• Redéfinir les critères du beau sur les réseaux sociaux
  • Partager son expérience avec l’acné pour aider les autres
  • Balayer les idées reçues sur l’acné

Si elle peut prendre différentes formes, il est estimé que l’acné touche 6 millions de personnes en France. C’est d’ailleurs le premier motif de consultation chez le dermatologue, car au-delà de l’aspect visible de la maladie, elle implique une souffrance psychologique importante, notamment à cause de tous les clichés négatifs qui l’entourent.

À l’heure des réseaux sociaux et des clichés parfaits d’Instagram, il peut être tentant de cacher son acné. Heureusement, certaines influenceuses ont décidé de montrer la réalité de l’acné afin de normaliser le fait d’en parler. Rencontre avec trois d’entre elles : Louise Aubery, connue sous le pseudo My Better Self, Anne Latuille, alias Acne__positive, et Myriam Ben Souilem aka Myssyjym*.

Redéfinir les critères du beau sur les réseaux sociaux

« J’ai réalisé que cacher mon acné ne changerait rien« , explique Louise, à l’origine du hashtag #OnVeutDuVrai, qui encourage à se montrer telle que l’on est, même si cela implique de poster une photo qui ne correspond pas aux critères du beau sur Instagram. » L’acné et les cicatrices d’acné se voient, pourquoi faire comme si elles n’existaient pas ? C’est une volonté presque militante de rendre le naturel normal à nouveau. »

Même son de cloche pour Anne : « J’ai commencé à montrer ma peau nue en faisant des maquillages de demi-visage pour montrer la réalité du maquillage naturel. Je n’avais pas forcément l’envie de montrer mon acné, mais ça s’est fait naturellement. Et j’ai pu constater très rapidement que ça parlait aux gens. » Elle admet avoir elle-même été aidée par les comptes d’influenceuses américaines ou anglaises qui s’assumaient sans filtres. « Ça m’a fait du bien de voir des gens comme moi, car à l’époque, il n’y avait pas beaucoup d’influenceuses françaises qui se montraient au naturel. Je me suis dit ‘Il faut que je sois ce que j’ai envie de voir’ et j’ai doucement fait évoluer mon compte vers l’acceptation de l’acné. »

L’acné et les cicatrices d’acné se voient, pourquoi faire comme si elles n’existaient pas ? C’est une volonté presque militante de rendre le naturel normal à nouveau.

Sur Instagram, Nicole, auto-proclamée « Reine des Imperfections » (c’est la traduction de son pseudo, theblemishqueen), dévoile sa peau, avec ses hauts et ses bas. Elle ne manque jamais une occasion de rappeler qu’avoir de l’acné ne détermine pas la beauté d’une personne et qu’il ne faut pas s’empêcher de vivre à cause du jugement des autres. Oyintofe Oduyingbo partage quant à elle un contenu hyper positif, entre citations inspirantes et déclarations de self-love.

Partager son expérience avec l’acné pour aider les autres

« Parler de mon acné sur les réseaux, c’était comme ouvrir la boîte de Pandore et l’offrir à toutes les ‘Myriam de 14 ans’ perdues », explique Myriam. « C’est une satisfaction de pouvoir aider les autres comme j’aurais aimé être aidée. Ça permet d’éviter les erreurs et la perte de temps quand on sait qu’à l’adolescence, on construit sa confiance en soi, et que chez les adultes l’acné peut être une barrière sociale. »

« Le fait de savoir que je vais aider d’autres femmes à s’accepter, à réaliser qu’elles n’ont pas à se cacher, que ce n’est pas une fatalité, me pousse à en parler et à me montrer démaquillée », raconte Louise.

