- Sa première vie, en Angleterre
- Jane Birkin et John Barry
- Jane Birkin et Serge Gainsbourg
- Jane Birkin et Jacques Doillon
- Jane Birkin, icône pop
- Ses trois filles, Kate Barry, Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon
- L’état de santé de Jane Birkin
On a tous une image de Jane Birkin en tête. Un cliché en noir et blanc, un refrain, une robe ou un accent. La voix douce, aigüe, juvénile de la plus frenchie des artistes britanniques. Jane Birkin, 74 ans, se balade dans nos imaginaires depuis cinq décennies.
Nous sommes les témoins de sa carrière d’artiste et de sa vie de femme, mère, amoureuse.
Sa première vie, en Angleterre
Jane Birkin est née le 14 décembre 1946 à Marylebone, à Londres. Elle est la fille de David Birkin, un officier de la Royale Navy et de la célèbre actrice anglaise Judy Campbell. Elle est issue d’une fratrie de trois enfants, composé de son frère aîné Andrew, et sa sœur cadette Linda. Durant l’enfance, elle passe du temps avec sa mère, qui a mis sa carrière entre pause pour élever ses enfants. Contrairement à son frère et sa sœur, la jeune Jane est très introvertie, souvent dans ses pensées.
À ses 11 ans, âge auquel elle gagne son mythique son singe en peluche Munkey à une tombola, elle intègre un internat sur l’île de Wight avec sa sœur. Une rupture brutale avec sa paisible vie. Les jeunes filles y sont appelées par leur numéro de chambre, elle est le « 99 », et sa petite sœur, le « 177 ». La pré-adolescente cumule les mauvaises notes et a du mal à suivre cette éducation stricte. Elle est moquée pour son physique, ses camarades la surnomment « Half-cast » (moitié fille, moitié garçon), car elle n’a pas de poitrine. Sensibles à son mal-être, ses parents l’encouragent à coucher ses peines sur papier dans un journal intime. À partir de là, débute l’aventure littéraire de toute une vie.
Elle écrit tous ses tracas à Munkey. Munkey a même « dormi à (ses) côtés et a partagé (sa) vie avec John », écrit-elle dans Munkey Diaries, le tome 1 de son journal intime paru en 2018 chez Fayard.
Jane Birkin et John Barry
C’est à 17 ans qu’elle croise la route de ce John. Nom : Barry. Profession : compositeur de musique de film. Elle le rencontre sur les planches, lorsqu’il l’engage en 1965 pour sa comédie musicale Passion Flower Hotel.
Tandis que son frère opte pour la photographie, Jane Birkin décide de se lancer dans la comédie. Elle fait ses débuts au cinéma, dans la comédie Le Knack… et comment l’avoir, réalisée par Richard Lester en 1965. Le film emblématique du Swinging London, une période d’effervescence artistique des années 60, connait un véritable succès.
Jane Birkin enchaîne avec Blow Up de Michelangelo Antonioni, qui remporte la Palme d’or au Festival de Cannes. À 19 ans, la grâce et le style de la jeune femme sont capturés par l’objectif de Jeanloup Sieff pour Harper’s Bazaar.
Jane Birkin et John Barry se marient en 1967 et accueillent leur enfant, Kate Barry. Jane Birkin, « femme au foyer angoissée », de son propre aveu pour Télérama, divorce finalement d’un John Barry infidèle. Direction Paris pour le tournage de Slogan, de Pierre Grimblat. C’est le début du succès de la Britannique outre-Manche.
Jane Birkin et Serge Gainsbourg
Sur le tournage, juste après les soulèvements de mai 68, impossible pour elle de s’entendre avec son partenaire de jeu. Un certain Serge Gainsbourg, d’abord exécrable avec elle. Ils tombent finalement fou amoureux. Les deux acteurs ne se quittent plus.
