Face à la déferlante du variant Omicron, la ministre du Travail Elisabeth Borne appelle les entreprises à passer à 3 à 4 jours de télétravail à la rentrée. Une perspective peu réjouissante pour certains salariés. Et si on s’accordait de petites respirations quotidiennes pour mieux le vivre ?
Réunion Teams à rallonges, horaires élastiques, pause déjeuner oubliée… À force d’expérimenter le télétravail, on en saisit mieux les limites. Et ce qui apparaissait comme une nouvelle façon de travailler plus librement ressemble parfois à un internement. Comment apprivoiser ces journées tunnels où l’on est enchaîné à son fauteuil, sans changement de décor ni pause-café avec ses collègues ? En s’autorisant quelques petits plaisirs qui font du bien au moral et même à la productivité.
«Quand on télétravaille, il est très rassurant d’être en permanence derrière son ordinateur, constate Caroline Loisel, formatrice et coach carrière, qui accompagne l’évolution des relations dans des organisations en transformation. Dans un climat anxiogène et dans cette situation qui est une forme d’isolement professionnel, cette hyper connexion est une sorte de refuge. Mais c’est un trompe-l’œil et aucunement la garantie d’être efficace.» En effet, nous apprend la coach, on n’est pas productif toute la journée, ni de la même façon. «C’est le moment ou jamais de s’écouter et de découvrir quel est son rythme, quels sont les créneaux où l’on est la plus dynamique. Moi, par exemple, c’est de 11 heures à 15 heures : c’est donc là que je vais m’atteler aux tâches plus complexes. Le reste du temps, je me penche sur les dossiers moins compliqués et je me ménage des moments pour moi, sans culpabilité.»
Créer de la surprise
Parmi sa liste de micro-bonheurs ? Prendre un café à la fenêtre dans un rayon de soleil, faire un vrai break à l’heure du déjeuner, aller marcher une demi-heure, converser avec ses voisins eux aussi à la maison, faire un puzzle qui, en exigeant de la concentration, permet de se créer une vraie bulle… «Il suffit de peu de choses pour rassembler toutes nos énergies. De plus, dans un monde, où l’on n’a plus vraiment de projets de vacances, de voyages, ou les rencontres sont limitées, ces parenthèses sont aussi l’occasion de créer de la surprise, qui nous manque tant», complète Caroline Loisel. Et pas question de culpabiliser ! «Ces plaisirs minuscules, non chronophages, structurent les journées, apportent des respirations, permettent de prendre du recul, soutient la coach. Ils deviennent finalement des outils qui nous aident à mieux travailler.» Nous avons demandé à quatre femmes très actives quels étaient leurs petits moments de bonheur quotidiens, qui les aidaient à reprendre leur souffle et à mieux profiter de la vie, tout simplement.
Cécile Lochard : « Déjeuner avec mon fils »
Cécile Lochard, directrice du développement durable de Guerlain. «Deux ou trois fois par semaine, je déjeune avec mon fils lycéen. Je nous commande un repas sur Eatic, une plateforme de livraison qui ne collabore qu’avec des restaurants veggies et éthiques de qualité. Le télétravail m’a permis de découvrir ce bonheur ! Je m’offre aussi une pause spa à la maison. Chaque vendredi matin, avant de me mettre derrière mon ordinateur, je déroule le rituel Abeille Royale de Guerlain avec notamment un masque cataplasme. Un petit geste corporate qui me donne aussi bonne mine. Dans cet esprit, je me suis fait un cadeau : une lampe avec des filtres de couleur que j’utilise pour les réunions Zoom et qui évite d’avoir l’air trop pâle. Cela donne le moral de se sentir bien en visio. Enfin ayant constaté qu’il est difficile de mettre un point final à une journée de télétravail, j’ai sanctuarisé mes mardis soirs. Je m’arrête à 19 heures et je donne sur Zoom un cours de yoga à mes amies. Un vrai moment de plaisir.»
