L’ambassade du Mexique en France a demandé jeudi « l’annulation » de deux ventes aux enchères d’art pré-hispanique prévues en novembre. Les diplomates invoquent le risque que du patrimoine mexicain y soit vendu.

Les ventes concernées sont « Archéologie, arts d’Orient & art précolombien », organisée par la maison Artcurial, et « Pre-Columbian Art & Taino Masterworks from the Fiore Arts Collection », mise en place par Christie’s. Les événements se tiendront respectivement les 2 et 10 novembre prochains à Paris.

Des objets estimés plusieurs dizaines de milliers d’euros

Artcurial vendra plus de 40 pièces des cultures mixteca, aztèque, tlatilco et colima, estimées entre 200 et 10.000 euros. Dans son catalogue, Christie’s expose des objets vieux de plus de 1.000 ans, comme un pendentif olmèque estimé à au moins 150.000 euros ou un masque Teotihuacan, fabriqué il y a 1.500 ans, au prix de départ situé entre 20.000 et 40.000 euros.

Le 22 octobre, Mexico exprimait déjà son inquiétude face à ce commerce de son « patrimoine national ». L’ambassade mexicaine juge que « la commercialisation prive ces objets inestimables de leur essence culturelle, historique et symbolique pour en faire des marchandises » et qu’elle « encourage la délinquance transnationale » et le « pillage », indique un communiqué.

La question du rapatriement du patrimoine

En juillet, le Mexique et la France avaient pourtant signé une déclaration d’intention pour renforcer leur coopération dans la lutte contre le trafic de biens culturels. Interrogé jeudi, l’Unesco a indiqué avoir « bien reçu en début de semaine une lettre du Mexique exprimant leur préoccupation ». L’organisme de l’ONU examine en ce moment l’illégalité de la vente de 78 objets par Christie’s.

Depuis quelques années, le Mexique cherche à récupérer son patrimoine historique aux mains de collectionneurs privés. La législation française rend ce rapatriement compliqué. En février, une trentaine d’objets aztèques et mayas ont ainsi été vendus aux enchères un peu plus de 2,5 millions d’euros à Paris, lors d’une vente contestée.

Lundi, le fragment d’une stèle maya du VIIIe siècle ayant échappé de peu à une vente aux enchères a été remis par une collectionneuse française au Guatemala, son pays d’origine. Une demande semblable du Mexique n’a pas abouti, car les œuvres en questions n’étaient pas répertoriées dans son patrimoine national.

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