« On me parle de mon physique alors que je m’exprime sur la politique et l’économie. » Salomé Saqué, journaliste pour le média Blast, intervient également sur LCP et dans l’émission 28 Minutes (Arte). Elle a reçu de premiers messages agressifs sur Facebook, lorsqu’elle faisait des vidéos sur le mouvement des Gilets Jaunes. « L’exposition amène automatiquement ce type de commentaires. Menaces de viol, insultes… Le pire, c’est ceux qui ont une obsession sur toi. »
La première vague de haine dont elle a fait l’objet, après qu’elle ait raconté sur Twitter une agression dont elle a été victime dans la rue, l’a paralysée. « Je suis restée au lit pendant trois jours. J’étais au fond du trou. C’est comme si on m’avait dit tous ces messages haineux dans la vraie vie. J’en ai été malade, physiquement. »
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Les femmes et minorités, davantage harcelées en ligne
À ce jour, Salomé Saqué est suivie par des dizaines de milliers d’internautes (83k sur Twitter et 43k sur Instagram). Elle reçoit encore des commentaires minables, sans aucun lien avec le sujet de ses interventions, mais aussi, des menaces de mort ou des messages d’hommes qui disent vouloir coucher avec elle, et au moins un message privé par jour « déplacé ou insultant ».
« Ça ne m’atteint plus autant », jure la journaliste. Si Blast a ses modérateurs, elle bloque et supprime sur son compte personnel à tour de bras. Elle utilise aussi l’application Bodyguard, qui filtre une partie des commentaires insultants. Son credo : ne jamais répondre aux haters. « Je ne veux pas donner de crédit à ces gens-là. Mais on voit bien que c’est le lot des femmes, vraiment. Il n’y a pas de journalistes hommes qui ont ce problème. »
Les insultes les plus régulières vont de ‘hystérique’ à ‘extrémiste’, j’ai aussi reçu des invitations au suicide ou des menaces de viol ou de mort.
Miroir des inégalités et violences sociétales, la haine en ligne touche davantage les femmes et les minorités. En 2020, près de 60% de filles âgées de 15 à 25 ans disent avoir déjà été victimes de harcèlement ou d’abus sur les réseaux sociaux (1). En conséquence, une sur dix a changé sa manière de s’exprimer en ligne. Cinq ans plus tôt, l’ONU tirait la sonnette d’alarme avec ce chiffre alarmant : 73% des femmes ont été confrontées, ou victimes, de violences en ligne.
Face à ce problème massif, la justice tâtonne encore. À ce titre, le documentaire #SalePute (2)est particulièrement édifiant.
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