimenter. Seulement parfois, lorsqu’on est seul·e chez soi pour une durée indeterminée, un certain cadre peut aider. Surtout quand il correspond à notre quotidien d’avant.
« Les repères et la régularité constituent un remède efficace aux épisodes de déprime passagers », poursuit Pascal Anger. « Ne rien changer par rapport à son emploi du temps nous permet se raccrocher à ce qu’on peut contrôler ». Il conseille ainsi de « remplir et fractionner » un maximum ses journées, même s’il s’agit de petites activités.
Petit-déjeuner, travail, lecture, films… « Si on pratique des activités manuelles et intellectuelles, il faut continuer », ajoute-t-il. « Cela permet de combler l’incertitude de l’avenir ». L’activité physique, aussi, a des vertus non négligeables : celles d’évacuer ses frustrations, de détourner son esprit de l’actualité qui, même si elle est essentielle, demeure »très anxiogène ».
Chercher le lien social
S’il y a bien une chose que la technologie a révolutionné, c’est l’échange avec les autres. Et le lien social qui en découle. Grâce à cette connexion permanente, parfois poussée à l’extrême (« Attention au trop-plein d’informations, qui devient vite source de déprime », prévient Pascal Anger), on reste facilement en contact avec celles et ceux que l’épidémie à éloigné·e·s.
Une idée : organiser des rendez-vous inspirés de nos rassemblements pré-confinement. « On peut manger avec un·e ami·e, un membre sa famille, en mettant le téléphone en face de nous, par exemple », évoque le psychologue, qui confie par ailleurs que cet isolement involontaire a aussi du bon : « Je vois des personnes âgées qui me disent qu’elles n’ont jamais été aussi contactées que maintenant. On a le temps, on pense à ceux et celles qui nous sont cher·e·s. On se recentre sur l’essentiel ».
Il insiste également sur l’importance de « verbaliser ses émotions fortes ». De ne pas garder ce qui nous inquiète pour soi, bien que le dialogue en face à face soit hors de portée. Parler, formuler ses craintes, « auprès de quelqu’un qui nous écoute, tant qu’à faire », plaisante-t-il, c’est avoir une chance de s’en détacher.
Penser à l’après
On ne dit pas qu’il faut se convaincre que tout redeviendra « comme avant », ce serait se fourvoyer, mais plutôt rêver à des lieux qu’on pourra redécouvrir, des sensations qu’on pourra revivre, des projets qu’on pourra refaire une fois que le confinement sera derrière nous. Pascal Anger avise de poser sur le papier « des objectifs que l’on a en tête », pour justement vagabonder vers une réalité proche et agréable. Même si on ne fait jamais qu’en parler. « Tout ce qui peut nous faire du bien, on le prend ! », lance-t-il.
L’expert conclut en intimant qu’il ne faut surtout pas « avoir honte d’avoir peur », car tout le monde la ressent, au fond, cette crainte incontrôlée. Mais c’est en acceptant ce sentiment naturel qu’on réussit à l’éloigner. « On est tous à se demander où on va demain », rassure-t-il. « A partir du moment où on aura une date finale, les gens ne vivront pas le confinement de la même façon ». En attendant, on profite des instants en solo pour se cajoler. Et on prend soin de ne s’infliger aucune autre pression que celle de faire comme on peut.
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