Charlotte Lévy-Frébault : « Des belles choses à portée de regard »
Charlotte Lévy-Frébault, directrice de la communication de l’agence BETC. «Chez BETC nous avions déjà mis en place le télétravail avant la pandémie. J’étais donc déjà un peu rodée au système. Mais depuis le premier confinement, mon compagnon, restaurateur, m’apporte le petit-déjeuner au lit tous les matins. Il a décidé de faire cela spontanément et cela me met de bonne humeur. Ma journée commence bien. Ce qui me fait voir les choses de façon plus positive c’est aussi le cadre que j’ai choisi pour travailler. Je me suis installée dans la salle à manger à un endroit d’où je ne vois que de belles choses : à gauche, je peux admirer par la fenêtre le ciel et la façade d’un bel immeuble. En face de moi, je dispose mes plantes et un bouquet de fleurs. J’ai même mis derrière moi une affiche de la Dolce Vita qui est aussi un joli fond pour les réunions en visio. Tout cela permet à mon regard de s’évader agréablement quand j’en ai besoin : c’est un petit bonheur très accessible ! Tous les après-midis, je m’accorde également une tisane bio au gingembre et au citron. Enfin, j’ai des rituels anti-stress. Dès que j’enchaine trop de réunions, que je sens la tension monter, je m’offre une séance d’exercices de respiration, je visualise des images positives. Cela ne remplace pas les rencontres et les échanges de vive voix mais ça aide à se sentir mieux !»
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Constance Dubois : « Ponctuer sa journée de rituels »
Constance Dubois, directrice marketing et communication des salons Tranoï. «Du matin au soir, je fais en sorte de ponctuer mes journées de télétravail de petits rituels. Tout d’abord, je ne consacre pas mon temps de transport habituels à mes dossiers ! À l’heure où je suis habituellement compressée dans les transports en commun, et alors que mes filles sont à l’école et mon mari déjà derrière son ordinateur dans son bureau, je prends le temps de savourer mon café, d’écouter la radio, de lire des articles en ligne. C’est une demi-heure rien que pour moi. Je n’avais jamais expérimenté cela avant. Cette parenthèse est un cadeau !
À l’heure du déjeuner, je fais également une vraie pause. Je vais flâner une demi-heure dans la librairie à côté de chez moi. Je feuillette des livres, je regarde les dernières parutions. Je vais aussi parfois m’acheter des fleurs ou choisir un bon pain, du fromage. Je me fais plaisir, je vois du monde. Et là aussi c’est une première pour moi ! Autre bonheur inédit : très régulièrement, je dresse la table dans la cuisine pour un déjeuner en tête-à-tête avec mon mari. On rit, on discute, et chacun regagne ses quartiers respectifs plus heureux.»
Séverine Menut : « Se lever tôt »
Séverine Menut, directrice des ventes internationales de Reed Midem. «Je ne sais plus ce que c’est que la vie de bureau. Et j’adore ça. Le matin, je me réveille à 6 h 30 et je débute ma journée en accompagnant mon fils en voiture au lycée. Nous regardons la ville s’animer, tous les deux dans notre bulle commune. C’est très agréable. En rentrant, je fais à pied le tour de mon quartier à Montrouge. Je me mets ainsi au travail pleine d’énergie à 9h30. Je m’accorde évidemment une pause déjeuner et s’il fait beau, je me mets à la fenêtre pour prendre mon café. Ce petit soleil hivernal, juste un peu chaud, c’est vraiment délicieux ! Pendant le premier confinement, j’arrêtais tout à 18 heures pour donner un cours de yoga en zoom. Cela me permettait de retrouver mes amies. Cette initiative amicale a débouché sur un projet puisque je lance mon site de yoga en ligne : Yog@aUm. Lors du deuxième confinement, avant le couvre-feu, j’éteignais mon ordinateur à 18 heures précises, justement pour aller marcher 10 km en compagnie d’une amie. C’était aussi l’occasion de m’arrêter dans de petits restos qui faisaient de la vente à emporter et d’acheter de quoi lancer un apéro en famille, de retour à la maison. C’est moins facile aujourd’hui ! Autre plaisir mis en place avec mes amies : on s’invite régulièrement à travailler les unes chez les autres. On prend nos ordinateurs, on s’installe chacune dans une pièce mais on se retrouve tout de même pour faire des pauses et papoter et pour déjeuner. Ça fait un bien fou !»
Initialement publié le 21 février 2021, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.
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