Rapidement après leur rencontre, le chanteur lui fait écouter Je t’aime… moi non plus, d’abord enregistrée avec Brigitte Bardot, sa dernière amante qui refuse que la chanson sorte, parce qu’elle est mariée. Il lui propose de la reprendre, ensemble. Jane Birkin accepte de poser à son tour sa voix, de gémir au micro, et d’interpréter les paroles crues : « Je vais et je viens/entre tes reins/je vais et je viens entre tes reins et je me retiens. Non ! Maintenant, viens ! »
Scandale à la sortie du disque en 1969, surnommée « année érotique« . Le couple devient mythique. La même année, Jane Birkin joue dans La Piscine aux côtés de Romy Schneider et Alain Delon. Et Jane Birkin, muse ultime de Gainsbourg, son grand amour. Pour elle, grâce à elle, il écrira les plus beaux textes d’amour sur ses plus belles compositions.
Ensemble à la vie et à l’écran, Jane Birkin et Serge Gainsbourg s’aiment dans le thriller Cannabis. De leur amour sous les projecteurs naîtra en 1971 leur fille, Charlotte Gainsbourg. Le couple forme une famille unie avec Kate, installé dans son hôtel particulier de la rue de Verneuil, à Paris.
La comédienne est proactive et alterne musique et cinéma, avec la sortie de son deuxième album Lolita, Go Home et La course à l’échalotte, où elle retrouve Claude Zadi, en 1975.
L’année suivante, Jane Birkin choque dans la première réalisation de Serge Gainsbourg, Je t’aime moi non plus, où elle flirte avec l’ambiguïté des genres, en adoptant un look androgyne. La bande-son du film reste culte à cause de la chanson Ballade de Johnny-Jane. En 1977, elle enregistre l’album Ex fan des Sixties et renoue avec le succès.
Pour la première fois, elle tourne avec Jean-Paul Belmondo dans l’Animal et s’essaye au thriller dans Mort sur le Nil de John Guillermin avec Bette Davis.
Sa passion avec Serge Gainsbourg s’essouffle. Quand Gainsbourg s’oublie pour Gainsbarre, son double destructeur, Jane Birkin le quitte, inquiète et épuisée de devoir sauver de ses démons l’homme qu’elle aime.
Et quant à Serge, même s’il me restait un million d’années à vivre, je ne pourrais jamais plus aimer quelqu’un autant que je l’aime lui
Leur séparation rime avec émancipation. Jane Birkin en 1973 publie son premier album solo Di Doo Dah. Le titre éponyme, qui évoque les changements du corps adolescents, se hisse en tête des charts.
La même année, elle relance sa carrière au cinéma en donnant la réplique à Brigitte Bardot dans Dom Juan 73 de Roger Vadim. L’année 1974 est placée sous le signe de la comédie avec La moutarde me monte au nez de Claude Zidi, aux côtés de Pierre Richard, et Comment réussir quand on est jeune est con, de Michel Audiard.
Jane Birkin et Jacques Doillon
Agnès Varda, Jean-Luc Godard, ou Jacques Doillon, vont tour à tour filmer sa mélancolie. Elle tombe amoureuse de ce dernier, parce qu’il est le parfait contraire du Gainsbarre déchiré. Mais elle aime aussi, encore, Gainsbourg. « Et quant à Serge, écrit-elle dans Munkey Diaries, même s’il me restait un million d’années à vivre, je ne pourrais jamais plus aimer quelqu’un autant que je l’aime lui. » Elle y confie aussi qu’elle rêvait souvent d’un amour à trois.
Jane Birkin se renouvelle en passant des comédies populaires au cinéma d’auteur avec notamment La fille prodigue, réalisé par son compagnon en 1981. Les années 80, l’aideront à se séparer de son image de baby doll, de « muse de l’Autre ». En 1982, elle accueille sa troisième fille Lou Doillon. Elle enregistre en 1983, Baby Alone In Babylone dont les titres toujours rédigés par Serge Gainsbourg, Baby Lou, Les dessous chics deviendront cultes. L’opus considéré comme la plus belle création entre les deux amants est certifié disque d’or.