Cette volonté d’aider les autres à accepter leur peau telle qu’elle est et à s’aimer est un pilier chez toutes les influenceuses « skin positive« . Cela se traduit par un partage d’expérience sans filtres, le bon comme le mauvais, comme si elles s’adressaient à des amies. Louise a ainsi partagé son expérience de l’arrêt de la pilule et l’impact que cela a eu sur sa peau, avec ce qui n’a pas marché, ce qui a marché et ce qu’elle aurait aimé savoir avant. « Le fait de savoir que je vais aider d’autres femmes à s’accepter, à réaliser qu’elles n’ont pas à se cacher, que ce n’est pas une fatalité, me pousse à en parler et à me montrer démaquillée », confie-t-elle.  

Je prends toujours le temps de répondre et de donner des conseils, mais je ne suis pas médecin, donc je ne peux pas poser de diagnostic.

Nombreuses sont celles qui partagent leurs routines skincare (même si c’est parfois dans le cadre d’un partenariat), donnent leur avis sur les produits et actifs qu’elles testent et/ou partagent leurs astuces makeup.

Ce partage d’expérience n’est toutefois pas sans conséquences : « J’ai conscience de l’impact de mes prises de parole », concède Anne, « Aujourd’hui, on est dans le snacking d’informations et l’acné demande beaucoup plus de nuances. C’est un sujet très complexe, pour lequel il n’est pas possible de donner une solution universelle, et certainement pas par message privé. » La jeune femme explique ainsi faire attention à sa santé mentale, car elle est très sollicitée par messages privés, ce qui peut être source d’angoisses. « Je prends toujours le temps de répondre et de donner des conseils, mais je ne suis pas médecin, donc je ne peux pas poser de diagnostic. C’est pourquoi j’encourage les gens qui me contactent à consulter un.e professionnel.le. »

Quant à Myriam, si elle affirme que son acné « l’a aidée », elle reconnaît également avoir développé un TOC, la dermatillomanie (soit le fait de vouloir à tout prix débarrasser sa peau des impuretés, quitte à se faire mal, ndlr). « Quinze ans plus tard, je n’arrive toujours pas à m’en débarrasser ! »

Balayer les idées reçues sur l’acné

L’acné ? « C’est juste une question de peau sale », « ça se transmet », « c’est pire si on se maquille », « c’est un truc d’ado », « ce n’est pas très grave parce que c’est juste des boutons »… Les idées reçues sur l’acné sont nombreuses et proviennent de personnes qui connaissent peu (voire pas) le sujet, dans la vraie vie comme dans les commentaires haineux sur les réseaux sociaux.

Mieux comprendre sa peau, c’est l’une des raisons qui a poussé Myriam à suivre un cursus scientifique et à travailler dans l’univers pharmaceutique, ce qui lui permet aujourd’hui de « débunker » les mythes liés à l’acné dans des vidéos et des posts partagés sur ses réseaux sociaux. Anne se fait également un plaisir de démonter les clichés sur l’acné, que ce soit au travers de posts souvent teintés d’humour ou de lives Instagram avec des expert;e.s.

Bien entendu, le contenu proposé par les influenceuses spécialistes de l’acné ne remplacera jamais un rendez-vous chez un.e dermatologue, puisque cet.te expert.e de la peau est le.la seul.e à pouvoir réaliser un diagnostic de peau et à apporter des solutions. D’ailleurs, certain.e.s dermatologues sont sur les réseaux sociaux, à l’instar de Dermato Drey, qui consacre de nombreux posts au sujet de l’acné.

Toutefois, suivre des influenceuses positives permet non seulement de s’informer, mais aussi de relativiser et de mieux s’accepter, ce qui est déjà une vraie bouffée d’oxygène au quotidien.

* Toutes trois sont également autrices : Louise Aubery a sorti Miroir, Miroir, dis-moi ce que je vaux vraiment (Éd. Leduc), Anne Latuille a auto-édité Acné Positive, oubliez tout ce que vous savez et Myriam Ben Souilem a écrit Dis adieu à ton acné grâce au skincare ! (Éd. Améthyste Editions).

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