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Depuis le XVIIe siècle, la ville provençale distille son savoir-faire. La capitale mondiale du parfum fleure bon la réussite !
C’est le bouquet ! Au rythme où vont les choses, le cours de l’essence de Rosa centifolia de Grasse (environ 13 000 euros le kilo) pourrait bien atteindre celui de l’or. Et encore, ce n’est rien à côté de l’essence de jasmin grassois, dont le kilo se négocie à plus de 120 000 euros, presque trois fois le prix d’un lingot. Si Dior, Patou ou Guerlain sont prêts à se ruiner pour ces ingrédients made in Grasse, c’est que leur qualité est incomparable. Question de terroir, mais aussi de savoir-faire.
De la fleur au flacon
L’art de cultiver des fleurs à parfum se peaufine ici depuis le XVIIe siècle. Dès le XIXe siècle, la région devient la plaque tournante du commerce mondial des matières premières de la parfumerie. Dans les années 1930, plus de quatre mille cultivateurs travaillent sur 1 500 hectares pour répondre à la demande. Aux champs s’ajoutent des usines d’extraction, des laboratoires de chimie, des unités de façonnage et, surtout, des nez, qui mettent en musique les senteurs. De la fleur au flacon, Grasse s’occupe de tout. Chanel N °5, Shalimar, Opium, Angel, CK One… La plupart des parfums iconiques sont nés ici.
La ruée vers l’or, rose ou blanc
Mais les fragrances de synthèse coûtent moins cher et, petit à petit, les carnets de commande se vident. Au début des années 2000, le secteur est exsangue. Les champs en friche sont grignotés par l’immobilier. Mais c’était sans compter sur Carole Biancalana, du domaine de Manon. Pour sauver ce patrimoine, la jeune cultivatrice s’allie, en 2008, à des consœurs et confrères, et crée l’association Les Fleurs d’exception du pays de Grasse. Ils ont le nez creux : le public en a assez de s’asperger d’eaux artificielles. Il veut de la traçabilité, du naturel, bio de préférence. L’association part à la reconquête des maisons de luxe. Dior est le premier à se laisser séduire. Aujourd’hui, la marque est l’acheteuse principale de ses roses centifolia, tubéreuses et fleurs de jasmin. La trentaine de producteurs du cru, dix de plus qu’il y a dix ans, peut à nouveau respirer. La ruée vers l’or, rose ou blanc, ne fait que commencer !
Fidèle Chanel
Pas de Chanel N °5 sans rose centifolia ni jasmin grandiflorum de Grasse. Pour garantir la qualité constante de son parfum phare, créé en 1921, la maison s’est réservé une exclusivité : depuis 1987, la famille Mul, à Pégomas, lui réserve la totalité de sa récolte. Un contrat renouvelé tous les dix ans. Assurer son approvisionnement en matières premières d’exception est pour la marque une façon de se protéger des contrefaçons.
Un terroir unique
En parfumerie, le meilleur iris vient d’Italie. Le summum de l’ylang ylang est comorien et le nec plus ultra de la vanille haïtien. La spécialité de Grasse ? Pas une fleur, mais quatre : la tubéreuse, la rose, le jasmin et la fleur d’oranger. La région doit ce trésor à son microclimat unique et à son sol argilo-calcaire protégé de la puissance du mistral en hiver, rafraîchi par les brises iodées de la Méditerranée en été. Coincée entre mer et montagne, cette terre fertile sublime le parfum de ces quatre « grands crus ». Récoltée au bon moment, la rose de Grasse dégage une subtile odeur miellée et poivrée que l’on ne retrouve pas chez ses concurrentes turques, bulgares ou marocaines !
Protection prestigieuse
En 2015, l’association Patrimoine vivant du pays de Grasse a déposé un dossier auprès de l’Unesco. La question a été tranchée en 2018. Les savoir-faire liés au parfum en pays de Grasse sont désormais inscrits au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. De quoi en mettre plein les yeux, et les narines, aux deux millions environ de touristes qui visitent chaque année la cité des parfums.
C’est du propre !
A Grasse sont réalisés 10 % du chiffre d’affaires mondial de la parfumerie. Première exportatrice de parfums au monde, la petite ville des Alpes-Maritimes ne produit pourtant pas que des essences naturelles. La majeure partie de ses ventes concerne des fragrances de synthèse. Celles-ci entrent dans la composition de parfums, mais aussi de lessives, cosmétiques, papiers hygiéniques, déodorants… Mais le naturel revient au galop. Comme en témoigne le succès grandissant des produits cosmétiques bio.
La fine fleur de l’innovation
Depuis ses débuts au XVIIe siècle, l’industrie du parfum grassois cultive son flair. Objectif : s’approcher le plus possible du parfum de la fleur en plein champ. Pour atteindre le Graal, de plus en plus d’usines locales utilisent l’extraction au CO2 supercritique, un procédé révolutionnaire et non toxique, autorisé par les labels bio. Si Grasse ne cesse d’innover, c’est pour protéger son rang de comptoir mondial des matières premières de la parfumerie !
Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Voyages n°24 juin-juillet 2017
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