En 1985, elle s’essaye au théâtre avec la Fausse suivante de Marivaux de Patrice Chéréau. En 1987, énième collaboration entre Serge Gainsbourg et Jane Birkin pour Lost Song. Le 2 mars 1991, elle perd son amour de toujours et son père cinq jours plus tard. En 1992, elle se sépare de Jacques Doillon.
Elle collabore avec des réalisateurs de renom tels que Jacques Rivette pour La Belle Noiseuse (1991), Noir comme le souvenir de Jean-Pierre Mocky (1995) et On connait la chanson d’Alain Resnais (1997). En parallèle, elle s’investit dans la lutte contre le sida et le racisme. Elle participe à plusieurs éditions du Téléthon et aux concerts des enfoirés.
En 1999, elle écrit la comédie dramatique Oh ! pardon tu dormais, mis en scène par Xavier Durringer.
Jane Birkin, icône pop
« Gainsbourg est autant sa créature qu’elle est la sienne », souligne justement la réalisatrice Clélia Cohen, dans son documentaire Jane Birkin, simple icône. C’est elle qui le rhabille dès leur rencontre, le modernise, façonne son image de dandy, bien éloignée de son look adopté jusque là de poinçonneur des lilas.
Jane Birkin, elle, n’a pas besoin de relooking, puisque c’est elle qui lance les tendances. Le panier en osier même à la ville, la mini-robe noire transparente, et même, le style androgyne avec sa coupe garçonne, ses chemises larges, ses tee-shirts unisexe blancs sur des jeans flare.
Chanteuse et actrice au palmarès bien rempli, elle continue à se produire encore aujourd’hui. C’est dans le domaine de la musique notamment qu’elle est encore active. En 2016, elle entreprend une tournée mondiale intitulée Gainsbourg symphonique. En 2020, Jane Birkin continue de se raconter à travers ses écrits cathartiques, notamment dans son nouvel album Oh, pardon tu dormais, auquel le chanteur et compositeur Etienne Daho participe
Ses trois filles, Kate Barry, Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon
Frappée par un cancer, la chanteuse s’accroche à la musique et enregistre À la légère en 1999, Arabesque, avec une compilations de titres de Serge Gainsbourg en 2002, Rendez-vous en 2004 et Fictions en 2006.
Jane Birkin poursuit sa carrière d’actrice et en 2007, elle réalise Boxes. Un an plus tard, elle compose entièrement l’album Enfants d’hiver, la muse s’est métamorphosée en une auteure à part entière.
Je voulais être vue par moi-même, même si je n’étais rien
« Je voulais être vue par moi-même, même si je n’étais rien », résume-t-elle dans Post-scriptum, le second tome de son journal intime qui débute en 1982 par la naissance Lou Doillon, et s’achève en 2013 avec le suicide de son aînée, Kate Barry. Un deuil presque impossible à faire.
Kate Barry était photographe. Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon, elles, n’ont jamais tranché entre la musique et le cinéma. Une famille, une lignée de femmes talentueuses, inspirées d’une seule, qui compile tous les talents.
En 2017, à la suite d’une péricardite aigüe, l’artiste apprend qu’elle est atteinte d’une leucémie, un cancer du sang. Cette fois encore, le soutien de ses filles l’aidera à surmonter cette épreuve.
En 2021, Charlotte Gainsbourg réalise Jane par Charlotte. Ce documentaire, sorti en octobre 2021, suit la vie de Jane Birkin dans sa maison en Bretagne aux côtés de sa fille, alors qu’elles partagent des anecdotes et leurs pensées autour de leur relation.
L’état de santé de Jane Birkin
En 2021, elle a programmé des concerts à la Philarmonie de Paris. Elle sera contrainte de les annuler à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Ce léger AVC l’oblige à annuler d’autres engagements pour la fin d’année.
« Les médecins de Jane Birkin nous informent que suite à son accident vasculaire cérébral, celle-ci doit se reposer jusqu’à la fin de l’année avant de retrouver son public en 2022. Toutes ses activités (dont les trois concerts qu’elle devait donner à la Philharmonie de Paris les 18, 19 et 20 septembre) sont donc reportées à une date ultérieure », expliquait le communiqué.
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