Autrice, compositrice, interprète, musicienne, productrice, actrice et mannequin belge, Angèle a fait une entrée fracassante dans le monde musical avec son premier album, sorti en 2018, Brol. Le vendredi 3 décembre 2021, elle a sorti son deuxième album, Nonante-cinq.

franceinfo : Votre nouvel album est sorti une semaine avant la date officielle. Un cadeau que vous vous êtes fait le jour de votre anniversaire, mais aussi fait au public qui attendait !

Angèle : Effectivement, je me suis fait ce petit cadeau de le sortir en avance parce que j’en avais envie et que j’avais le temps de le vivre, de profiter de ce moment, vraiment seule, pour me faire un petit kif.

Sur Netflix, on a vu Angèle apparaître dans un documentaire très intimiste. Là, cet album est aussi très intimiste. J’ai l’impression que l’écriture, d’ailleurs vous le dites dans cet album, est un exutoire.

Oui. C’est très important d’avoir cette façon de pouvoir m’exprimer au travers de la musique et c’est un exutoire merveilleux parce que cela me permet de me libérer de certaines émotions, de mes angoisses, de les mettre sur papier, de les chanter.

Vous vous émancipez et dans cet album, il y a beaucoup de vous, de votre parcours, de ce que vous avez vécu, de ce qui vous a fait grandir, avancer. Vous avez démarré aux côtés de votre père, Marka. Dans Bruxelles je t’aime, on pense aux reprises que vous faisiez au début de Dick Annegarn. C’est un clin d’œil à votre évolution, à votre vécu ?

Oui et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi de sortir le single Bruxelles je t’aime en premier. C’était une façon de boucler un peu la boucle bruxelloise, de lui décrire encore une fois mon amour et à ma façon aussi, de pouvoir, effectivement, parler de mes débuts. Ça a commencé sur Instagram, dans les bars à Bruxelles et puis, en fait, je me suis retrouvée projetée à Paris. Aujourd’hui, je fais avec les deux. J’aime les deux villes, mais Bruxelles reste évidemment ma maison.

La musique a toujours fait partie de votre vie avec effectivement cette école d’autonomie que vous avez connue, dans laquelle on enseignait des matières artistiques qui vous ont beaucoup aidées et données envie d’ailleurs, d’intégrer une école de jazz. Ce n’est pas forcément très connu, mais vous avez une vraie formation, une vraie envie, une vraie passion.

Oui ! C’est surtout que mon père est musicien et chanteur et j’avais donc la pression, il était quand même ultra-attentif. Lui est autodidacte. Moi, je faisais du piano classique, j’avais donc ce truc avec lequel il ne pouvait pas trop venir voir ce que je faisais parce qu’il ne comprenait pas trop cette musique.

« J’ai toujours chanté, j’ai toujours fait du piano. »

à franceinfo

Quand j’ai commencé la musique, j’ai vraiment refusé son aide parce que justement, je voulais m’émanciper et puis ce n’était pas la même chose, on n’était pas sur le même registre. Elle était hyper-présente dans ma vie.

Dans les premières parties que vous avez effectuées, il y avait celles de Damso. Il vous a tendu la main très vite. Votre notoriété, après Silence avec lui, a explosé. C’était une évidence qu’il devait apparaître sur cet album ? 

Oui. J’aime bien raconter de belles histoires et je trouve que celle avec Damso était racontée, mais pas jusqu’au bout. On avait collaboré ensemble, mais pas encore sur un titre dansant et qui pouvait vraiment correspondre à nos deux styles. On avait fait Silence, à l’époque, qui était une très jolie ballade, mais dans laquelle j’avais écrit très peu de texte. C’était un peu une sorte d’interlude musical hyperdoux et quand j’ai composé Démons, c’était évident que c’est à Damso que je devais demander.

Vous parlez de cette popularité et dites que depuis que vous êtes exposée, ce n’est pas simple et pourtant, vous parlez de vos sentiments. Par moments, c’est difficile pour vous ?

Ça veut dire aussi que même si ça change tout d’être connue, mais ce n’est pas pour ça que je vais arrêter d’écrire des chansons sur ce que je vis et ressens car je trouve que c’est important de continuer à le faire. Ma façon de survivre, en tous cas mentalement, c’est de pouvoir écrire des chansons. Pouvoir le faire m’enlève une part de ma liberté, mais ce n’est pas pour autant que je vais arrêter de le faire. Je vais peut-être le faire mieux, autrement. Le documentaire m’a permis d’acquérir cette liberté, plus qu’avant.

Vous êtes engagée contre le sexisme, vous soutenez le collectif #NousToutes, qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles. C’est un peu une caisse de résonance à Balance ton quoi, en moins rentre-dedans.

Balance ton quoi était rentre-dedans parce que j’étais encore jeune. Finalement et heureusement, il y avait une part de naïveté en moi qui fait que je n’avais pas conscience de ce que ça allait provoquer, de comment la chanson pouvait être perçue. Je crois que si j’avais su, je n’aurais jamais osé la faire parce que j’aurais eu trop peur, de ce qui m’est d’ailleurs arrivée, du retour négatif des choses.

« La musique est une belle façon de pouvoir continuer à parler des choses qui m’importent, notamment des violences domestiques, conjugales et sexuelles. »

à franceinfo

Quand on s’attaque à un sujet pareil, évidemment, qu’il y a des gens qui ne sont pas d’accord. Je pense que l’idéal serait de pouvoir en discuter et c’est assez inquiétant qu’on ne puisse pas en parler.

C’est un sujet qui me touche énormément parce que je suis une femme et que malheureusement, c’est hyperactuel et dans le quotidien de femmes dans le monde donc, il faut qu’on puisse en parler. Il faut déconstruire toutes les inégalités de genre et je suis persuadée que l’art peut nous mener à ça aussi. 

Angèle sera en tournée à partir du mois d’avril 2022. Avec Reims, le 20 avril, le 5 mai à Toulouse, le 10 à Marseille, etc…

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