Les spécialistes capables de nous aider à dépasser les blocages qui nous gâchent le plaisir au lit existent. Mais beaucoup d’idées fausses circulent à leur sujet. Et pourtant…

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C’est a priori une excellente idée de vouloir consulter quand on ne parvient pas toute seule, voire avec son compagnon, à avoir une vie sexuelle satisfaisante. Mais, pour profiter pleinement de cette démarche, commençons par nous débarrasser des représentations erronées que nous pouvons avoir sur les sexothérapeutes. Et il y en a beaucoup…

Il n’est pas prof… mais il attend qu’on « travaille » un peu

Pour la semaine prochaine, vous me ferez trois baisers profonds et deux cunnilingus ! Ne nous attendons pas à ce que le sexologue nous impose des exercices obligatoires, avec notes à l’appui. Nous ne sommes pas dans une école du sexe préparant en six mois à l’obtention d’un diplôme. Mais, si nous avons poussé sa porte, c’est bien pour nous réconcilier avec notre libido. Alors oui, nous allons devoir parler de notre intimité. « Beaucoup de patients sont assez timides lors d’une première consultation. Pas évident en effet, au bout de quelques minutes à peine, d’en être déjà à évoquer une difficulté à jouir ou un souci d’éjaculation précoce », admet la sexologue Valérie Cordonnier. Mais, rassurons-nous, c’est le job de ce professionnel d’encourager une parole libre et de créer un environnement propice à ce type de confidences. « La plupart du temps, le sexologue met en évidence dans son cabinet des objets évocateurs, par exemple des livres portant sur la sexualité, des gravures érotiques, des représentations du dieu grec Priape, des collections de vibromasseurs anciens, etc., poursuit-elle. Ils sont destinés à signifier sans équivoque et en toute élégance qu’en ce lieu, il sera question de sexualité, qu’on est là pour ça. » De quoi toucher l’inconscient et atténuer les résistances.

Il n’est pas magicien… mais il sait de quoi il parle

N’imaginons pas non plus que le sexothérapeute réglera toutes nos difficultés en une séance, d’un coup de baguette magique. Autant savoir que nous allons sans doute devoir le fréquenter un certain temps avant d’observer des résultats tangibles sous la couette. Mais, tout au long de ce chemin, il nous tiendra la main avec bienveillance et nous soutiendra dans les moments de découragement. Une bonne partie de son rôle consistera à nous rasséréner, à nous donner confiance en nos capacités d’évoluer, comme l’explique Valérie Cordonnier : « Avec la plupart des patients, il y a un énorme travail de réassurance à faire pour déconstruire leur certitude d’être « anormaux » ou « inaptes ». La chose que je répète le plus souvent est qu’en matière de sexualité, il n’existe ni normes ni modèles. Il n’y a pas les champions du sexe d’un côté et les « mauvais coups » de l’autre ! Tout est affaire de concordance et d’ajustements entre les partenaires. Et cela, on peut toujours y parvenir pour peu qu’on s’y attelle. » Besoin d’un zeste de motivation supplémentaire avant d’entamer ce parcours ? « En général, quand on réussit à lever un blocage sexuel avec l’aide du sexologue, on se sent ensuite beaucoup plus épanoui dans les autres domaines de sa vie. Car, à coup sûr, on ne sera pas resté à la surface du seul symptôme sexuel et on aura creusé un peu plus profond », poursuit-elle.

Il n’est pas juge… mais il est l’avocat de la bonne entente

Si nous espérons qu’il nous donnera 100 % raison et 100 % tort à notre compagnon, nous serons déçues ! « Un sexologue ne prend pas parti. Pour la simple raison que, lors d’un dysfonctionnement sexuel, il n’y a ni coupable et ni victime mais deux personnes responsables de ce qui se passe – ou ne se passe pas – dans leur intimité », souligne Valérie Cordonnier. En revanche, nous pouvons compter sur lui pour jouer les médiateurs et nous aider à rétablir le dialogue. À trouver les bons mots, hors des reproches et des invectives. Au fond, de quoi avons-nous envie ? Qu’est-ce qui nous pose problème ? « Une fois la problématique bien cernée, le sexologue peut proposer des pistes de réflexion. Par exemple, si l’un préfère le quick sex tandis que l’autre réclame du slow sex avec préliminaires, câlins et romantisme, le couple pourrait sans doute envisager d’alterner ces deux tempos, car les deux ont leurs charmes et, surtout, l’un n’est pas « mieux » que l’autre », avance-t-elle. Comment s’organiser, à quels moments optera-t-on pour l’un ou pour l’autre ? Le sexologue accompagnera le couple même dans cet aspect pratico-pratique des choses. « C’est la seule façon d’obtenir qu’il y ait passage à l’acte », assure-t-elle.

Il n’est pas gourou… mais il peut nous guider

Même si nous n’osons pas l’avouer, nous pouvons être un peu intriguées par le sexothérapeute : c’est tout de même un drôle de métier… Pourquoi s’intéresse-t-il tant aux ébats, ne serait-il pas un peu obsédé ? Tranquillisons-nous, il n’est pas plus névrosé que la moyenne ! « Si j’ai choisi de passer un diplôme de sexologie, c’est parce qu’il s’agit d’une science humaine – au sens littéral du terme – tout à fait passionnante, raconte Valérie Cordonnier. Je m’intéresse avant tout à l’humain et à son épanouissement. Le sexologue n’est pas un love coach, il n’est pas là pour apprendre à faire des fellations ou inciter les patients à des pratiques aux confins de la norme. » Cela ne l’empêchera pas de contribuer à élargir l’horizon sexuel du couple. « Je peux ainsi expliquer à une femme comment pratiquer une technique de relaxation qui diffusera la détente jusqu’au bas du ventre et la conduira à mieux ressentir l’orgasme. Ou à un homme comment se masturber », témoigne-t-elle. Mais nous avons toujours la possibilité de dire stop et de mettre fin à l’entretien si nous nous sentons mal à l’aise.

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