Depuis qu’on ne peut plus se déplacer ni se rassembler comme bon nous semble, mesures sanitaires obligent, on a trouvé refuge dans bien des occupations et divertissements à distance. Le principal : les réseaux sociaux et tout ce qu’Instagram, Twitter et TikTok ont à offrir en termes de contenus. Parfois enrichissant, parfois drôle, parfois réconfortant (et parfois clairement dénué d’intérêt), Internet permet, l’espace de quelques clics, de s’échapper virtuellement de chez soi pour accéder à une fenêtre sur l’extérieur, ce dont on manque cruellement en ce moment.

L’extérieur, mais aussi la vie des autres. Et c’est bien là que ça coince. Car ces autres, qu’on les connaisse personnellement ou non, on a (très) vite fait de les idéaliser. Pire, de se lancer dans un parallèle nocif bien que pas toujours volontaire entre ce qui compose leur quotidien et a fortiori, le nôtre.

Chaque photo de petit-déjeuner parfaitement arrangé nous renvoie à notre tristounette tranche de pain de mie sans beurre, qu’on trempe à la va-vite dans un café-filtre pas transcendant. Chaque annonce de changement de vie majeur nous rappelle qu’on se sent piégé·e dans la même boîte depuis six ans (et on ne parle pas uniquement du microscopique studio qui nous sert d’appartement). Chaque cliché en amoureux·ses nous ramène à notre relation moisie, chaque escapade entre ami·e·s au fait que ça fait quasi un an qu’on n’a pas quitté Paris.

On souffre – à notre grand dam – d’un cas critique de comparaison digitale. Et ça fait mal.

« Lorsque vous vous comparez, vous ne voyez les choses que sous l’angle de votre expérience, de votre perspective », décrit le psychothérapeute Ruairi Stewart à Stylist. « Vous n’avez pas une image complète du vécu de l’autre ou de la réalité de sa situation ». Le spécialiste ajoute : « C’est l’une des raisons pour lesquelles les réseaux sociaux peuvent être un tel catalyseur. Les gens choisissent de partager avec les autres la façon dont ils souhaitent être vus, il est donc important de ne pas se juger sévèrement quand on regarde leur vie : on ne dispose pas de toutes les informations ». Effectivement.

Pour y remédier, on a tenté une tonne de trucs pas toujours concluants (la preuve). Une detox de quelques jours, l’auto-persuasion, la relativisation, s’affranchir d’une jalousie qui nuit clairement à notre bien-être. Aujourd’hui, on a peut-être découvert une nouvelle façon de s’en défaire : l’oubaitori.

C’est quoi au juste, l’oubaitori ?

D’après le blog dédié à la culture nippone Yamato, l’oubaitori est un « idiome japonais qui vient du kanji pour les quatre arbres qui fleurissent au printemps : le cerisier, le prunier, l’abricotier et le pêcher ». Il signifie que « chaque fleur fleurit à son propre rythme et rappelle que chacun est maître de son propre cheminement dans la vie », poursuit le site.

Cette philosophie invite donc à éviter de regarder si l’herbe est plus verte ailleurs pour mieux se concentrer sur son parcours à soi. Et surtout, à ne pas être trop pressé·e.

« Les bourgeons de ces arbres éclosent les uns à côté des autres, mais tous de manière si différente. C’est pourquoi le concept d’oubaitori est aussi si complémentaire du concept d’ikigai : il s’agit de prendre le temps d’évaluer son propre caractère, ses traits et ses capacités uniques », analyse à son tour le coach Rahul Nayar, qui définit l’oubaitori comme « l’art de ne jamais se comparer aux autres ».

Pour Yamato, ses principes se résument encore par le fait qu’il n’y a « jamais de précipitation pour arriver là où vous pensez devoir être. Il n’y a pas de chemin droit dans la vie et l’oubaitori est un rappel utile pour se libérer de cette pression ». Intriguant et apparemment apaisant.. Maintenant qu’on a saisi, on fait comment pour l’appliquer à notre vie ?

Quelques clés pour l’adopter

D’abord, il est important de revoir notre dialogue interne et de s’adresser à soi-même avec davantage de bienveillance et d’indulgence. Lorsque l’on sombre dans ce genre de schéma toxique mêlant envie et insatisfaction perso, la façon dont on se voit est plutôt négative. Ce réflexe de ne pas se trouver « assez » doit changer. « Pensez à la façon dont vous remettriez en question les certitudes de votre meilleur·e ami·e ou d’un·e proche s’il·elle vous disait qu’il se compare durement aux autres », avise le psy Ruairi Stewart. « Vous leur rappelleriez leurs points forts, alors faites de même pour vous. »

Ensuite, on transpose cette vision plus positive de sa personne dans nos conversations avec les autres. Si l’autodérision a clairement du bon, tant elle aide à dédramatiser pour le meilleur, l’autodépréciation (ou le fait de se critiquer de manière péjorative sans une once d’humour) peut rapidement affecter notre estime de soi et notre résistance à la fameuse comparaison. On n’hésite pas non plus à se souvenir de ses accomplissements, de ses réalisations, des buts qu’on a atteint avec brio, des liens qu’on tisse au quotidien : de tout ce dont on est fier·e, en gros.

Enfin, au lieu d’assimiler les réussites des autres comme un reflet de nos échecs, on s’en sert de source d’inspiration. « Si ces personnes peuvent le faire, pourquoi pas vous ? », lance l’expert. « Naturellement, il peut y avoir des barrières, des obstacles et des défis pour faire bouger les choses, mais cela ne fait pas de mal de croire en soi et d’avoir la motivation nécessaire pour aller plus loin. » Tout un concept à méditer sérieusement, et à suivre sans hésitation.

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