Qu’est-ce que la kleptomanie ? Quelles sont les causes de ce trouble ? Comment est-il pris en charge ? Le point avec un psychologue.
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Qu’est-ce que la kleptomanie ?
Petit point vocabulaire et étymologie. Le mot » kleptomanie » vient du grec ancien » kleptês » (qui signifie » voler « ) auquel on a accolé le suffixe » manie « . À noter : on peut aussi écrire » cleptomanie « .
Kleptomanie : définition. » La kleptomanie se définit comme une compulsion à voler des objets, explique Antoine Spath, psychologue clinicien. C’est à la fois une manie et une addiction : une manie parce qu’il s’agit d’un mode de défoulement émotionnel ou affectif, et une addiction parce qu’on ne contrôle pas sa tendance à voler, on ne peut pas s’en empêcher. «
À savoir. Dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), le manuel de référence édité par l’Association américaine de psychiatrie, la kleptomanie est classée dans les » troubles du contrôle des impulsions » (DSM-IV).
Selon Antoine Spath, la kleptomanie fonctionne sur la même dynamique psychique que la boulimie : » la personne qui vole est victime d’une impulsion incontrôlable : habituellement, elle n’a aucunement besoin de l’objet qu’elle subtilise. C’est l’acte de voler qui, sur le moment, génère du plaisir, voire du réconfort, une sensation d’être rassuré. «
Problème : comme en cas de boulimie, après l’acte, « il peut y avoir une sensation de culpabilité : la personne se rend compte qu’elle a fait quelque chose de mal et peut se sentir envahie par ce sentiment. «
Kleptomanie : quels sont les signes et qui sont les personnes concernées ?
Kleptomanie : ça se manifeste comment ? On l’a dit : la kleptomanie est une compulsion à voler. » Les personnes kleptomanes volent des objets pour l’acte de voler, pas pour l’objet en lui-même » précise le psychologue clinicien.
Les kleptomanes ne peuvent donc pas s’empêcher de subtiliser des objets, habituellement de faible valeur : clés, crayons, livres, ustensiles de cuisine, nourriture, vêtements… « Quand ils se rendent au supermarché, certains kleptomanes paient leurs courses, mais » oublient » systématiquement de payer un ou deux articles » illustre Antoine Spath.
À savoir. Comme la boulimie, la kleptomanie peut évoluer par » crises » : « il y a des périodes au cours desquelles les personnes kleptomanes vont ressentir le besoin irrépressible de voler » note le psychologue. Ce n’est donc pas forcément un » besoin » permanent. La kleptomanie fonctionne ainsi sur le mode de l’addiction.
Kleptomanie : ça concerne qui ? Si la kleptomanie peut évidemment concerner tout le monde, » c’est un trouble qui est statistiquement plus féminin que masculin, et qui apparaît plutôt chez des personnes qui souffrent de troubles du comportement alimentaire (TCA : anorexie mentale, boulimie…) » remarque Antoine Spath. Sur un plan plus psychologique, la kleptomanie » concerne plutôt des personnes qui présentent un manque affectif : à travers l’acte de voler, elles tentent de combler ou de réparer ce manque, cette cassure de la personnalité « .
Kleptomanie : comment ce trouble est-il pris en charge ?
« C’est le sentiment de culpabilité (voire de détresse) qui peut amener les personnes kleptomanes à consulter un(e) psychologue ou un(e) psychiatre, souligne le psychologue clinicien. En effet, ces personnes sont conscientes de leur impulsion, et elles se savent dans l’illégalité. «
Kleptomanie : quelle prise en charge ? La prise en charge de la kleptomanie passe par une psychothérapie : » grâce à la discussion, le psychologue va s’efforcer d’amener la personne kleptomane à une prise de conscience vis-à-vis de l’origine de sa kleptomanie : on va remonter progressivement à ce manque affectif et le rendre conscient, détaille Antoine Spath. En effet, lorsqu’on sait d’où vient le trouble, lorsqu’on donne du sens à l’acte de voler, on parvient à (progressivement) le faire disparaître. «
Bonne nouvelle : la kleptomanie » se soigne relativement bien : cela dépend des degrés et des personnalités » précise Antoine Spath. Ainsi, lorsque la kleptomanie s’associe à une personnalité antisociale ou à un profil de délinquance (ce qui n’est pas systématiquement le cas !), il peut être question de vols de plus grande ampleur : vols sur des biens de grande valeur, effractions à domicile, vols qualifiés, braquages de magasins… La prise en charge peut alors s’avérer plus complexe.
Merci à Antoine Spath, psychologue clinicien à Paris.
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